Grèce : tué parce que l’équipage l’a pris pour un « pakistanais »

Une société fasciste, c’est une société déshumanisée au point que la vie n’a plus de valeur, que la solidarité n’existe plus. Une société où la vie des personnes marginalisées ne compte pas. Où l’on peut tuer un exilé, un pauvre, un contestataire.

Il s’appelait Antonis Karyotis, il avait 36 ans. Le 5 septembre, il s’apprêtait à monter dans un ferry de la compagnie Blue Horizon dans le port d’Athènes. Arrivé en retard, il a tenté de monter dans le bateau au dernier moment, alors que la rampe était encore abaissée. Mais des membres de l’équipage l’en ont empêché, le faisant tomber dans l’eau tourbillonnante, brassée par l’hélice du navire. L’équipage l’a regardé se débattre dans dans le vortex sans lui venir en aide, le ferry est parti du port comme prévu. La scène, entièrement filmée, avait provoqué l’indignation.

Le corps sans vie d’Antonis Karyotis avait été retrouvé peu après.

Depuis, les extrait des conversations enregistrées par les systèmes à bord du ferry ont été rendues publiques. On y entend le capitaine dire «Je croyais qu’il n’avait pas de billet. Je pensais que c’était un Noir, un Pakistanais… Il était assis là, à tourner en rond, mais il ne m’a pas montré son billet. Il m’a juste dit : je vais voyager». Un autre membre dit à ses collègues de «toujours avoir une chose à l’esprit : on ne dit pas ce qu’on a vu et entendu».

Quatre personnes ont été arrêtées. Le directeur de la compagnie de ferry et le ministre de la marine marchande ont démissionné. Les marins du pays sont en grève afin d’exprimer leur solidarité envers la famille du défunt.

Antonis été tué parce qu’il a été pris pour un exilé. Parce cet homme grec avait la peau matte. Et s’il avait été sans-papier ? Si effectivement l’équipage avait jeté à l’eau un «noir» ? Cela aurait-il provoqué la même indignation ? Comment ces hommes ont-ils pu en noyer un autre avec une telle simplicité ? Était-ce la première fois ?

L’ancien ministre de la marine avait déclaré à la télévision : «Il y a ceux qui pleurent la victime et ceux qui pleurent les gens qui travaillent pour un salaire… et qui sont maintenant accusés de meurtre». Inhumain.