Dîner du CRIF : communion colonialiste


Le soir de l’attaque sur Rafah : dirigeants français et supporters de l’extrême droite israélienne réunis dans un dîner mondain


Au dîner du CRIF, le chef du gouvernement et les star du colonialisme israélien

La porte parole du gouvernement enlaçant un communicant de l’armée israélienne, tout sourire, dans le cadre d’une réunion de promotion du colonialisme. C’est une photo diffusée sur les réseaux sociaux le 6 mai 2024 lors du «dîner du CRIF», le «Conseil représentatif des institutions juives de France», au moment précis où Israël lançait son offensive sur Rafah, menaçant la vie de 1,7 million de civils. Cette photo de deux complices qui s’amusent ensemble résume tout : d’un côté Prisca Thevenot, qui représente le gouvernement Macron, et Julien Bahloul, le lobbyiste français de l’armée israélienne.

Julien Bahloul est un ancien responsable de la communication militaire israélienne, il a même fondé le «bureau français» de Tsahal. Il a aussi été formé au «contre-terrorisme» dans un institut privé israélien. Sur LinkedIn, cet homme pose fièrement en uniforme de l’armée israélienne, et indique qu’il officie toujours dans cette armée pendant «les périodes de crise». Julien Bahloul intervient régulièrement en tenue militaire, au nom de l’armée israélienne, sur i24News, la chaîne d’extrême droite de Patrick Drahi, où des discours racistes et génocidaires sont diffusés en continu depuis 6 mois. Depuis octobre dernier, Bahloul diffuse sans relâche les intox du gouvernement Netanyahou dans les médias français.

Avec cette photo, les choses sont claires : il ne s’agit pas d’une réunion de la communauté juive française, mais d’une grande réunion coloniale réunissant les lobbyistes de l’extrême droite israélienne et les dirigeants français. Pourtant, ce dîner n’a pas toujours eu cette saveur.

Un peu d’histoire d’abord. Le CRIF est né en 1944, dans le sillage de la résistance antifasciste et des réseaux de défense juive. Ce conseil se voulait pluriel, regroupant des juifs de différentes sensibilités politiques, unis dans la lutte contre le fascisme et l’antisémitisme. En 80 ans, la situation a bien changé et s’est éloignée de ces origines tout à fait louables. C’est désormais devenu une officine de l’extrême droite israélienne.

En 2015, le président du CRIF estimait que Marine Le Pen est «irréprochable personnellement», et affirmait que «toutes les violences» antisémites «sont commises par des jeunes musulmans». Il diffusait ainsi la stratégie de dédiabolisation de l’extrême droite et de stigmatisation de la communauté musulmane.

En 2017, le CRIF souhaitait que la France accompagne le président d’extrême droite américain Donald Trump pour reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Une vieille revendication de la droite nationaliste israélienne. Candidat à la présidence du CRIF en 2022, Yonathan Arfi estimait à nouveau que l’antisémitisme viendrait d’abord des banlieues. Il assimilait également la «haine des juifs» et l’opposition à Israël, disqualifiant ainsi le soutien à la Palestine.

Une fois élu, Yonathan Arfi n’a pas cessé de soutenir l’État israélien, y compris après la victoire de Netanyahou, qui a nommé les suprémacistes, les homophobes, les intégristes religieux et fascistes qui commettent actuellement un génocide.

Encore plus infâme : en juillet 2023, le jour de la commémoration de la Rafle du Vel d’Hiv, le même Yonathan Arfi fait un long discours contre… la France Insoumise. Cette rafle fut un terrible crime d’État : en 1942, 9.000 policiers et gendarmes français avaient arrêté 13.152 personnes fichées comme Juives par le Régime de Vichy, dont 4115 enfants. Une infime minorité est revenue des camps de la mort. En ce jour de recueillement, il était possible d’évoquer les violences policières, le fait que les responsables de cette rafle n’ont jamais été punis, ou même de dénoncer les héritiers du pétainisme, par exemple Eric Zemmour qui passe son temps à réhabiliter Vichy. Mais non, le chef du CRIF, régulièrement invité sur Cnews, a choisi de diffamer la France Insoumise, accusée, déjà à l’époque, d’être complice de «l’islamisme» et de «l’antisémitisme». Ce discours honteux était un hold-up mémoriel, une instrumentalisation de l’histoire des victimes de l’antisémitisme d’État.

