Retour sur le rassemblement contre Yara et son monde mortifère organisé ce samedi 2 novembre à Saint-Nazaire.
Près de Saint-Nazaire, à Montoir-de-Bretagne, sur l’estuaire de la Loire, on peut trouver l’un des pires sites industriels de France. Entre la raffinerie Total et la centrale à gaz d’Engie se situe une usine d’engrais, Yara. Cela fait des années que l’entreprise, dont l’usine est classée SEVESO seuil haut, met en danger les ouvriers, les habitant-es, et plus globalement tout le territoire. Elle est classée comme l’un des 13 pires sites industriels de France, qui «font encore l’objet d’incidents ou de non-conformités récurrentes» selon l’État.
La multinationale norvégienne Yara fabrique le fameux Nitrate d’Ammonium, un produit servant d’engrais, indispensable à l’agriculture industrielle. Cette matière est hautement explosive. C’est un stock de Nitrate d’Ammonium qui a dévasté la ville de Beyrouth en 2020. À l’époque, autour de 2000 tonnes d’engrais azoté «seulement» avaient rasé une partie de la capitale du Liban. Près de Saint-Nazaire, Yara fabriquait encore récemment 600.000 tonnes d’engrais chaque année. Le site a été mis en cause pour des centaines «d’incidents», notamment des fuites de produits chimiques dans la Loire, des taux de pollution de l’air et de l’eau anormalement élevés autour de l’usine, et plus grave, la mort d’un ouvrier. Ces infractions répétées n’ont été suivies d’aucune sanctions sérieuses, malgré les mises en garde de la préfecture, qui s’est contentée d’amendes dérisoires. En parallèle, le bassin nazairien connaît un taux anormalement élevé de cancers depuis des années.
Suite à la mort d’un de ses employés, Yara avait annoncé qu’elle préférait, plutôt que de se mettre aux normes pour préserver la sécurité des employés et des riverains, annoncer la fermeture de son site de production. 139 emplois sacrifiés sur l’autel du profit. Le message était clair : «si nous ne pouvons pas polluer ici en toute impunité, nous licencions». Mais si la production d’engrais est arrêtée, le site de Montoir reste un lieu de stockage. Il est donc presque aussi dangereux.
Plus de 200 personnes se sont ainsi rassemblées devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire ce samedi pour exiger plus de transparence de la part du gouvernement sur le devenir du site Yara. Plusieurs collectifs et associations écologistes et anticapitalistes se sont réunis devant les grilles de l’administration, afin de mettre la pression sur le gouvernement avant la commission de suivi du site Yara, prévue le 6 novembre prochain.
Les nombreuses prises de paroles, très enrichissantes, ont une nouvelle fois mis en lumière l’opacité la plus totale dans laquelle les entreprises comme Yara prennent des décisions, allant à l’encontre des règles sociales et environnementales – contamination des habitants riveraines, non respect des règles de sûreté. Ces entreprises participent à l’effondrement de la biodiversité en prônant l’agriculture productiviste.
Des arguments importants ont été développés, y compris avec des données scientifiques et techniques, sur les risques d’explosion entre autres. Même si le site de Yara passera de la production au stockage des engrais chimiques à l’avenir, étant donné la vétusté des infrastructures la situation reste très préoccupante. La dépollution des sites qui seront inutilisés est aussi une question qui a été soulevée.
Le maire de Montoir s’est également exprimé sur la connivence des grandes industries et de nos gouvernements, qui devraient sanctionner beaucoup plus durement les agissements de tels industriels au lieu de leur laisser payer des amendes dérisoires. L’élu s’est également exprimé sur les menaces de mort qu’il a reçu. Au bout de l’enquête, il s’avère que l’auteur de ces faits n’est autre qu’un ancien cadre de Yara. Le jugement aura lieu le 22 novembre prochain au tribunal de Saint-Nazaire : un appel à soutien est lancé.
S’en sont suivis des chants rappelant l’histoire des luttes environnementales et l’importance de la paysannerie pour sortir du système agro-industriel.