La police nantaise et le procureur général menacent de poursuites judiciaires les auteurs d’une fresque contre les violences policières
Hier, mercredi 5 juillet, plusieurs membres du collectif d’artistes engagé-es Black Lines se retrouvaient pour réaliser une grande fresque sur les violences policières et la révolte des quartiers populaires qui ont traversé le pays.
Très rapidement, ce sont plusieurs équipages de police qui débarquent et encerclent les graffeurs. Un échange tendu a lieu entre les artistes et les agents. La police menace : “arrêtez de peindre ou on vous embarque !” Sur le mur blanc, des scènes de violences policières vues ces derniers jours sont représentées. Un lettrage pose la légitime question de savoir si l’État ne serait pas terroriste ? Des policiers meurtriers ont le visage grimé en tête de mort, ou sont caricaturés en animal. Rien de bien méchant ni de répréhensible puisqu’il s’agit d’un mur libre destiné à l’expression de toutes et tous. Les tentatives d’intimidation policière ne prennent pas.
Mais c’en est déjà trop pour les policiers. Les images sur le mur leur sont insoutenables. Les pauvres petits fonctionnaires en uniformes trouvent que la fresque donne une mauvaise image de la police. Que dans les circonstances, ce n’est pas bien. Un agent s’écarte et prend son téléphone. Il est mis en lien avec le parquet de Nantes. Il explique que de dangereux graffeurs sont en train de peindre des policiers en train de commettre leurs exactions quotidiennes.
Au bout du fil, les forces de l’ordre annoncent que Renaud Gaudeul, le procureur général en personne menace de les poursuivre pour outrage et de les faire arrêter si les peintres ne cessent pas tout de suite leur activité.
Rappelons que la caricature de policiers n’est pas nouvelle, de l’Assiette au beurre à Charlie Hebdo, en passant par Hara-Kiri, un exutoire à la brutalité d’un système qui tolérait les critiques de la presse. Sous la Macronie la police finit donc de s’autonomiser de l’État et d’imposer ses désidératas sur chaque parcelles de nos vies.
C’est ainsi qu’à Nantes, toutes voies dissonantes qui osent critiquer la police sont muselées ou étouffées. Le procureur de la république et les policiers ont empêché l’expression picturale d’une juste colère contre l’ordre raciste et meurtrier de la police. Un épisode de censure récurant contre le collectif Black Lines, qui subit régulièrement les intimidations policières pour leurs peintures engagées.
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