Des nouvelles de la guerre de classe

Pour célébrer ses «100 jours» d’apaisement, qui ont consisté à déchaîner sa répression contre le mouvement social pour les retraites, à dissoudre les Soulèvements de la terre et à déployer une répression sanguinaire dans les banlieues, Macron a fait un discours sur BFM TV ce vendredi 21 juillet. Il a notamment osé, à l’adresse de ses ministres : «Il faut changer la vie, en vrai». On en oublierait presque qu’il est président depuis 6 ans.
Mais le président a déjà changé nos vies, pour le pire :
Neuf millions de Français étaient en situation de privation matérielle et sociale en 2022, selon une étude de l’Insee publiée il y a quelques jours. Cela représente 14% de la population. C’est un record. Les personnes qui ne «peuvent pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante parmi les treize existants» sont concernées par ces «privations matérielles». Par exemple l’impossibilité de «s’acheter des vêtements neufs», «avoir accès à Internet à domicile» ou «réchauffer suffisamment son logement». En ce qui concerne le chauffage, le rapport relève que «10 % des Français vivent dans un ménage qui n’a pas les moyens financiers» de se chauffer contre 5 à 7 % entre 2014 et 2021. Et la forte augmentation du prix du gaz et de l’électricité va aggraver la situation. Des pans entiers de la population basculent dans la précarité énergétique et l’insécurité sociale.
«Entre 35 et 40% de gens ne partiront pas en vacances cette année» selon des sondages de l’IFOP et du CSA. Parmi ces personnes, 63% d’ouvriers, soit 3 fois plus que chez les cadres. La hausse est respectivement de 14 et 3 points selon les mesures, par rapport à l’an dernier. La première raison invoquée, de loin, est le manque de moyens.
Le Monde a interviewé au début de l’été des travailleurs et travailleuses qui ne peuvent pas partir : une aide-soignante, un cuisinier en centre d’action sociale, un électricien, un maçon… Ces interviews révèlent la souffrance des classes populaires, des boulots de «première ligne». Par exemple, une personne dit qu’il ne lui est plus possible de partir «une semaine dans un camping» faute de moyens, ni même de s’offrir quelques loisirs dans l’été.
Et pour les habitant-es de banlieue c’est la double peine : l’impossibilité financière de partir en vacances l’été se combine avec l’obligation de rester dans des quartiers encore plus difficiles lorsqu’il fait très chaud, et que les infrastructures sont défaillantes.
La consommation alimentaire en chute libre. Selon l’Insee, la consommation de biens alimentaires hors tabac a baissé de 12% depuis janvier 2022, et même de plus de 16% si on compare à la consommation de mars 2020, lorsque les Français faisaient des réserves avant le confinement.
Le niveau d’achats alimentaires n’a jamais été aussi bas depuis la crise économique de 2009, et pourrait même être inédit depuis plus de 20 ans. Un rapport de Circana, un cabinet d’étude sur la consommation, confirme la baisse des ventes de produits de grande consommation, en volume : -6% en moyenne sur l’épicerie sur un an, -3% sur la crèmerie, -1,6% pour les liquides… La population en est rendue à faire des sacrifices pour se nourrir, à réduire ses achats alimentaires. Concrètement, cela veut dire que les plus précaires mangent moins bien, moins équilibré, rognent sur les achats vitaux et doivent consommer des produits de mauvaise qualité et en plus petite quantité. Ce qui est néfaste pour leur santé.
Depuis l’élection de Macron en 2017, les 1 % les plus riches ont bénéficié de la plus importante hausse de pouvoir d’achat selon l’économiste Chloé Lallemand. Et les bénéfices des entreprises du CAC 40 explosent, tout comme les aides d’argent public aux entreprises.
Macron change nos vies. Il applique une guerre des classes, qui détruit la joie, les loisirs et le corps des pauvres, tout en garantissant à la minorité des plus riches de se goinfrer comme jamais. C’est son projet.
Jadis, le slogan « changer la vie » promettait une utopie et des lendemains meilleurs. Avec Macron, c’est la mise en place d’une contre-utopie. Leur futur n’a pas d’avenir, écrivons en un autre.
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