Sur BFM, les victimes ne se valent pas toutes


Des noms et des visages pour des soldats israéliens sur BFM, toujours rien pour les milliers de victimes palestiniennes et libanaises


Des noms et des visages pour des soldats israéliens sur BFM, toujours rien pour les milliers de victimes palestiniennes et libanaises

Bientôt un an de guerre génocidaire en Palestine, après des décennies de colonialisme messianique de la mer au Jourdain, le tout avec le soutien inconditionnel des grandes puissances occidentales. Un an de pluie d’obus et de destructions. Des dizaines de milliers de palestinien-nes tué-es, hommes, femmes et enfants. Une famine organisée par les autorités israéliennes et le gouvernement… Avez-vous déjà entendu leurs noms ou vu leurs visages, entendu leur histoire sur les plateaux de télévision ? Jamais. Pour le camp du « bien » leur vie ne compte pas.

Ces derniers jours, Israël a mené une série d’attaques terribles au sud Liban. Les attentats aux bipeurs et aux talkies-walkies, d’abord, qui ont explosé en plein milieu de la population civile, tuant et mutilant au hasard. Puis les frappes massives qui ont déjà fait des milliers de victimes et pulvérise des quartiers entiers Libanais, notamment à Haret Hreik, Bourj el-Barajneh, Ghobeiry, et Hay el-Amerikan dans la banlieue sud de Beyrouth. 1974 libanais-es ont été tué-es dans les récents bombardements selon le Ministère de la santé.

L’armée israélienne a ensuite entamé son opération militaire terrestre à l’intérieur des frontières du pays du Cèdre, et l’entité coloniale veut précipiter la guerre totale dans la région afin de satisfaire l’appétit de l’extrême-droite israélienne et des fondamentalistes religieux. Une incursion qui a été parfois mise à mal par les unités du Hezbollah sur le terrain, qui ont neutralisé huit soldats israéliens ce mercredi 2 octobre.

Il n’en fallait pas moins pour que les militaires défunts d’une force d’invasion coloniale fassent les gros titres et les choux gras des rédactions. Dès le 3 octobre sur BFMTV, officine de propagande de l’État major de Tsahal, les photos et les noms des soldats israéliens tués faisaient la Une. «Liban : 8 militaires tués au combat» pouvait-on lire dans le bandeau. Dans ce cas, les militaires sont humanisés, nommés. Pour la propagande sioniste, il faut que le public puisse s’identifier aux israéliens pour s’assurer de son soutien. En montrant les visages juvéniles de ces soldats morts. En parlant de leur vie et de leur histoire.

Au contraire les libanais-es et les palestinien-nes ne sont que des anonymes, que des chiffres dans un océan de souffrance. Aucun son et aucune image de ces dizaines de milliers de vies arrachées. Elles ne sont pas décrites comme les victimes d’une armée barbare et sanguinaire, mais tout simplement présentées comme des «morts», réduits à des chiffres abstraits. C’est une manipulation perverse qui joue avec nos affects. Pour l’axe colonial, l’humanité d’un palestinien ou d’un libanais doit être niée afin de rendre soutenable et acceptable l’entreprise coloniale et la pulsion de mort du régime Netanyahou aux yeux de l’opinion.

Ces derniers jours, toujours sur BFM, le porte-parole de l’armée israélienne Olivier Rafowicz est invité quotidiennement pour dérouler ses mensonges habituels, et le présentateur lui adresse des formules comme «Mon colonel, bonsoir». Sauf que ledit colonel n’opère pas dans les forces françaises, mais dans une armée étrangère qui viole le droit international, et que le présentateur n’est pas israélien. Imaginez une telle déférence pour un gradé russe, qui serait invité à commenter les opérations en Ukraine. Imaginez que BFM fasse une biographie émouvante de chaque soldat russe tombé au front. On accuserait, évidemment, la chaîne d’être une officine de propagande de Poutine et elle serait interdite dans la foulée.

Pour contrer les discours déshumanisants des ministres fascistes israéliens et ses relais, ainsi que le traitement abject et raciste de la guerre en Palestine, une campagne internationale baptisée « Gaza : des visages, pas que des nombres » a pour objectif de ré-humaniser les Palestiniens lorsque les médias dominants n’en font que des calculs mathématiques froids.

La campagne pour Gaza «des visages, pas que des nombres» : affiches collées à Nantes

Un groupe international d’artistes et de citoyens bénévoles réalise des portraits avec photos, noms et contexte des palestinien-nes tué-es depuis le 7 octobre. Pour ne pas oublier.

Derrière les chiffres, effroyables, du génocide en cours à Gaza – autour de 186.000 morts directes et indirectes de l’opération d’anéantissement israélienne – il y a des noms, des visages, des histoires de vies. Un enfant qui jouait au football, un frère et une sœur âgés de 3 et 1 an, un journaliste, une pianiste, une étudiante, un infirmier… Dont les vies ont été arrachées par un régime colonial et fasciste. Un collage avait eu lieu à Nantes en juillet 2024 pour leur rendre hommage et lutter contre l’oubli.

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Une réflexion au sujet de « Sur BFM, les victimes ne se valent pas toutes »

  1. Bonjour, il n’y a pas que sur BFM tv que cette info est parue, aussi sur France 2, avec des sanglots dans la voix de la présentatrice. Et toujours sur France 2, la journaliste envoyée spéciale à Jérusalem , avec un ton tragique croit faire un scoop en montrant l’histoire( pour une fois) d’une petite fille palestinienne tuée par une frappe des génocidaires. Il faudrait la renseigner sur les vidéos et reportages qui circulent depuis des mois, comme par exemple le film présenté par Aymeric Caron ( insoumis) à l’assemblée nationale qui n’a pas attiré les foules :
    https://www.cinemutins.com/gaza-apres-le-7-octobre

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