L’avocat du tueur de Nahel avoue l’impunité policière


En 31 ans à défendre des policiers violents, aucun n’avait encore été envoyé en détention


Laurent-Franck Liénard réajustant son joli costume d'avocat de la violence policière

«En 31 ans de carrière à défendre des cas d’usage des armes, je n’ai jamais eu un client qui parte en détention à l’issue de sa présentation devant un juge». Ce sont les mots de l’avocat du policier qui a exécuté Nahel, dans un communiqué publié sur Facebook.

Cet avocat, c’est Laurent-Franck Liénard. Un défenseur acharné des policiers violents. Il a prêté serment en février 1992, à l’issue d’études en droit des affaires et en ingénierie de la sécurité. Liénard est un être hybride, à la fois avocat, militant et policier. Sa vie entière est consacrée à l’impunité de la police. Officier de réserve de la Gendarmerie, il est aussi instructeur de tir de police, membre de la Fédération Française de Tir, maître instructeur pour le Taser et donne des cours à l’École Nationale Supérieure de la police de Saint-Cyr… Liénard a même écrit un guide destiné aux policiers qui ont tiré sur des personnes, pour donner les conseils afin d’éviter une condamnation. L’ouvrage s’appelle «Force à la loi», et il fait un carton chez les forces de l’ordre. Il est même mis à jour en fonction de l’évolution des lois.

Liénard milite pour le port d’arme généralisé dans tous les corps de répression et arpente les plateaux télé. En mars dernier, à l’antenne, Liénard a par exemple osé : «Les gendarmes à Sainte-Soline me disent qu’ils n’avaient jamais vu des bandes aussi guerrières […] face à une horde sauvage avec des haches c’est vraiment compliqué», ou encore à propos de policiers ayant tenu des propos ouvertement néo-nazis dans des conversations communes : «être raciste c’est autorisé par la loi» et même, pour explique qu’un de ses client aime son métier en le citant : «je veux être policier. Je veux aller interpeller les gens. Je veux pouvoir les étrangler quand ils luttent». Oui, c’est ce qu’il a dit, en plateau, face caméra.

En tant qu’avocat, Liénard a notamment défendu un gendarme ayant éborgné un enfant de 9 ans à Mayotte ! Mais aussi un CRS ayant éborgné avec une grenade un syndicaliste à Paris, un policier ayant tiré au LBD dans l’œil d’un lycéen nantais, des policiers ayant tué en tirant à balle réelle, notamment Aboubacar à Nantes… En décembre 2022, à propos de la mutilation par une grenade d’un syndicaliste, il affirme lors du procès que condamner son client reviendrait à «castrer tous les CRS de France» et estime «on lui en veut, simplement parce qu’il est en bleu, la société a tout à perdre sa la condamnation». Et obtient son acquittement ! Il défendait aussi, en avril dernier, des policiers ayant percuté trois adolescents à scooter à Paris. Des vidéos montraient ces enfants au sol. Parmi eux, une jeune femme de 17 ans qui était dans le coma, et des passants indignés par les actes des agents. Sur BFM TV, l’avocat s’exclamait à propos d’un client : «il n’a fait que son travail».

Bref, Liénard défend depuis 30 ans ce qui se fait de pire dans la police. Les agents les plus violents, les plus indéfendables, les cas les plus accablants. Son cabinet réalise son chiffre d’affaire sur ces cas, c’est son créneau, sa spécialité.

L’avocat ne s’en rend même pas compte, mais lorsqu’il écrit 24h après la mort de Nahel : «je n’ai jamais eu un client qui parte en détention à l’issue de sa présentation devant un juge», il avoue de la manière la plus claire qui soit le niveau d’impunité absolue dont bénéficie la police dans ce pays. Et c’est pour cela que les “quartiers” n’ont pas fini de brûler.

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