Lynchage de Hedi : le policier a tiré parce qu’il «portait une capuche»


Délit vestimentaire ? La défense scandaleuse et raciste du policier qui a mutilé Hedi


Des munitions en caoutchouc sur la crosse d'un LBD

Le 1er juillet, Hedi, 22 ans, rentrait du travail lorsqu’il a subit une tentative de meurtre suivie d’actes de torture par une bande de policiers à Marseille. Un agent lui tirait en pleine tête à seulement 3 mètres de distance. Un tir aussi proche est totalement illégal, surtout dans la tête, et il est surtout mortel. Une balle en caoutchouc d’aussi près a de très forts risques de tuer. Hedi avait ensuite été traîné au sol et passé à tabac avant d’être abandonné dans son sang.

Le policier tireur a été formellement identifié sur quatre vidéos différentes, puis placé en détention provisoire, ce qui est rarissime. Il avait d’abord affirmé aux enquêteurs qu’il ne se «souvenait de rien» ce soir-là, et juré qu’aucun tir de LBD n’avait été effectué. Toute la chaîne de commandement avait couvert les mensonges et refusé de contribuer à l’enquête. De faux PV avaient aussi été rédigés. Sans les vidéos, il n’y aurait jamais eu d’affaire.

Ce jeudi 3 août le policier, soutenu par l’ensemble de la profession jusqu’au Directeur de la Police Nationale et au Ministre de l’Intérieur, réclamait sa remise en liberté. À l’occasion de l’audience, le tireur a changé de version. Selon son avocat, il a en effet tiré au LBD mais sans avoir «la certitude que le tir soit responsable de son état». Les médecins ont du retirer une partie du crane d’Hedi tellement le cerveau était abîmé, mais le tir d’une munition en pleine tête n’aurait rien à voir avec la blessure ! Plus c’est gros, plus ça passe.

Un représentant du syndicat fasciste Alliance osait même sur BFM TV jeudi soir : «La police est sous le choc, un peu abasourdie». Il ne parlait pas de l’état de la victime, mais du maintien en détention du policier criminel. Le même syndicaliste policier déclarait : «certains détails sont apparus, la victime est arrivée capuchée». Salir la victime, encore et toujours. Comme Hedi est irréprochable, il ne reste que l’invention d’un délit vestimentaire pour y parvenir. Le port d’une capuche mériterait donc un tir en pleine tête. L’avocat du tireur, lui aussi, plaidé au tribunal que comme Hedi avait une capuche, «il avait le profil de l’émeutier». Cela n’a pas convaincu les juges.

À quel moment la loi permet-elle de tirer à 3 mètres dans le crâne d’un porteur de capuche, même s’il est «émeutier» ? La peine de mort pour une capuche aurait été réhabilitée en France ? En réalité, Hedi est le survivant d’un crime policier raciste. Les policiers se sont sentis autorisés à le tuer parce que leur victime est d’origine maghrébine. Rappelons que des milliers de policiers ont posé des arrêts maladie illégaux pour soutenir les mis en cause, qui ont été acclamés et bénéficient d’une cagnotte…

Notre pays ressemble à ce qu’il se fait de pire aux États-Unis. L’argument de la capuche avait déjà été utilisé par un vigile, George Zimmerman, qui avait assassiné un adolescent noir non armé en Floride, Trayvon Martin. Lors du procès, le tueur avait déclaré qu’il trouvait Trayvon Martin «suspect» car il avait une capuche. En réalité, le jeune homme était sorti acheter des bonbons. Zimmerman avait été acquitté en 2013. Comble de l’horreur, il avait ensuite mis en enchères son arme à feu, qui avait atteint le prix de plusieurs centaines de milliers de dollars… Racisme et violence armée impunie, et même récompensée, des deux côtés de l’Atlantique.

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