La suite est cohérente et nous la connaissons : le CRIF a soutenu sans réserve toutes les opérations militaires israéliennes depuis le mois d’octobre, diffamé tous ceux et celles qui s’y opposaient, et repris les éléments de langage de Netanyahou. Alors même qu’une partie des français juifs et de la communauté juive dans le monde s’insurge contre le génocide en cours.

Revenons à ce fameux dîner du 6 mai 2024. À ce rendez-vous annuel, le Premier Ministre Gabriel Attal a prononcé un discours extrêmement offensif, dénonçant «les leçons de morale, de certains bien au chaud, expliquer à la société israélienne qu’ils surréagissent (sic)». Gabriel Attal estime que le droit international et les multiples condamnations de l’ONU seraient donc une «leçon de morale», et que le massacre de 40.000 palestiniens dont 15.000 enfants en 6 mois serait une «surréaction». Ce sont littéralement des propos fascistes.

Attal a poursuivi : «J’ai souvent eu honte ces derniers temps en voyant le leader de la France insoumise agiter les haines, commettre les sous-entendus les plus indignes». Yonathan Arfi a complété sous les applaudissements : «Je le redis ici : Mélenchon est un totalitaire en puissance et un danger pour la République ». Cette soirée n’avait donc rien d’un dîner de la communauté juive, mais tout d’une tribune politique d’extrême droite.

Encore une fois, dans un pays qui se prétend “laïc”, voir le chef du gouvernement diffamer, lors d’un dîner confessionnel, le principal parti d’opposition, devrait nous inquiéter.

À ce diner, on trouvait évidemment Bernard Henri Levy, sioniste fanatique, qui buvait des coups tout sourire avec le Premier Ministre, mais aussi Édouard Philippe, Élisabeth Borne, Manuel Valls, ou encore Rémy Heitz, fraîchement nommé procureur général près de la cour de cassation par Macron, et bien d’autres notables de la République française.

Bernard Henri Levy a même tweeté des photos de la soirée avec le commentaire : «Sur Rafah: on n’éteint pas un incendie aux 3/4 en laissant brûler le dernier quart.» «Le dernier quart», vous l’avez compris, c’est ce qu’il reste de Gaza. 1,7 million de personnes réfugiées à Rafah qui risquent de mourir dans les prochains jours sans réaction immédiate de la communauté internationale. Voilà ce qu’est la barbarie ordinaire, sûre d’elle, toute puissante.

Au moins les choses sont claires. Toutes les circonvolutions pseudo-juridiques autour de «l’apologie du terrorisme» ou la gauche traitée de «porte-parole du Hamas» sont des escroqueries absolues. Ce dîner mondain des colons et des supporters du génocide, démontrent qu’un camp – qui ne représente aucunement la communauté juive mais qui prétend parler en son nom – parfaitement conscient et organisé, fait bloc derrière les crimes israéliens et s’organise pour détruire celles et ceux qui y résistent.

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2 réflexions au sujet de « Dîner du CRIF : communion colonialiste »

  1. En France il y a l’extrême droite avec Lepen traînant derrière elle les gueus et les ploucs et l’extrême droite avec Macron traînant derrière lui les bourgeoi.se.s. et les grands bourgeois . Avec eux ils ont les mass media ces chiens de garde de la pensée conservatrice et réactionnaire qui sont aussi les véritables leches cul des grands bourgeois cossus, des tyrans sanguinaires, des milliardaires et des dictateurs assassins. Les armées et la police ne sont que des bastions de facsistes venus chercher auprès des Neonazis au pouvoir et dans le monde entier le permis de tuer, de mutiler et de terroriser les populations. Hier nous avions l’Allemagne nazie et aujourd hui nous avons les Neonazies de tous les pays.

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