Un habitant sur 5 disparu suite à l’ouragan, sur fond de guerre civile
Le bilan ne cesse de s’alourdir dans la ville de Derna, au Nord-Est de la Libye. Le maire estime que le bilan pourrait atteindre les 20.000 morts seulement pour cette ville dont la population était de 100.000 habitants avant la catastrophe. Un cinquième de la population. Des quartiers entiers ont été rasés par la déferlante d’eau et de boue. Les images aériennes donnent l’impression d’une ville bombardée.
Derna a subi un ouragan méditerranéen, un «medicane», phénomène rare qui avait balayé la Grèce quelques heures plus tôt. Dans le Nord de la Libye, cet ouragan a provoqué des précipitations d’une puissance inouïe sur une zone habituellement aride. Rien n’y était prévu pour évacuer ces eaux, les absorber.
En quelques heures, deux barrages se sont effondrés, des vagues ont atteint 7 mètres emportant tout sur leur passage. Entre 25 et 45% de la ville a disparu selon l’armée, au moins 30.000 personnes ont été déplacées. Derna est un front martyrisé de la guerre climatique.
Ce que les médias ne disent pas, c’est que cet événement est multifactoriel. Il est climatique mais surtout politique voire militaire.
En 2011, une coalition menée par la France bombardait la Libye, officiellement pour faire tomber le régime de Kadhafi. Opération «humanitaire» destinée à «soutenir la démocratie» ? Pas du tout. Sarkozy éliminait ainsi le dictateur, qui était un ancien ami devenu gênant. Après avoir défait Kadhafi, les occidentaux ont laissé ce riche pays d’Afrique du Nord en ruine, livré aux guerres civile et aux factions, tiraillé entre diverses influences impériales.
Le chaos règne donc depuis plus de 10 ans. La Libye est séparée en territoires dirigés par des seigneurs de guerre et des bandes terroristes, avec des marchés aux esclaves.
Dans de telles conditions de chaos militaro-politique, impossible de faire face aux risques climatiques.
Derna nous rappelle que nous ne sommes pas égaux face à la catastrophe climatique, et que les pays pauvres, déjà affaiblis par les guerres, avec des populations démunies, en souffriront de plein fouet.