Vous avez dit «grand remplacement» ?
Vu de France métropolitaine, la révolte en Kanaky et ses causes peuvent paraître complexes. C’est pourtant plus simple qu’on peut l’imaginer : imaginez une colonie de peuplement, où les habitants originaires sont dépossédés de leurs terres et progressivement mis en minorité, afin de ne plus pouvoir décider de leur sort, même dans le cadre d’élections.
Ce «grand remplacement» a été théorisé dès les années 1970 par le Premier Ministre français : Pierre Messmer. Le chef du gouvernement avait été résistant avant d’occuper différents postes de pouvoir, de lancer le grand programme nucléaire français et d’être nommé Premier ministre du président Pompidou. Il explique dans une lettre du 19 juillet 1972 à son secrétaire d’État aux DOM-TOM un plan pour coloniser la Nouvelle-Calédonie. Pour lui, les Kanaks qui peuplent cet archipel depuis près de 5000 ans doivent peu à peu s’effacer sous le poids démographique d’une population blanche.
Voici ce qu’il écrivait :
«La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants.
Il faut donc saisir cette chance ultime de créer un pays francophone supplémentaire. La présence française en Calédonie ne peut être menacée, sauf guerre mondiale, que par une revendication nationaliste des populations autochtones appuyées par quelques alliés éventuels dans d’autres communautés ethniques venant du Pacifique.
À court et moyen terme, l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des départements d’outre-mer (Réunion) devrait permettre d’éviter ce danger en maintenant et en améliorant le rapport numérique des communautés.
À long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d’enfants.»
50 ans plus tard, c’est ce qu’il se passe en Kanaky. Et Macron, en voulant «dégeler» le corps électoral, c’est-à-dire permettre aux nouveaux arrivants de participer aux scrutins, veut achever le processus, en empêchant définitivement les Kanaks la possibilité même d’être majoritaires dans les urnes. Et donc rendre impossible toute autodétermination.
Ainsi, le gouvernement français pourra invoquer la «démocratie» en toute bonne conscience, puisque les votes sur l’indépendance de la Kanaky ne peuvent que lui être favorables. Machiavélique.
Source : https://rebellyon.info/Kanaky-une-lettre-oubliee-de-Pierre-4142
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