Macron boycotte le sommet sur l’Amazonie

L’Amazonie est en danger. La plus grande forêt tropicale du monde, qui abrite une biodiversité d’une immense richesse avec 10% des espères vivantes de la planète, subit les ravages du capitalisme : les industries de la viande et de l’agriculture intensive s’attaquent à ce poumon vert, dont la déforestation s’est accélérée massivement au Brésil sous le mandat du président d’extrême droite Bolsonaro.

Pour tenter de ralentir le phénomène le nouveau président brésilien, Lula, organise un sommet international dans la ville de Bélem, regroupant les pays d’Amérique Latine couverts par la forêt d’Amazonie, afin de trouver un accord de protection. Lula reçoit les 8 et 9 août les présidents de la Bolivie, de la Colombie, du Guyana, du Pérou et du Venezuela. L’Équateur et le Suriname sont représentés par des ministres. Une première.

Le 2 août, le président du Brésil déclarait : «Je suis très optimiste : c’est la première fois en quarante-cinq ans [depuis la signature du traité de coopération amazonienne, ndlr] que les présidents des pays amazoniens se réunissent pour discuter de l’avenir de la forêt. Pour la première fois, nous allons nous doter d’une politique commune pour l’Amazonie». Et parmi les invités, la France était très attendue. Macron a été invité personnellement par Lula. En effet, la Guyane française, immense territoire grand comme le Portugal, est recouvert à 90% par la forêt. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la plus grande frontière de notre pays est avec le Brésil, et pas avec l’Allemagne ou l’Espagne ! Ce morceau d’Amazonie français est, lui aussi, menacé par les chercheurs d’or et le déboisement.

Pourtant, Emmanuel Macron ne sera pas présent au Brésil. Il n’a même pas jugé utile d’y envoyer des représentants de la Guyane française. Le président de la collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, s’étonnait dans Libération de «ne pas avoir été mis au courant par le ministère ni associé à ce sommet». Les représentants de Guyane sont atterrés. Le territoire a tout intérêt à voir sa voix portée au sommet de Bélem déclarait un élu guyanais.

Pour se justifier, les conseillers de l’Élysée ont répondu à la presse que Macron avait des «contraintes d’agenda». Mais le chef de l’État est en ce moment en vacances au fort de Brégançon. Les communicants précisent aussi que la France sera finalement représentée au Brésil par une ambassadrice qui lira un texte.

En réalité, Macron se moque éperdument de l’Amazonie et plus globalement de la question écologique. En 2017, il qualifiait Guyane «d’île», montrant sa méconnaissance totale de ce territoire d’outre mer. La présence française en Guyane est essentiellement répressive, lorsqu’il fallait jadis installer le bagne de Cayenne, ou lorsqu’il faut aujourd’hui envoyer la police mater la population locale. Le gouvernement a aussi longtemps soutenu des projets extrêmement destructeurs en Guyane, visant à extraire de l’or en dévastant l’environnement au détriment de populations autochtones. Macron a beaucoup plus en commun avec Bolsonaro, ami du lobby de la déforestation, qu’avec le sommet en cours.

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