Macron piétine la laïcité tout en méprisant le message du pape


«Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles»
Saint Luc


Macron embrassant le chef de l'Église catholique
En sous-titre : "Macron piétine la laïcité, mais écoutera-t-il le message anticapitaliste et pour l'accueil des réfugiés du pape François ?"

Ce samedi 23 septembre, le pape François vient à Marseille, où il célébrera une messe publique après avoir arpenté les rues de la cité phocéenne. Macron, toujours en première ligne pour prendre la lumière, annonce qu’il assistera à la messe géante au stade Vélodrome. Le président a même sollicité «un entretien privé avec le pape» qui «ne fera l’objet d’aucune déclaration ou communiqué». S’agit-il d’une confession pour tous ses pêchés ?

Quoiqu’il en soit, Macron piétine ainsi allègrement la laïcité. Pourtant, la séparation de l’Église et de l’État est un principe simple : la politique n’a pas à interférer dans le fait religieux et inversement. En contrepartie, tous les croyants sont assurés de pouvoir pratiquer leur culte en paix et doivent être protégés par l’État. Nous en sommes très loin avec la persécution que connaît la communauté musulmane, avec ce gouvernement qui pousse la paranoïa jusqu’à mesurer la longueur des robes de lycéennes. Ce qui n’a rien de «laïc», quoiqu’en dise les médias. De même, la venue d’un Président de la République dans une grande cérémonie catholique est un mépris évident de la laïcité, et un recul politique. La définition de la laïcité par le pouvoir est décidément à géométrie très variable.

Pour autant, derrière cette mise en scène gênante, Macron va-t-il écouter le message du pape ? Car le chef de l’Église catholique compte faire un discours sur les migrations. Et le Pape François a déjà qualifié la Méditerranée de «cimetière», dénonçant les politiques d’expulsions et qualifiant les naufrages de réfugiés de «plaie ouverte dans notre humanité». Plaie à laquelle contribue sans retenue le gouvernement français, qui compte même faire passer une nouvelle loi contre les immigrés prochainement.

En 2021, pendant la crise sanitaire, le pape François tenait un discours anticapitaliste : «Ce système, avec sa logique implacable du profit, échappe à tout contrôle humain». Il dénonçait le «pacte non signé, mais inconscient, entre l’égoïsme des forts et le conformisme des faibles». Le but de son appel était de saisir l’occasion de la crise sanitaire pour mettre fin aux inégalités sociales, en finir avec un monde «où la culture du privilège est un pouvoir invisible et indestructible et où l’exploitation et l’abus sont une méthode habituelle de survie». Il allait même plus loin en refusant un éventuel retour à la normale, se disant «inquiet» du retour de «la même structure socio-économique qu’avant la crise», qu’il a qualifiée de «suicidaire», d’«écocidaire» et de «génocidaire». Un discours considéré «d’ultra-gauche» par la police française !

Lors de ses nombreuses interventions, le souverain pontife a aussi appelé ses confrères religieux à «ne jamais utiliser le nom de Dieu pour fomenter des guerres ou des coups d’État». Dans des exhortations prononcées en 2013, après son élection, il dénonçait «une économie de l’exclusion» ou encore «l’idolâtrie de l’argent», «l’argent qui gouverne au lieu de servir». Il disait également : «Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale».

La communauté catholique française est pourtant très marquée à droite. Elle est aussi bien éloignée du message originel du Christ, qui était un homme révolté contre les autorités de son époque et serait probablement mis en garde à vue s’il redescendait en France aujourd’hui. Jésus et ses premiers disciples étaient radicalement anti-militaristes – ils refusaient de toucher une arme –, défenseurs des démunis et opposés aux possédants et aux marchands du Temple.

Marion Maréchal Le Pen, figure de l’extrême droite, déclarait ce jeudi 14 septembre à la télévision : «Je suis en désaccord avec le pape François. Je trouve que le pape François n’a pas à faire de la politique et qu’il en fait trop», gênée par l’appel du religieux à accueillir les réfugiés. Cette responsable du parti Reconquête se prétend pourtant farouchement catholique et défenseuse des valeurs «traditionnelles».

En clair, les catholiques français ne respectent pas les propres textes fondateurs de leur foi. Ils utilisent la religion pour prôner un «choc des civilisations» et opposer les communautés, ce que n’a jamais fait Jésus. En revanche, pour secourir ceux qui n’ont rien ou accueillir ceux dans le besoin comme l’a fait leur messie, ils sont aux abonnés absents. Pire, la droite française qualifierait les apôtres de wokistes. Saint Paul écrivait que «la racine de tous les maux est la soif d’argent». Et dans l’évangile de Saint Luc : «Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles».


Quant à Macron, il méprise autant la laïcité que les messages du Pape.


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3 réflexions au sujet de « Macron piétine la laïcité tout en méprisant le message du pape »

  1. Je ne suis pas du tout d’accord avec la façon de désigner le discours du pape comme anticapitaliste : une critique des excès du système sans sa remise en cause ni le moindre appel à sa suppression, c’est
    juste de l’hypocrisie et se donner bonne conscience. En fait s’attaquer en apparence aux plaies et aux crimes du capitalisme sans
    considérer qu’il faut le supprimer revient à soutenir le système en
    suggérant qu’il est amendable.

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