Automne 1936 : l’Espagne est en guerre civile et en révolution. Guerre suite au coup d’État militaire du général fasciste Franco, avec des affrontements terribles entre les défenseurs de la République et les troupes franquistes soutenues par les forces nazies venues d’Allemagne et fascistes d’Italie. Révolution, car les anarchistes appliquent sans attendre un projet libertaire et anticapitaliste dans les zones antifascistes.
Buenaventura Durruti, ouvrier anarcho-syndicaliste à l’engagement sans faille depuis de longues années, a pris la tête de colonnes antifascistes.
Il est interrogé par un journaliste au début du mois d’octobre 1936, qui lui dit que même si le camp antifasciste gagne le combat, «vous resterez assis sur un monceau de ruines.»
Durruti répond : «Nous avons toujours vécu dans des taudis et dans des trous dans les murs. Maintenant, nous allons savoir comment nous adapter. Par ce que, vous ne devrez pas l’oublier, nous savons également construire. Ce sont les travailleurs et travailleuses qui ont bâti ces palais et ces villes. Ici en Espagne, en Amérique, partout.
Nous autres nous pouvons construire à leur place, et en mieux ! Nous ne sommes pas effrayé-es le moins du monde par les ruines. Nous allons hériter de la terre, cela ne fait pas le moindre doute. La bourgeoisie peut détruire et ruiner son propre monde, avant de quitter la scène de l’histoire. Nous transportons un monde nouveau, ici, dans nos cœurs. Ce monde grandit maintenant.»
Presque 90 ans plus tard, le capitalisme ensauvagé sème la guerre et ravage la planète. Il risque bien de ne nous laisser que des ruines. Nous avons toujours un monde à inventer.