Une étude inquiétante révélait en 2022 que même l’eau de pluie ne serait plus potable
Selon des scientifiques de l’Université de Stockholm, les taux de PFAS – une gamme de produits chimiques utilisés massivement dans l’industrie et qualifiés de polluants chimiques «éternels» – sont 14 fois plus élevés que les recommandations de l’EPA, l’agence de protection de l’environnement américaine, dans des gouttes de pluie. Y compris dans l’eau de pluie mesurée en Antarctique et sur les sommets de l’Himalaya.
Les PFAS se désintègrent de façon très lente. Ils sont désormais présents en quantité dans l’air et donc aussi dans l’eau. Et ne sont toujours pas interdits à la vente dans de nombreux pays, dont la France.
Ces polluants, ultratoxiques pour les écosystèmes et pour la santé humaine (cancérigènes et présentant d’importants risques pour les systèmes cardiovasculaires, reproductifs et hormonaux), se trouvent dans un grand nombre de produits et objets du quotidien. Y figurent notamment les emballages alimentaires, le maquillage, les vêtements, le papier toilette, les poêles antiadhésives…
Une loi du groupe écologiste portant sur l’interdiction de ces polluants éternels, les per- et polyfluoroalkylées a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale ce jeudi 4 avril. Mais cette victoire laisse un goût sacrément amer dans la lutte pour l’interdiction de ces substances nuisibles.
La majorité présidentielle, qui a à nouveau marché main dans la main avec le RN, a plié face à la pression d’un industriel. Le texte prévoit d’ici à 2027 d’interdire l’utilisation des produits contenant des PFAS dans l’industrie textile, cosmétique et la fabrication de ski, mais épargne les ustensiles de cuisine.
Menacée par la proposition de loi qui comprenait à l’origine une interdiction des produits à usage alimentaire contenant des PFAS, l’entreprise Tefal – qui produit des poêles composées en très grande majorité de polytétrafluoroéthylène (PTFE), un plastique fluoré de la même famille, est intervenue pour enrayer la machine législative avant de la voir s’en prendre à son industrie. Une vaste opération de lobbying orchestrée par la direction du groupe industriel Seb, dont Tefal est une filiale, ensuite rejoint par le syndicat Force ouvrière.
Agitant le spectre de la suppression des trois milles emplois concernés, le groupe Seb, qui réalise plus de 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, appelle à une mobilisation de ses salariés devant l’Assemblée nationale la veille du vote et affrète plusieurs bus à cette occasion.
Finalement, les députés de la majorité présidentielle et le gouvernement, par l’intermédiaire de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’industrie et de l’énergie, s’affairent pendant les débats à défendre les intérêts industriels, quitte à s’aligner sur les amendements voulus par le RN en faveur du maintien d’une industrie dangereuse plutôt que de pencher pour son interdiction compte-tenu des risques pour la santé publique.
La loi, qui introduit aussi la mise en place du principe pollueur-payeur, sous la forme d’une redevance sur les rejets de PFAS dans l’eau qui ne sera pour autant pas rétroactive, ne se montre pas à la hauteur du coût sociétal des PFAS qui s’élèverait d’ores et déjà à 2.274 milliards d’euros par an en France.
Dans le même temps, les lobbys industriels redoublent de moyens financiers pour minimiser les impacts élevés de ces polluants sur la santé et sur les écosystèmes. Des aspects qui sont largement relégués au second plan face aux considérations économiques, alors même que les conséquences de ces polluants au niveau sanitaire et environnemental risquent de constituer à l’avenir l’un des plus importants scandales à l’échelle planétaire.
2 réflexions au sujet de « Polluants éternels : l’Assemblée nationale plie face au lobbying industriel de Tefal »
existe il une liste actualisée! des produits en vente en france et ailleurs comportant les fameux composants en question