Téléfascisme

Ce 29 septembre, sur la chaîne de Bolloré, Pascal Praud aborde le sujet des puces de lits. Voilà ce qu’il fait mine de demander : «Est-ce lié à l’hygiène ? Je vais poser toutes les questions : il y a beaucoup d’immigration en ce moment. Est-ce que c’est des personnes qui n’ont pas les mêmes conditions d’hygiène que ceux qui sont sur le sol de France qui apportent ? […] Est-ce que c’est lié à ça ?»

«Absolument pas» répond un spécialiste du sujet.

Un dérapage de la télé d’extrême droite, un de plus. Une façon de lier un sujet d’actualité à l’immigration. Sans doute. Mais attardons-nous sur les sous-entendus de Pascal Praud. Il s’agit ici d’un discours fasciste, au sens historique. L’assimilation de l’étranger ou du juif à une maladie ou un insecte était, littéralement, une pratique nazie destinée à justifier le génocide.

L’historien Johann Chapoutot décrit le phénomène dans un article sur l’imaginaire médical et le discours sanitaire nazi : «Les pratiques de marquage et de parcage de la population juive s’inscrivent dans un imaginaire médical qui leur donne sens et justification : le soldat, le SS et le policier allemand agissent en médecins contre un danger de nature pathologique». Un médecin nazi écrit alors que «les ghettos juifs y constituaient de véritables foyers d’épidémies».

Un «nuisible» est destiné à être écrasé. Et par métonymie, celui qui apporte l’insecte ou la maladie devient lui-même un nuisible. Les ghettos étaient conçus pour confiner la population juive du reste de la société. Dans les camps, être malade ou avoir des poux menait directement à l’exécution. Au Moyen-Age, les juifs étaient déjà accusés de propager la peste et étaient massacrés pour cela.

Plus récemment, au Rwanda, on appelait les Tutsis des serpents ou des cafards. Une pratique de déshumanisation qui a rendu possible le génocide. De même, lors des révoltes suite à la mort de Nahel, les syndicats policiers parlaient de «nuisibles» à propos des banlieues.

Les mots sont importants. Les médias d’extrême droite insinuent quotidiennement le poison du racisme et préparent les esprits au pire.