Violences sexuelles : derrière les récupérations médiatiques, une réalité méconnue


C’est une machine à présent bien huilée : dès qu’un drame intervient, si l’auteur est une personne racisée, mieux encore si elle n’est pas née en France, et encore mieux, musulmane, le déchaînement de racisme et d’islamophobie peut commencer. En particulier s’il s’agit de violences sexuelles.


Une femme marche dans la nuit : une représentation du mythe de l'Agresseur, qui ne représente qu'une petite partie des violences sexuelles.

Cette fois-ci, c’est une tentative de meurtre qui est bassement instrumentalisée pour alimenter la machine fasciste. Mardi 13 août, à la gare de Savigny-sur-Orge dans l’Essonne, un homme de 45 ans assène 2 coups de cutter à une femme de 31 ans, après lui avoir demandé une relation sexuelle contre 50€. Les sites d’extrême droite se précipitent sur cette affaire, en précisant que le criminel n’est pas né en France.

Oui, il s’agit d’un drame qui nous émeut toutes et tous. Le lieu de naissance, la religion, la couleur de peau de l’agresseur ont-ils un quelconque lien avec l’agression ? Non. Rappelons ici un chiffre simple : 91%.

91% des femmes victimes de violences sexuelles connaissent leurs agresseurs. Mais ces agressions dont sont victimes les femmes tous les jours ne font pas la Une des journaux.

Les médias entretiennent ainsi le vieux mythe de l’Agresseur : celui-ci est forcément un inconnu, non blanc, certainement musulman, chômeur si possible. Il traîne dans les rues tard le soir pour violer et tuer les femmes ayant eu l’audace de se promener seules.

La réalité est toute autre, mais elle ne colle pas avec le discours ambiant, alors on préfère l’occulter. Une femme sur 2 est victime de violence sexuelle au cours de sa vie, et il n’y a pas de profil type. Selon les données du Collectif féministe contre le viol, ils peuvent être médecins comme boulangers. On aurait envie de rajouter acteur (Gérard Depardieu, Ary Abittan), présentateur télé (Patrick Poivre d’Arvor) animateur radio (Sébastien Cauet), ministre (Damien Abad, Gérald Darmanin). Ils viennent de toutes les classes sociales, de tous les âges.

La seule différence entre un violeur pauvre et un violeur riche ? Le pauvre ira plus certainement en prison car il n’aura pas les moyens de se payer un avocat lui permettant de l’éviter (dans l’éventualité, minime, où la victime irait porter plainte et qu’une enquête soit ouverte).

Dans un pays où la culture du viol est si ancrée, doit-on s’étonner qu’une femme frôle la mort parce qu’elle a refusé une relation sexuelle ? Dans un pays où même le président de la République protège les agresseurs, qui cela étonne-t-il ? Rappelons qu’en décembre 2023, Emmanuel Macron défendait Gérard Depardieu en ces termes “Je le dis en Président de la République, mais aussi en tant que citoyen, il rend fière la France”.


Rappelons aussi qu’à ce jour, 84 femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2024. 135 femmes en 2023. 70% des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite. Voilà les chiffres qui devraient faire la Une des journaux.


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