Fanatisme pro-Israël : une exception française


Les interdictions de manifester, les torrents de diffamations, la chasse aux sorcières, les accusations de «terrorisme» et «d’antisémitisme» pour avoir défendu la Palestine ne sont pas la norme en Europe. Dans les démocraties occidentales, la situation est très différente du climat affolant qui règne en France.


ESPAGNE

Dans ce pays où évidemment aucune manifestation pour la Palestine n’a été interdite et où l’idée n’a même jamais été envisagée, le Premier ministre Pedro Sánchez a exigé ce mercredi un «cessez-le feu immédiat» à Gaza et appelé Israël à mettre fin à la «tuerie aveugle de Palestiniens», lors de son discours d’investiture devant la Chambre des députés, estimant que «le droit international humanitaire aujourd’hui n’est clairement pas respecté».

Il a expliqué que son «premier engagement» avec le nouveau gouvernement serait d’«œuvrer en Europe et bien sûr en Espagne pour reconnaître l’État palestinien».

En 2014, le Parlement espagnol avait adopté à la quasi unanimité une résolution non contraignante appelant à la reconnaissance de l’État palestinien.

La ministre espagnole des Droits sociaux Ione Belarr avait déjà appelé mercredi le gouvernement à suspendre les relations diplomatiques avec Israël en raison du «génocide planifié» du peuple palestinien commis par Israël. En France, ces propos seraient inimaginables, même dans l’opposition, et de la science fiction au sein d’un gouvernement. Ils seraient même sans doute poursuivis.

BELGIQUE

Dans les pays occidentaux, les ambassades israéliennes mettent la pression aux élus pour diffuser le film de l’attaque du 7 octobre, monté par l’armée israélienne.

Un phénomène inédit dans l’histoire : imposer à des représentants politiques étrangers le visionnage de vidéos atroces montées par une armée en guerre. La France a accepté, la Chambre belge a refusé.

L’ambassadrice d’Israël en Belgique avait demandé au Parlement belge de diffuser ce film, mais Elian Tilleux, présidente de la chambre, a répondu que les représentants des partis belges ne sont pas parvenus à un consensus. Il ne sera pas projeté.

Il y a quelques semaines, le bourgmestre de Bruxelles interrogé par BFM dénonçait les interdictions de manifestation pour la Palestine en France, et estimait que c’était impensable dans la capitale Belge. «Ici, il n’y a pas de jugement de valeur» disait-il. Ce qui lui avait valu un torrent d’insultes de la fachosphère française.

La gauche belge du Parti des Travailleurs Belges n’hésite pas à qualifier Israël d’État «terroriste» au Parlement, sans pour autant être traînée dans la boue. Bref, il reste un semblant de débat démocratique, les désaccords sont encore autorisés.

En Belgique francophone, l’extrême droite est presque inexistante. Pour cause, ils n’ont pas de Cnews, BFM ou LCI. Chez nos voisins, un «cordon sanitaire» médiatique empêche l’extrême droite de monopoliser le débat. Résultat ? Un climat politique respirable, bien différent de la France.

ANGLETERRE

La ministre de l’Intérieur a été virée lundi 13 novembre, car elle avait critiqué la police de Londres, lui reprochant d’autoriser une manifestation pro-palestinienne. Une «marche de la haine» selon elle.

Cette phrase vous paraît surréaliste voire incompréhensible ? On réexplique. La ministre de droite voulait interdire la manif pro-palestinienne, et la police de Londres a REFUSÉ de lui obéir, estimant qu’elle n’avait pas de motif juridique pour s’opposer au rassemblement. Et comme la ministre a ensuite critiqué la police, elle a été éjectée.

Oui, c’est encore une fois impensable en France. Une police qui respecte le droit de manifester, qui refuse des consignes absurdes, et une ministre qui démissionne pour cela ! Ici, les ministres peuvent se comporter comme des mafieux et piétiner toutes les règles les plus élémentaires ou mentir comme des arracheurs de dents sans aucune conséquence.

La presse anglaise est par ailleurs choquée de la «marche contre l’antisémitisme» en France, qui a rassemblé les macronistes et l’extrême droite. La BBC écrit que «l’extrême droite d’aujourd’hui, rebaptisée “droite dure” ou “droite nationale”, a en France oublié son obsession pour les Juifs et le prétendu “lobby juif”. Son objectif principal se concentre désormais sur les trois I – l’immigration, l’insécurité et l’islamisme – sur les questions sur lesquelles il trouve une cause commune avec de nombreux Juifs».


Les journaux allemands et italiens ont aussi fait part de leur émotion et voient dans une telle marche la normalisation de l’extrême droite en France. Une évidence, mais il n’est pas permis de le dire dans les médias français.

Ces quelques exemples permettent de souligner que ce qui a lieu en France n’est pas une fatalité. Notre pays est une exception dans le fanatisme pro-israélien et dans l’avancement du fascisme.

Dans une démocratie, on n’accuse pas de terrorisme le premier parti de gauche, on laisse les gens manifester, le parti au pouvoir ne soutient pas «inconditionnellement» un génocide et les médias ne sont pas contrôlés par des milliardaires d’extrême droite. Mais la France n’est plus une démocratie depuis longtemps.

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