Malgré sa défaite, le gouvernement continue ses attaques comme s’il n’y avait pas eu d’élection
Plus personne ne prétend le contraire : Macron voulait donner une victoire au RN en organisant une dissolution surprise de l’Assemblée à la veille des vacances d’été, au moment où l’extrême droite était la plus forte, et profitant du morcèlement de la gauche. Le plan a foiré. Les macronistes font donc comme si les élections n’avaient pas eu lieu et continuent leur travail de démolition comme si rien ne s’était passé.
Le 8 juillet, Macron refusait la démission de son Premier Ministre Gabriel Attal, ce qui est la règle après une telle défaite : le gouvernement n’a plus de majorité, même relative, et encore moins de légitimité. Gabriel Attal, élu député, est même désigné président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, au mépris de la séparation des pouvoirs. Il est à la fois chef du gouvernement, chef d’un groupe parlementaire, député : un pied à Matignon, un autre au Parlement…
Depuis 8 jours, le gouvernement continue même de publier des décrets alors qu’il ne devrait même plus être en place. Le Journal Officiel – où sont publiées les lois et décisions officielles – continue de se remplir, ce qui est une anomalie : les décisions devraient être suspendues depuis les élections. Ces décrets imposent donc discrètement des mesures racistes, anti-sociales et anti-écologiques.
Casse du droit du travail
Le 10 juillet, un décret détruit l’obligation pour les travailleurs agricoles d’avoir au moins un jour de repos par semaine. Le texte considère que «les récoltes réalisées manuellement» sont «des travaux dont l’exécution ne peut être différée», et permet ainsi la «suspension du repos hebdomadaire» pour les travailleurs dans la limite d’«une fois au plus sur une période de 30 jours». C’est un recul du droit du travail, à la demande du lobby des viticulteurs, qui peut ainsi exploiter sans aucune limite les employés pendant les vendanges.
Les producteurs de vin ont déjà des dérogations au droit du travail : ils peuvent par exemple, le temps des vendanges, faire trimer les saisonniers jusqu’à 60 heures par semaine, et même parfois 72 heures au lieu des 48 heures légales.
Supprimer le jour de repos hebdomadaire est un recul de plus, qui risque de coûter des vies humaines. L’an dernier, au moins quatre saisonniers sont morts pendant les récoltes, épuisés, sous un soleil de plomb, dans le vignoble de Champagne.
Décrets anti-écologiques
Les 6 et 8 juillet, un «paquet» législatif a modifié les Codes de l’urbanisme et de l’environnement, pour «simplifier» les installations industrielles. Un autre a inscrit dans la loi les «dispositions d’application de la loi Industrie verte et de simplification en matière d’environnement». Quand on vous dit «simplification» des normes écologiques et sociales, ça veut dire destruction au profit des libéraux.
En clair, ces mesures favorisent l’implantation d’usines dites «vertes», la transformation de friches industrielles et, dans le même temps, allègent la consultation du public sur les nouveaux projets. Cela aura pour conséquence de détricoter le droit environnemental. Les entreprises pourront passer outre certaines règles pour aller plus vite. L’Autorité environnementale s’est inquiétée le 9 juillet lors de la présentation d’un rapport. Mais qui l’écoute, dans le contexte de tumulte politique ?
Loi immigration
En décembre dernier, la Loi Immigration, reprenant des pans entiers du programme du Front National, était votée par les macronistes et l’extrême droite. Marine Le Pen parlait d’une «victoire idéologique». Le gouvernement vient de publier rapidement un décret d’application de certaines mesures.
Il est donc aujourd’hui possible pour l’administration d’enfermer une personne étrangère en Centre de Rétention, sans contrôle du juge, durant 4 jours. C’est gravissime, cela ouvre la possibilité de priver de liberté un être humain sans contrôle judiciaire.
Un haut-fonctionnaire a expliqué auprès du journal de Bolloré, le JDD : «Il s’agit d’une des mesures les plus répressives de la loi sur l’immigration». Cette loi avait d’ailleurs été en partie censurée par le Conseil constitutionnel.
17 ministres voteront à l’Assemblée
En refusant à ses ministres de démissionner, Macron crée une confusion politique. Plusieurs d’entre eux ont été élus députés lors des législatives, par exemple Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture ou encore Prisca Thevenot, ministre chargée du Renouveau démocratique.
Ils seront officiellement à la fois ministres et siègeront à l’Assemblée dès jeudi. Ils pourront prendre part aux votes pour élire le président de l’Assemblée, les vice-présidents, le bureau et les présidents de commission.
Sauf que ces ministres continuent d’exercer au gouvernement pendant les jeux Olympique et probablement jusqu’à la rentrée. Théoriquement, ils ne devraient pas participer à la fois dans le pouvoir exécutif et dans le pouvoir législatif. La situation viole un principe fondamental en démocratie : la séparation des pouvoirs. Si ces gens continuent d’exercer comme ministres, ils devraient alors refuser de siéger comme députés, ou inversement. Mais les macronistes se moquent des règles.
En fait, le clan Macron veut conserver la présidence de l’Assemblée Nationale et maintenir Yaël Braun-Pivet à son poste. Il faut donc que tous les députés macronistes, même ministres, puissent lui apporter leur soutien.
Même l’éditorialiste Jean-Michel Apathie s’indigne : «Il faut noter le 18 juillet 2024 sur vos agendas. Ce jour là, dix-sept ministres en exercice participeront à l’élection du président ou de la présidente de l’Assemblée. Du jamais vu en France, ni au Groenland, ni en Patagonie, ni dans aucune démocratie ayant atteint un certain degré de maturité».
Cerise sur le gâteau
L’impayable François De Rugy, multiple traître et amateur de homard, écologiste puis socialiste et enfin macroniste, insiste pour donner des responsabilités au RN, pourtant arrivé troisième aux législatives.
Il tweete : «Les groupes de gauche NFP voudraient exclure le RN du Bureau de l’Assemblée notamment les postes de vice-présidents et questeurs. Ce serait contraire à l’esprit du Règlement de l’Assemblée, qui indique clairement que la proportionnelle doit être respectée».
Les macronistes veulent à tout prix gérer le pays avec les fascistes, et risquent bien d’y parvenir, malgré les résultats électoraux, et en violant toutes les règles républicaines bourgeoises qu’ils prétendaient défendre jusqu’ici.
2 réflexions au sujet de « Une élection ? Quelle élection ? »
La bourgeoisie française (classe possedante) va montrer à la population que les élections serviront de paillassons a ces raclures qui forment la composition d’une mafia d’etat.