Le coup d’État au Niger rappelle la dépendance française à l’extraction d’uranium
L’uranium qui sert de combustible aux centrales nucléaires ne pousse pas dans les arbres. La France est totalement dépendante des pays qui possèdent ce minerais dans leur sol. C’est le premier mensonge des nucléocrates : «l’indépendance énergétique» n’a jamais existé. La totalité de l’uranium servant aux 56 réacteurs nucléaires françaises vient de l’étranger, importé du Niger, du Kazakhstan, d’Australie… ou de la Russie. Macron, qui veut relancer la filière nucléaire, rendrait donc la France encore toujours plus tributaire des aléas géopolitiques.
Ces derniers jours, le Niger, pays d’Afrique de l’Ouest, a été touché par un coup d’État. L’armée, soutenue par la Russie, y a renversé le président de ce pays sahélien, qui était proche du gouvernement français. Le Niger est un pays aride, une ancienne colonie française, et les putschistes tiennent un discours hostile à l’ancienne puissance coloniale qui trouve un écho légitime dans la population. Le Niger bénéficie d’importantes richesses dans son sol, notamment des mines d’uranium, mais reste extrêmement pauvre à cause de décennies de domination néocoloniale.
Rappelons qu’un tiers de l’uranium utilisé en France provient du Niger. En 2021 et 2022, le Niger représentait près d’un quart de l’uranium importé par toute l’Union Européenne selon Le Monde.
Selon un rapport de l’ONG OXFAM, le Niger représente donc 30% de l’importation d’uranium mais seulement 7% des versements. C’est du néocolonialisme : au Niger, la France bénéficiait d’un minerai peu cher pour ses centrales nucléaires. Le comble, c’est que seulement 13% des Nigériens ont accès à l’électricité. 80% de la population vit en milieu rural et ne bénéficie pas d’accès au courant.
Plus grave encore, l’extraction d’uranium au Niger par l’État français est un désastre humain et écologique. D’immenses collines de déchets radioactifs contaminent les sols et irradient les populations. Les millions de tonnes de déchets rejetés par Orano, le nouveau nom de Areva, vont perdurer des centaines de milliers d’années. Ils contaminent les eaux souterraines et dispersent dans l’air des particules radiotoxiques.
En novembre 2021, des manifestants nigériens s’opposaient à un convoi de l’armée française. Les images diffusées par l’armée montraient les soldats tricolores tirer sur des civils à la fois des grenades lacrymogènes et explosives, les mêmes modèles que ceux utilisées en maintien de l’ordre par la police française, mais aussi avec des fusils d’assaut. La France a longtemps cru qu’elle resterait «propriétaire» des richesses du Niger, mais à force d’abus, de mépris, de vol, le Niger tombe dans l’aire d’influence de Poutine. À présent, une guerre risque d’éclater en Afrique de l’Ouest entre les états qui restent liés aux occidentaux et ceux qui sont désormais proches de la Russie.
“Oui, mais l’uranium du Niger ne représente qu’une part minoritaire de la consommation française”, répondront les lobbyistes du nucléaire. C’est vrai, mais le reste vient notamment de Russie. Le 29 novembre, EDF reconnaissait une livraison d’uranium de retraitement enrichi (URE) russe, car le pays dispose d’usines qui permettent de «recycler» l’uranium déchargé des réacteurs français.
Malgré la guerre et les embargos, notre pays continue de recevoir des livraisons en provenance de la firme Rosatom. «Des dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix containers d’uranium naturel en provenance» sont arrivés par cargo dans le port de Dunkerque en décembre dernier. Au mois de mars 2022, en pleine guerre, la France renforçait même ses liens avec le groupe russe. EDF et Rosatom ont négocié un contrat. La Russie détient 36% du marché mondial d’enrichissement de l’uranium et fournit plusieurs pays européens.
La France importe également de l’uranium du Kazakhstan, ancien pays soviétique, autre État situé dans l’orbite du pouvoir russe.
Autrement dit, le nucléaire nécessite pour fonctionner une gestion coloniale et la mondialisation capitaliste. Même si elle arrêtait de s’approvisionner au Niger, la France resterait dépendante de ces importations de minerais.
L’industrie nucléaire est à la fois dangereuse, polluante pour des millénaire alors qu’on ne sait toujours pas traiter les déchets, mais qui met aussi la France en situation d’assujettissement. Les nucléocrates se moquent des considérations écologiques ou de la menace existentielle que constitue l’industrie atomique. Leur ultime argument est celui de «l’indépendance énergétique» : celui là aussi est totalement mensonger.
Une réflexion au sujet de « «Le nucléaire, c’est l’indépendance énergétique» »
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