Israël frappe au Liban : vers une escalade mondiale ?


Quelques éléments pour comprendre la gravité du moment


En ce deuxième jour de l’année 2024, la situation mondiale ne cesse d’empirer. En début de soirée, Israël a frappé Beyrouth, capitale du Liban, pour la première fois depuis 2006.

Un drone israélien a fait exploser tout un périmètre situé dans la banlieue sud de Beyrouth, connu pour être un fief du Hezbollah, mouvement armé libanais, et du Hamas. C’est aussi un quartier densément peuplé de civils.

Au moins 6 personnes ont été tuées dans cette frappe, dont Saleh el-Arouri, un dirigeant du Hamas. L’explosion a également détruit les voitures et mis le feu à des bâtiments. Saleh el-Arouri était l’un des principaux négociateurs du dossier de la libération des otages détenus par le Hamas.

Israël vient donc de bombarder la capitale d’un pays voisin qui n’est pas en guerre, et qui respecte depuis 3 mois les injonctions occidentales à ne pas entrer dans le conflit. Il s’agit donc d’une agression militaire et de terrorisme d’État sur le sol d’un pays non belligérant.

Vous ne saisissez pas la gravité de la situation ? Imaginez qu’un État arabe revendique une frappe militaire sur Tel Aviv pour tuer des hauts gradés israéliens : cela provoquerait l’intervention immédiate des États occidentaux et une guerre mondiale. Voilà la provocation israélienne. Par cet acte, l’État colonial cherche visiblement un embrasement de toute la région, voire une guerre engageant des troupes de nombreux pays du monde.

Le Hezbollah et l’État libanais sont restés globalement passifs depuis le 7 octobre, mais avaient prévenu qu’une attaque sur leur sol serait une ligne rouge à ne pas franchir. C’est chose faite. Et cela s’ajoute aux tirs répétés d’Israël sur la frontière libanaise.

Depuis octobre, plus de 150 personnes ont été tuées par Israël le long de la frontière libanaise, dont plus d’une douzaine de civils, parmi lesquels trois journalistes. Ainsi, la tension était déjà très élevée.

Il y a quelques jours un journaliste d’Al Jazeera, Ali Hashem, expliquait déjà que «les avions de guerre israéliens ciblaient des villes […] très éloignées de la frontière». Israël cherche à faire de la région une zone de guerre.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, celui qui promettait dès le mois d’octobre de «tout éliminer» à Gaza, a déclaré en début de semaine dernière : «Nous sommes dans une guerre à plusieurs fronts. Nous sommes attaqués sur sept fronts : Gaza, le Liban, la Syrie, la Judée et la Samarie [le nom donné à la Cisjordanie par les fanatiques sionistes], l’Irak, le Yémen et l’Iran».

Il a ajouté jeudi: «C’est la fin de l’ère des conflits limités», poursuivant : «Nous avons fonctionné pendant des années en partant du principe que les conflits limités pouvaient être gérés, mais c’est un phénomène qui est en train de disparaître. Aujourd’hui, il y a un phénomène notable de convergence des arènes».

Derrière cette attaque du Liban, la cible suivante est l’Iran, grande puissance de la région peuplée de 90 millions d’habitants sur un immense territoire, et ennemi juré des États-Unis.

Le ministre de la défense israélien a déclaré: «L’Iran est la force motrice de la convergence des arènes. Il transfère des ressources, une idéologie, des connaissances et une formation à ses mandataires». Pourtant, pour le moment, l’Iran se contente d’observer et de faire des menaces verbales, craignant d’engager ses forces et de provoquer une attaque des USA et donc une guerre dévastatrice.

Israël tire aussi sur la Syrie. Le général de brigade iranien Seyed Razi Mousavi y a été abattu il y a quelques jours et des infrastructures stratégiques comme les aéroports y sont bombardés depuis des mois.

En parallèle, les USA ont déployé leurs forces navales en Méditerranée, qui s’ajoutent aux milliers de soldats déjà stationnés au Moyen-Orient. Depuis le 7 octobre, les forces américaines ont elles-aussi mené de multiples frappes en Syrie et en Irak contre des milices alliées à l’Iran. Les USA sont également engagées en Mer Rouge contre les rebelles Houthis du Yemen, qui mènent des actions pour soutenir la Palestine. Ici encore, un possible embrasement international menace.

L’État colonial et son allié états-unien multiplie donc les provocations contre plusieurs pays de la région, et une nouvelle étape est franchie avec cette frappe sur Beyrouth. Le gouvernement d’extrême droite en plein délire messianique semble vouloir entraîner tout le Proche-Orient vers le suicide.

Irrationnel ? Cohérent pour l’extrême droite religieuse israélienne, qui prône un «grand Israël», un «Eretz Israël» qui serait le territoire prétendument donné au peuple juif dans l’Ancien testament.

Selon ces fous de Dieu, la terre des Hébreux il y a 2000 ans allait de la Méditerranée jusqu’à l’Euphrate en Irak, et leur reviendrait aujourd’hui de droit. Ce qui passe par l’envahissement et la destruction des puissances voisines d’Israël.


Sommes-nous prêts à une troisième guerre mondiale pour satisfaire la folie impérialiste d’un gouvernement suprémaciste et religieux ?


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