Le capitalisme porte la guerre comme la nuée porte l’orage
Le 8 janvier 2025, Donald Trump n’est pas encore investi comme nouveau président des USA, mais il poste sur son réseau Truth Social une carte des États-Unis incluant le Canada. Une volonté affichée d’annexer le pays voisin, le deuxième plus vaste du monde.
Simple provocation ? En partie. Mais lors d’une conférence de presse sur la politique étrangère des USA organisée dans sa résidence luxueuse de Floride, le 7 janvier dernier, Donald Trump a multiplié les annonces agressives et inquiétantes. Dans un discours entrecoupé de remarques étonnantes à propos de baleines rendues «folles» par des éoliennes et de chauffage électrique qui provoque «des démangeaisons», le futur président a promis une tempête diplomatique.
Selon lui, le Canada doit devenir le 51e état des USA, car la relation entre les deux pays coûterait trop cher aux États-Unis, sachant que les USA ont 40 milliards de dollars de déficit commercial avec leur voisin du nord. Par ailleurs, le Canada traverse un moment d’incertitude politique, avec la démission de son Premier Ministre Justin Trudeau. Pour annexer les 10 millions de kilomètres carrés canadiens et leurs immenses richesses, Trump promet l’usage de la contrainte économique. Une guerre commerciale contre le Canada, en augmentant les droits de douanes. Trump le répète régulièrement, les canadiens «veulent» devenir le 51ème État. Des propos qui rappellent ceux de Poutine avant d’envahir l’Ukraine.
Dans la foulée, Elon Musk, nouveau bras droit de Trump, s’est même permis de s’adresser à Justin Trudeau sur son réseau social : «Meuf, tu n’es plus le gouverneur du Canada, ce que tu dis n’a donc aucune importance». L’homme le plus riche du monde insulte un dirigeant démissionnaire et le qualifie de « gouverneur » pour l’humilier. Une vision particulière de la diplomatie…
Autre annonce : annexer le Groenland, qui doit lui aussi devenir un territoire étatsunien pour des questions de sécurité nationale selon Trump. Pour cela, il menace le Danemark, à qui appartient ce grand territoire boréal, et n’exclut pas d’utiliser la force militaire pour lui arracher. Cette annonce est d’une exceptionnelle gravité : c’est la première fois qu’un membre de l’OTAN, l’alliance militaire occidentale, menace un autre État membre. Et cet État qui menace l’un de ses alliés est carrément le pays fondateur de l’OTAN. Du jamais vu.
Trump s’en est également pris au Panama, qui doit lui céder le canal par lequel transitent de nombreuses marchandises. La construction de ce canal, qui traverse l’Amérique centrale et qui permet aux bateaux d’éviter de contourner tout le continent, a été initiée par les français et achevée par les États-Unis. Pour Trump, les USA doivent reprendre la main sur ce passage, et à nouveau l’usage de la violence militaire contre le Panama n’est pas exclu.
Les USA ont déjà tenté de traiter ce petit pays d’Amérique latine comme une colonie, et y ont même installé un dictateur soutenu par la CIA dans les années 1980. Tant qu’à faire, Trump a annoncé que le Golfe du Mexique serait renommé Golfe des États-Unis. Bref, c’est une déclaration de guerre contre les pays d’Amérique latine, qui renoue avec la tradition néocoloniale qui pesait sur tout le sous-continent durant de la Guerre Froide.
Enfin, concernant le Moyen Orient, «l’enfer s’ouvrira sous ses pieds» si les otages israéliens ne sont pas libérés avant son investiture, a déclaré Trump. Il avait déjà dit pendant sa campagne que Gaza pourrait «être mieux que Monaco». Un propos indécent alors que le territoire est dévasté, mais aussi une façon subtile de suggérer la colonisation du territoire palestinien.
Allons-nous vers une guerre mondiale provoquée par le dirigeant de la première puissance mondiale ? Espérons que non. Comme souvent, Trump aime faire beaucoup de bruit pour pas grand chose, et change régulièrement d’avis en matière de géopolitique. Ces propos sont probablement des provocations pour obtenir des accords commerciaux et des preuves de soumission des pays visés.
Néanmoins, ils restent inédits par leur violence et l’imaginaire qu’ils dégagent. Les soutiens de Trump vantaient un président qui ne fait pas de guerre et qui s’occupent avant tout des USA avant de s’occuper du reste du monde. Il n’en est rien. C’est un dirigeant autoritaire qui menace la stabilité mondiale et l’assume totalement.
Pire, ces annonces s’inscrivent dans le cadre d’un grand retour des Empires agressifs et expansionnistes.
La Turquie, par la voix de son dirigeant dictatorial Erdogan, rêve ouvertement d’une restauration de l’Empire Ottoman, et avance ses pions en Syrie comme en Azerbaïdjan, tout en persécutant les Kurdes et les Arméniens. La Chine s’arme massivement et développe de nouveaux réseaux à travers sa nouvelle route de la Soie, tout en menaçant d’attaquer Taïwan. La Russie est dans une guerre sanglante en Ukraine et Poutine tente de ranimer l’imaginaire tsariste. Les dirigeants fascistes israéliens fantasment sur le «Grand Israël» des textes bibliques, et bombardent tous les pays voisins…
Partout, les dépenses militaires explosent et les discours se militarisent. Le capitalisme porte l’orage, et les nuages sont de plus en plus sombres. Le monde est peuplé d’autocrates qui jouent aux allumettes sur un baril de poudre, risquant de provoquer des guerres généralisées, y compris en occident.
Désarmons-les, et vite.
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Une réflexion au sujet de « Trump et le retour des empires expansionnistes »
C’est une image tout à fait réaliste
: l ‘humanité à cul posé sur un baril de poudre et la bourgeoisie :tyrans sanguinaires, miliiardaires, grand bourgeois cossus et dictateurs assassins jouent avec les allumettes