Des milices de colons blancs, souvent cagoulés, équipés de fusils à lunette ou de fusils à pompe. Ce sont les images effrayantes qui nous arrivent de Nouvelle-Calédonie/Kanaky ces derniers jours. Ces groupes armés s’organisent par quartier, et certains ouvrent le feu. Trois Kanaks ont ainsi été abattus.
Ce territoire du Pacifique est surarmé. Selon les autorités, 64.000 armes sont déclarées et autant circulent illégalement, soit près de 130.000 armes pour 272.000 habitants. Cette situation folle est le fruit d’une décision des autorités locales en 2011, visant à faciliter, la possibilité de s’armer pour les blancs surnommés les «caldoches». Seuls une carte d’identité ou un permis de chasse sont exigés pour se procurer une arme, et les quotas de munitions ont été supprimés. Cette mesure a provoqué une explosion des achats dans les armureries. Une décision irresponsable et criminelle.
Depuis deux jours, trois Kanaks ont donc été assassinés. Deux hommes de 19 et 36 ans et une adolescente de 17 ans. L’un des défunts s’appelait Djibril Saïko Salo et était en première année de BTS. Le CCAT – Cellule de coordination des actions de terrain – qui représente les indépendantistes Kanaks détaille «les conditions dans lesquelles (il) a été abattu» et explique qu’il a été «abandonné sur la route comme s’il s’agissait d’une vulgaire bête sauvage, ou pire, d’un criminel récidiviste». Le collectif ajoute : «Le caractère ignoble et volontaire de cet acte, nous le qualifions sans ambiguïté de meurtre avec préméditation, avec volonté assumée de laisser son cadavre exposé sur la chaussée en guise certainement de message à ceux qui veulent suivre son exemple».
Une photo montre un colon braquer son fusil à lunette derrière un grillage prêt à tirer. Une vidéo, authentifiée par Le Monde montre un homme blanc tirant délibérément en direction de deux jeunes Kanak marchant sur la route à Nouméa. D’autres témoignages évoquent des expéditions punitives de colons.
Enfin, un gendarme a été tué par un tir qualifié “d’accidentel” par les médias. Les autorités disent pudiquement qu’il ne “s’agit pas d’un tir ennemi”. C’est donc la balle d’un autre gendarme ou d’un milicien qui a coûté la vie à cet homme.
En parallèle à cette violence paramilitaire, l’état d’exception est décrété dans l’archipel. Le gouvernement vient d’assigner à résidence cinq indépendantistes du CCAT, et les autorités envisagent de dissoudre le collectif. Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée en Nouvelle-Calédonie et interdit l’accès au réseau social Tiktok.
8 réflexions au sujet de « Kanaky : des milices de colons armés tuent plusieurs habitants »
Merci pour ces informations et le travail que vouq faites.