Alexandre Marius Jacob : le cambrioleur anarchiste qui ne volait que les riches


«Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend !»


Photographie d'Alexandre Marius Jacob

Alexandre Marius Jacob est mort le 28 août 1954, il y a 70 ans jour pour jour.

C’est l’un des plus grands voleurs de l’histoire et une figure révolutionnaire méconnue : celle d’un anarchiste cambrioleur. Il aura traversé une vie hors norme, connu misère et fortune, fait la Une de tous les journaux de son temps, connu l’oubli et le bagne.

C’est Alexandre Marius Jacob qui inspira probablement, au moins en partie, le personnage d’Arsène Lupin, une grande figure romanesque, qui sera utilisée pour produire une série qui a connu un succès mondial en 2021.

Mais revenons à l’histoire vraie du détrousseur de riches. Fils du peuple, enfant pauvre et révolté né en 1879 à Marseille, il sillonne le monde en tant que mousse et revient écœuré par la misère qu’il a vue lors de ses voyages. De retour, il s’engage dans les agitations libertaires marseillaises. Il est envoyé en prison après avoir été dénoncé par un agent infiltré qui l’accuse de fabriquer des explosifs. Il n’a alors que 17 ans.

Empêché de travailler, fiché, il décide de devenir «travailleur de la nuit» : un cambrioleur, qui ne volera que les privilégiés. Véritable gentleman cambrioleur et anarchiste, il commet avec sa bande plusieurs centaines de vols, uniquement chez les ennemis du peuple : églises, magistrats et autres exploiteurs. Ils ne volent ni les pauvres, ni les métiers considérés comme «utiles». Ils ne frappent que les «parasites de la société». Son équipe, «Les Travailleurs de la Nuit», ira jusqu’à revendiquer ses coups d’éclat en laissant des petits mots ironiques et dénonciateurs sur les lieux des larcins.

Un jour, Alexandre Marius Jacob se rend compte qu’il a cambriolé par erreur l’appartement de l’écrivain Pierre Loti. Il remet tout en place et laisse un mot : «Ayant pénétré chez vous par erreur, je ne saurais rien prendre à qui vit de sa plume. Tout travail mérite salaire» et laisse dix francs pour la vitre brisée. Chaque membre du groupe doit reverser 10% de son butin à la cause révolutionnaire.

Les anarchistes de la Belle Époque sont à la pointe de l’innovation et de l’ingéniosité : la célèbre «bande à Bonnot» commet les premiers braquages motorisés, Auguste Vaillant est le seul à avoir réussi à faire sauter une bombe à l’Assemblée Nationale, et Alexandre Marius Jacob et ses amis sont des experts reconnus des vols en tous genre.

La règle des «Travailleurs de la nuit» est de ne pas utiliser la violence, mais ils laisseront quand même quelques policiers trop zélés sur le carreau pour éviter d’être arrêtés. Interpelé en 1906, Alexandre Marius Jacob continue à défier les puissants jusqu’au sein du tribunal. Il se moque des juges, se défend, fait rire les témoins, désobéit.

Mais il est condamné à la déportation à perpétuité, au bagne de Cayenne. Les conditions y sont extrêmement dures et l’espérance de vie y est de quelques années seulement. Il tente de s’évader dix-huit fois et tient tête à l’administration qui veut le briser en l’isolant dans des cellules épouvantables. Une résistance hors du commun et une insoumission à toute épreuve.

Il sort de Cayenne en 1928, très affaibli, après plus de 20 ans de bagne. En 1936, il n’a pas renié ses engagements et tente de résister au fascisme pendant la guerre d’Espagne, mais la situation est désespérée et le Franquisme écrase la République, prélude à la barbarie qui emportera le monde entier.

Alexandre Marius Jacob part alors vieillir dans un village de l’Indre, presque oublié, mais entouré d’amis, notamment un couple dont il était très proche. Il décide de mettre fin à ses jours après la mort de sa femme. La veille de son départ, il offre un goûter aux enfants pauvres du village, ultime cadeau d’un homme à la générosité sans limite. Avant de s’injecter une dose mortelle de morphine, le 28 août 1954, il pense à laisser deux bouteilles de rosé pour ses amis qui viendront s’occuper de sa dépouille. Sur un papier, il laisse ce petit mot : «À votre santé !» Mort à 74 ans, il aura traversé son existence en homme libre et révolté, malgré les enfermements et les répressions.


Une de ses formules, restée célèbre, est toujours d’actualité : «Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend !»


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Une réflexion au sujet de « Alexandre Marius Jacob : le cambrioleur anarchiste qui ne volait que les riches »

  1. Alexandre Marius Jacob une personnalité estimable, qui a eu cette capacité de briser les chaînes que voulait lui imposer la bourgeoisie , c’est un anarchiste gentleman cambrioleur qui jamais ne s’est résigné et qui est mort en homme libre.

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