Violences policières : non-lieu pour le meurtre de Babacar Gueye


La justice sert-elle à autre chose qu’à protéger l’impunité de la police ?


Une nouvelle fois, la justice prononce un non-lieu pour un crime policier… 5 coups de feu mortels avaient été tirés par un policier de la BAC dans un appartement rennais dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015 sur Babacar Gueye, alors âgé de 27 ans.

Un crime raciste, explique sa sœur Awa Gueye : «ils ont décidé de tuer Babacar parce qu’il est noir. S’il avait été blanc, ils l’auraient juste maîtrisé, parce qu’à huit policiers, c’est possible de maîtriser une personne qui est en train de se faire du mal.»

Cette nuit-là, Babacar Gueye était chez un ami, il souffrait d’hallucinations et s’était mutilé. Son ami avait appelé les secours pour lui venir en aide… mais ce sont huit policiers armés qui sont intervenus. Un des policiers tirera à 5 reprises sur lui avant de le menotter. Encore vivant, au lieu de lui porter secours, les policiers l’ont donc entravé. Babacar Gueye décède à l’arrivée des secours dans l’immeuble.

Après plus de 7 ans de déboires judiciaires, durant lesquels la justice a tout fait pour garantir l’impunité de l’auteur du meurtre, le juge d’instruction rend aujourd’hui une ordonnance de non-lieu dans cette affaire… rendant ainsi le policier de la BAC irresponsable pénalement du chef de meurtre. La justice considère que tirer cinq coups de feu sur une personne en souffrance, alors que huit policiers étaient présents, serait nécessaire et proportionné. Légitime défense, encore donc, pour justifier la barbarie policière.

Dès le lendemain de la mort de Babacar Gueye, trois policiers portent plainte pour «tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique». Il n’en fallait pas plus au parquet pour ouvrir une enquête. Une stratégie habituelle de la justice : inverser la culpabilité entre victime et auteur en matière de violences policières, suspecter la violence de la victime pour ensuite justifier la barbarie policière qu’il a subi.

La police judiciaire et l’IGPN concluent rapidement et sans surprise à l’état de légitime défense du policier. Et le parquet classe l’affaire sans suite en 2016. Le couteau que les policiers accusent Babacar Gueye d’avoir porté n’a pourtant jamais fait l’objet d’expertise, et à été détruit «par erreur» en 2018. C’est incroyable comme «l’erreur» se produit systématiquement quand il s’agit de dissimuler ou de détruire des éléments de preuve dans des affaires de violences policières.

Contestant évidemment la légitime défense, la sœur de Babacar n’a rien lâché pour rendre justice à son frère et a relancé l’affaire en déposant plainte avec constitution de partie civile en 2017. Dès février 202, le parquet requiert un non-lieu, puis un second en juillet 2022. Non-lieu ainsi confirmé ce mois de mai 2023 par le juge d’instruction.

De nombreuses incohérences sont pourtant révélées quant à la version des policiers. Les expertises balistiques ont ainsi mis en évidence que les coups de feu n’ont pas été tiré de face, comme il serait nécessaire en cas de légitime défense. Le rapport balistique démontre même que le tireur se trouvait en surplomb de la victime lors des tirs.

Comment peut on imaginer que huit policiers, dont 4 de la BAC aient été incapables de maîtriser quelqu’un, sans avoir à le cribler de balles ?

Cette décision de justice est un choix politique : celui de défendre à tout prix l’ordre établi, raciste et bourgeois, et garantir l’impunité totale d’une police abjecte et criminelle. La partie civile dispose de 10 jours pour interjeter appel de cette décision.

Force et soutien aux proches de Babacar Gueye et à toutes les victimes de violences policières. Ni oubli, ni pardon.

Faire un don à Contre Attaque pour financer nos articles en accès libre.