Record de chaleur pour le nouvel an

En 2022, l’État français a été condamné pour « inaction climatique » et avait jusqu’à aujourd’hui pour agir

Chaleur anormale : il va faire jusqu’à 17°C ce samedi 31 décembre 2022 à Paris et à Nantes, 21°C à Pau et 23 dans le Sud-Ouest. Il a fait jusqu’à 24°C à Lanne ce matin, au pied des Pyrénées. À Paris, les normes de saison au mois de décembre ne dépassent pas 8°C et 10°C à Nantes.

Pour ce dernier jour de l’année, nous sommes quasiment 10°C au-dessus des normales. Pas 1, 2 ou 3°C comme le prédisaient les climatologues : une dizaine de degrés ! Les anomalies thermiques de cet été avec les canicules au dessus de 42°C étaient plus spectaculaires mais moins importantes en terme d’écart aux normes. Nous allons vivre le réveillon le plus chaud jamais mesuré en France depuis 1947, une chaleur causée par un courant venu du sud qui nous amène de l’air venu des Canaries.

L’année 2022 est la plus chaude jamais enregistrée en France, elle se conclut par le 31 décembre le plus doux, après un mois de décembre qui est le onzième mois d’affilée au-dessus des températures normales. Cette modification rapide du climat bouleverse les équilibres agricoles, augmente le développement d’éventuels parasites, perturbe les cycles de floraison. Rare point positif, la douceur entraîne une production hivernale de fourrage alors que la sécheresse estivale avait brûlé les sols.

Les stations de ski françaises ont fermé la moitié de leurs pistes. Le réchauffement de décembre a complètement fait disparaître le manteau neigeux de moyenne montagne, notamment dans les Vosges et le Jura. Résultat : un recours massif à l’enneigement artificiel. Mais même ces solutions absurdes ne dureront qu’un temps.

À la douceur hivernale s’ajoute un déficit hydrique alors que nous sommes en hiver. Oui, il a beaucoup plu sur Nantes et la Bretagne ces dernières semaines, mais jusqu’à la fin du mois de novembre les autorités alertaient encore sur la situation des cours d’eau de la région, anormalement bas. Des sécheresses pires qu’en 2022 sont à craindre l’été prochain.

Que fait le gouvernement français ? Pire que rien. Le 14 octobre 2021, la France faisait partie des États condamnés pour inaction climatique dans le cadre du «procès du siècle» à l’initiative de plusieurs ONG. La justice reconnaissait pour la première fois que l’État français avait commis une «faute» en ne respectant pas ses propres engagements de réduction des gaz à effet de serre.

Le tribunal administratif avait fixé une date butoir – le 31 décembre 2022, aujourd’hui, jour de chaleur record – pour que l’État atteigne les objectifs. Il ne l’a pas fait, ni dans les domaines des gaz à effet de serre ou de la réduction de la pollution atmosphérique, ni dans la rénovation des logements ou de la transition énergétique.

Et la fuite en avant macroniste qui veut «compenser» la catastrophe en construisant d’autres centrales nucléaires complexes, dangereuses, ultra-coûteuses et qui ne seront pas fonctionnelles avant au moins 15 ans ajoute du grotesque à la catastrophe.

Malgré les records de ce mois de décembre, nous vivons peut-être l’année la plus fraîche du reste de nos vies. Arriverons-nous à donner chaud aux puissants ?