L’histoire abracadabrantesque du jour

Ce samedi 12 octobre, plus de 1500 personnes se sont mobilisées contre un projet pharaonique de Ligne à Grande Vitesse dans le Sud-ouest de la France. La gendarmerie, elle, s’y est embourbée.
Cette ligne ferroviaire, qui n’est pas nécessaire, présente un coût social, financier et écologique aberrant, et elle a reçu plus de 90% d’avis défavorables lors de l’enquête publique. Il s’agit du plus gros chantier de la décennie en France, il coûtera 15 milliards d’euros, alors qu’il suffirait de rénover la ligne déjà existante.

La veille de cette grande mobilisation, l’État a déployé des moyens répressifs considérables pour dissuader les opposants. En plus des contrôles de gendarmes et du quadrillage du territoire, un hélicoptère survolait le campement anti-LGV à basse altitude, éclairant les tentes avec un projecteur surpuissant et diffusait une alarme stridente. Une nouvelle forme de répression sournoise, proche de la torture, qui consiste à empêcher les manifestant.e.s de dormir.
Malgré une nuit difficile, la journée de lutte intitulée «freinage d’urgence» a été ponctuée par une série d’initiatives festives. Parmi les gestes proposés, une «action Giga-Kapla», qui avait pour but d’installer une construction au cœur du tracé du projet : une sorte de vigie pour surveiller le début des travaux.
C’est dans le cadre de cette action que la gendarmerie a connu un vilain retour de karma. Un véhicule des forces de l’ordre suivait le cortège qui avançait sur un terrain sablonneux, et s’est retrouvé enlisé, au point de ne plus pouvoir avancer. Encore plus amusant, les voitures des médias M6 et RTL qui suivaient les gendarmes se sont aussi retrouvées coincées.
Par un concours de circonstance prévisible, la camionnette des pandores à la merci des manifestants a été légèrement esquintée et redécorée, notamment avec de la peinture sur tout le véhicule et réquisition du matériel de maintien de l’ordre qui s’y trouvait… Des manifestant.e.s estimaient qu’après toutes les affaires volées lors de contrôles avant les mobilisations contre les mégabassines, cette récupération n’étaient qu’un «juste retour des choses». Un tag sur la carrosserie expliquait : «ça c’est pour l’hélico». Il s’agit donc d’une réponse à la répression nocturne de la veille. La gendarmerie devrait savoir que le sommeil, c’est sacré.
Comble de malchance pour les force de l’ordre, dans leur fuite, l’un des agents a fait tomber son téléphone portable personnel. D’après une source sur place, un plaisantin l’aurait ramassé, et a découvert que le téléphone n’était même pas verrouillé. Le propriétaire n’a pas dû suivre de formation sur la sécurité numérique. Le compte Facebook du militaire était donc accessible. Un message y a été publié avec ce texte : «trop fort les black bloc, je démissionne. Vivre le communisme, répandre l’anarchie».

Cette suite d’événements aussi insolites que comiques fera peut-être réfléchir le Ministère de l’Intérieur la prochaine fois qu’il voudra déranger le sommeil de dangereux «écoterroristes». Ou pas. La réponse au prochain épisode.
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Une réflexion au sujet de « Mauvais karma pour la gendarmerie : un véhicule embourbé et un téléphone égaré »
Magnifiques images de ce panier à salades embourbé et fraîchement décoré.