Il y a 22 ans : mobilisation historique contre le G8 à Gênes, répression mortelle


Le 20 juillet 2001, Carlo Giuliani était tué par des policiers italiens


En haut : manifestants et policiers se font face à Gênes
En bas : charge de carabiniers tandis que Carlo Giuliani gît au sol

Juillet 2001. Un sommet international rassemble les dirigeants les plus puissants du monde à Gênes, en Italie : c’est le G8. C’est aussi l’occasion pour une immense vague de contestation altermondialiste de se réunir et de manifester. Près d’un million de personnes venues de toute l’Europe et du monde se retrouvent dans la ville, pour un contre-sommet. Des cortèges de tous les horizons, avec de nombreux modes d’action, les plus inventifs comme les plus offensifs, se déploient dans la ville.

Le gouvernement italien de Berlusconi, milliardaire, patron des médias et champion de la droite, répond par la manière forte. Il envoie des bataillons de policiers de choc pour briser physiquement le contre-sommet. Des violences policières extrêmes ont lieu : passage à tabac par centaines, charges incessantes, arrestations de masse. Et même des cas de torture, dans plusieurs commissariats.

Le 20 juillet 2001, un jeune manifestant, Carlo Giuliani, est tué d’une balle dans la tête par un policier italien. L’organisation Amnesty International parle, à l’époque, de «la plus grave atteinte aux droits démocratiques dans un pays occidental depuis la fin de la seconde guerre mondiale».

Aucun policier, aucun ministre, aucun commissaire ne sera jamais inquiété. L’Italie sera pourtant condamnée, quinze ans plus tard par la Cour européenne des droits de l’homme pour n’avoir jamais poursuivi en justice ni identifié les auteurs de violences. Alors qu‘un responsable policier avait publiquement admis des «actes de torture». En parallèle, des peines allant jusqu’à une quinzaine d’années de prison sont prononcées contre plusieurs personnes arrêtées. L’acharnement judiciaire contre les révoltés de Gênes continue, puisque Vincenzo Vecchi, italien habitant désormais en Bretagne, était encore inquiété en 2023 par la justice italienne pour des dégradations. Plus de deux décennies plus tard.

Ce G8 est une véritable tournant dans l’histoire des mouvements contre la mondialisation et le capitalisme. C’est le début de la fin de la grande vague altermondialiste qui montait autour de la planète. On peut considérer l’événement comme l’entrée d’une ère de militarisation et de brutalisation des «démocraties occidentales», brutalisation qui continue aujourd’hui d’aller toujours plus loin.

Depuis, l’Italie n’a pas cessé de s’enfoncer dans la crise politique, et est aujourd’hui dirigée par l’extrême droite. Depuis, le néolibéralisme autoritaire est le régime dominant dans le monde, détruisant les liens sociaux, l’environnement et les contre-pouvoirs. Depuis, les scènes de répression barbare et meurtrières se sont multipliées en Europe et dans le monde, notamment en France.

Ce sommet et sa répression ont tout de même provoqué un choc mondial durant l’été 2001. Choc qui sera vite oublié avec les attentats du 11 septembre, deux mois plus tard, puis par la guerre en Irak, qui accélèrent la bascule vers un système plus violent et des logiques de contrôle toujours plus poussées.

Nous sommes 22 ans après la mort de Carlo Giuliani et les luttes portées par le défunt vivent toujours dans les rues.

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