Libérez Gino ! Campagne de solidarité internationale


Contre l’extradition d’un camarade antifasciste par l’État français vers la Hongrie d’extrême droite


Le 12 novembre dernier, Rexhino Abazaj (Gino) était interpellé à Montreuil par des policiers français de la sous-direction antiterroriste (SDAT). Son crime ? Lutter concrètement contre le fascisme. En Europe aujourd’hui, on glorifie les néonazis (il n’y a qu’à voir le traitement médiatique réservé à Jean-Marie Le Pen) et on criminalise celles et ceux qui s’y opposent.

Le 10 février 2023 était célébré le “Day of honour” (jour de l’honneur) en Hongrie. Pas grand chose d’honorable dans ce jour puisqu’il célèbre en réalité la bataille de Budapest et la lutte des soldats allemands et hongrois fascistes contre les soviétiques en 1945. À cette occasion, des milliers de néonazis, certains même vêtus d’uniformes SS, se rassemblent pour défiler, organiser des événements, commettre des violences en toute impunité, profitant de la bienveillance du gouvernement de Viktor Orbán.

Ce jour-là, une rixe avait éclaté à la sortie d’un concert de rock néonazi organisé par la division locale de Blood and Honour (sang et honneur), groupuscule interdit en France. Deux néonazis avaient été blessés. Gino est soupçonné d’y avoir participé, il est poursuivi pour “participation à une organisation criminelle » et « coups et blessures provoquant un risque immédiat de mort”.

La Hongrie d’Orbán a instrumentalisé ces événements pour mettre en scène un soi-disant “terrorisme antifasciste” qui s’en prendrait à “d’honnêtes citoyens”. L’un des “honnêtes citoyens” arborait un tatouage d’un officier de la Wehrmacht sur le torse. Budapest a émis un mandat d’arrêt européen contre Gino, qui risque jusqu’à 16 ans d’emprisonnement. Il est aujourd’hui détenu à la prison de Fresnes. Si la France livrait Gino à la Hongrie, cela voudrait dire que nos institutions se mettent littéralement au service de fascistes.

Des groupes de soutien ont été créés partout en Europe, des banderoles affichées pendant les matchs de foot et des pétitions lancées. Des députés de la France insoumise ont également appelé à “refuser l’extradition de Gino afin de garantir le respect de son droit à un procès équitable, consacré par l’article 6 de Convention européenne des droits de l’homme”.

Un acharnement politique

L’avocat de Gino, Youri Krassoulia, a déclaré : « Ce qui nous inquiète au plus haut point, c’est le fait que son interpellation a été faite par la SDAT, donc par la police antiterroriste, qui l’a arrêté sur un mandat d’arrêt européen pour des faits qui ne sont pas d’une gravité extrême, en tout cas pas terroristes. Cela nous interpelle sur la dimension politique de ce dossier”. “Il est traité comme un terroriste” ajoute-t-il.

Il semble qu’aujourd’hui en France, le simple fait d’être un-e militant-e écologiste, anticapitaliste ou antifasciste fait de vous un-e terroriste. Les exemples se sont multipliés ces dernières années, et la SDAT est de plus en plus sollicitée pour des affaires n’ayant aucun rapport avec le terrorisme.

Gino n’est pas le seul militant interpellé suite à des altercations au Jour de l’Honneur. L’enquête est tentaculaire, concerne toute l’Europe, et les moyens mis en œuvre pour retrouver des personnes suspectées, rappelons-le, d’avoir mis quelques coups à des nostalgiques d’Hitler, sont tout simplement délirants.

14 mandats d’arrêt européens ont été lancés par la Hongrie, et 20 personnes sont poursuivies. Parmi elles et eux : Tobias E. a été jugé en janvier dernier en Hongrie, il a écopé d’un an et 10 mois de prison. Maja T. avait été extradée d’Allemagne et subit actuellement des conditions de détention atroces en Hongrie (placée à l’isolement dans une cellule remplie de cafards et sous vidéosurveillance constante). Hannah S. est actuellement en détention provisoire en Bavière et risque également l’extradition. Johann G. a été arrêté en Allemagne début novembre.

Enfin, la Hongrie a demandé la levée de l’immunité parlementaire pour Ilaria Salis, qui a déjà passé 15 mois dans les prisons hongroises mais qui a été élue eurodéputée italienne en juin dernier, ce qui a mis fin à son enfermement.

Elle avait décrit les conditions de sa détention : “On m’a laissée pendant de nombreux jours sans savon, sans papier-toilette. La nourriture et les produits d’hygiène manquaient. Il y avait des punaises de lit dans les cellules. Pendant plus d’un mois, j’ai été complètement isolée, étant obligée de porter les mêmes vêtements et sous-vêtements”. Elle affirme également “Il y a une sorte de persécution contre les opposants politiques en Hongrie”. Elle risque 24 ans de prison.

La situation en Hongrie

Il ne fait pas bon vivre dans la Hongrie d’extrême droite de Viktor Orbán pour les opposant-es. Le pays est régulièrement épinglé pour ses politiques anti LGBTQIA, anti migrant-es et ses tentatives de faire taire toutes les voix dissidentes ou encore de restreindre l’accès à l’avortement. Selon Amnesty International, la Hongrie est à la dernière place des pays d’Europe concernant l’application des arrêts de principes rendus par la Cour européenne de droits de l’Homme. Thomas Portes, député LFI a déclaré à ce sujet que «Viktor Orbán mène une chasse aux antifascistes, non seulement en Hongrie mais aussi à l’international grâce à la collaboration de nos propres services de police».

La Hongrie est devenue un véritable repère de fascistes, qui savent qu’ils y sont très bien accueillis et y font régulièrement de grands événements. En octobre 2024, un festival de rock néonazi, Reconquering Europe (littéralement Reconquérir l’Europe) réunissait des milliers d’entre eux. On pouvait y écouter Bunker 84, groupe français honorant l’Allemagne nazie dans sa “musique”. Selon le chercheur allemand Robert Claus dans son ouvrage Ihr Kampf («Leur combat») ces événements musicaux et les tournois de MMA régulièrement organisés sont «tout le package culturel que le néonazisme pré-terroriste peut proposer».

Gino vivait en Finlande lorsqu’il a appris le mandat d’arrêt lancé contre lui et s’est réfugié en France, le fameux “pays des droits de l’Homme”, en espérant éviter l’extradition. Le verdict sera rendu le 15 janvier.


Les autorités françaises appliqueront-elles la demande de fascistes ?


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Une réflexion au sujet de « Libérez Gino ! Campagne de solidarité internationale »

  1. Cette bourgeoisie capitalo facsiste terrorise les populations à longueur d’années avec ses armées et sa police. Les écologistes, les anticapitalistes et les anti-facsistes ne font que dénoncer ce terrorisme institutionnel que la bourgeoisie retourne abusivement contre eux et Gino risque d ‘être une victime de plus

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