Comprendre le conflit colonial
C’était il y a 28 ans jour pour jour, cela paraît un siècle. Il est 21h30 à Tel Aviv le 4 novembre 1995. Une grande manifestation pour la paix vient de réunir 100.000 israéliens et israéliennes. L’ambiance est à la fête.
Le premier ministre israélien Yitzhak Rabin est intervenu pour parler de l’accord d’Oslo, signé deux ans plus tôt, qui promettait enfin une paix juste et durable au Proche-Orient.
En 1993, le premier document de paix jamais conclu entre Israéliens et Palestiniens était signé par Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, chef de l’Organisation de Libération de la Palestine. C’était un immense espoir, après des dizaines d’années de conflit armé. L’année suivante, Arafat était revenu en Cisjordanie après 27 ans d’exil forcé. Il avait alors monté un gouvernement autonome sensé mener, progressivement, à l’indépendance et à la création d’un État palestinien souverain. Rabin et Arafat avaient tous deux reçu le prix Nobel de la paix.
Nous sommes donc deux ans plus tard, le 4 novembre 1995. Le dirigeant israélien retourne vers son véhicule après son discours. Entre les gardes du corps, un homme armé d’un pistolet semi-automatique surgit, tire trois balles dans le dos de Rabin, qui meurt peu après.
Le tueur, Ygal Amir, est un militant fasciste israélien, qui adhère aux franges radicales du sionisme religieux. Tuer Rabin est une façon de saboter le processus de paix, «au nom de Dieu».
Un peu plus tôt dans la soirée, le premier ministre israélien avait promis : «Rien n’arrêtera le processus de paix». «La violence s’attaque à la base de la démocratie israélienne. Elle doit être condamnée et isolée. Ce n’est pas la voie de l’État d’Israël. Le peuple israélien veut la paix, il soutient la paix».
Qui est derrière l’assassinat de Rabin ? Après les accords d’Oslo, la droite et l’extrême-droite israélienne, menées par Benjamin Netanyahou, avaient organisé des campagnes de presse et des manifestations tendues contre le processus de paix, et s’étaient violemment attaquées au Premier Ministre de l’époque.
Netanyahou, à la tête du parti du Likoud, le grand parti de la droite israélienne issu de courants inspirés du fascisme européen, n’a jamais voulu la paix avec les palestiniens.
Après l’assassinat d’Yitzhak Rabin, un million d’israéliens lui rendent hommage devant le parlement, et veulent croire que le processus de paix ira tout de même à son terme. Cela n’est jamais arrivé. Des élections anticipées vont même donner la victoire à Benjamin Netanyahou, qui n’a jamais lâché le pouvoir depuis.
En 2023, les camarades de l’assassin de Rabin, les colons racistes et les sionistes religieux n’ont jamais été aussi puissants. Certains sont même ministres au gouvernement et ont tout fait depuis des mois pour précipiter la guerre totale et le nettoyage ethnique de Gaza.
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