Le mois de janvier 2025 a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre


Et l’administration Trump attaque l’agence de recherche climatique et météorologique américaine : en route vers l’enfer climatique, les yeux bandés


Un hélicoptère fait face aux récents incendies de Californie : l'enfer climatique s'est déchaîné ce mois de janvier.

Le mois de janvier est majoritairement honni par la majorité des personnes vivant dans l’hémisphère Nord : il fait froid, il fait moche, les fêtes sont finies, on est fauché, et ce mois a l’air de durer 60 jours. Alors que l’on croyait en avoir fini avec ce mois infernal, voilà qu’il revient sur le devant de la scène pour une raison qui vient confirmer notre sentiment : le mois de janvier 2025 est un avant-goût du cauchemar fasciste ET climatique.

Record de chaleur

2024 était l’année la plus chaude jamais enregistrée, et janvier 2025 suit la tendance. Il s’agit du mois le plus chaud jamais enregistré selon les résultats de l’institut Copernicus parus le 5 février. Avec une moyenne de 13,23°, il dépasse de 1,75° le niveau préindustriel. Il s’agit du 19è mois consécutif qui dépasse les +1,5° de réchauffement. Pour rappel, les pseudos engagements des États pris lors de l’Accord de Paris de 2015 pour réduire les émissions de CO2 avaient pour ambition de limiter le réchauffement à ce niveau à l’horizon… 2100. Nous sommes en 2025.

Néanmoins, pour que la limite soit définitivement considérée comme dépassée, il faut que cela dure au moins 20 ans. Même si les scientifiques restent prudents, ils estiment qu’on pourra acter le dépassement des 1,5° entre 2030 et 2035. Les océans aussi sont en surchauffe : janvier 2025 se place juste derrière janvier 2024, qui était le record absolu. La banquise arctique a même atteint sa plus faible étendue jamais mesurée pour un mois de janvier.

Ce record est d’autant plus inquiétant que le mois de janvier avait été anticipé par les chercheurs comme plus froid que la normale, à cause de l’influence du phénomène océanique froid baptisé La Niña. “Janvier 2025 est un autre mois surprenant, qui perpétue les records de températures observés au cours des deux dernières années, malgré le développement des conditions La Niña dans le Pacifique tropical et leur effet de refroidissement temporaire sur les températures mondiales” selon Samantha Burgess, responsable stratégique pour le climat au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT). La Niña est le phénomène sœur de El Niño, qui avait dominé 2023 et 2024, les deux années les plus chaudes jamais enregistrées. Ce sont des anomalies océaniques naturelles et cycliques qui influencent le climat, l’un le réchauffant, l’autre le refroidissant.

Démantèlement de la recherche climatique aux USA

Dans le même temps, le 2ème pays le plus émetteur de gaz à effet de serre au monde, les États-Unis, a mis à sa tête un dangereux fasciste climato-sceptique qui a immédiatement sorti le pays des accords de Paris et souhaite “forer comme un malade” pour trouver, et donc brûler, toujours plus de pétrole. Pour rappel, chaque nouveau projet fossile est un nouveau clou dans le cercueil.

Donald Trump a déclaré “l’état d’urgence énergétique nationale” pour justifier la future construction de nouveaux projets, alors même que le pays est déjà le premier pays producteur de pétrole et de gaz au monde. Si toutes les mesures annoncées dans son Projet 2025 sont mises en place, ce sont 4 milliards de tonnes de CO2 qui seront émises en plus dans l’atmosphère d’ici 2030.

Trump souhaite “mettre fin aux politiques d’extrémisme climatique de M. Biden”. Des politiques pourtant bien timides, quand on sait que les États-Unis sont responsables de 11% des émissions de gaz à effet de serre et que Biden avait lui aussi autorisé de nouveaux forages, en dépit de ses promesses de campagne.

Donner le champ libre aux pétroliers, qui ont massivement soutenu et financé sa campagne – 75 millions de dollars selon l’association Climate power – et détruire tout le reste, voici comment on pourrait résumer la politique climatique Trumpiste. Trois hommes sont stratégiquement en place pour cette politique, comme l’explique Reporterre dans son article du 21 janvier : Chris Wright, secrétaire à l’énergie et “magnat du fracking” – fracturation hydraulique – qui va pouvoir mettre en place les conditions optimales pour des investissements tous azimuts dans les énergies fossiles. Ce dernier affirme que “il n’y a pas de crise climatique”. Doug Burgum est le secrétaire à l’intérieur, grand ami des majors pétrolières et ancien gouverneur du Dakota du Nord, 3e État producteur de pétrole des USA. Enfin, Lee Zeldin qui, à l’Agence de protection de l’environnement (EPA), va pouvoir détruire tranquillement toutes les protections de l’environnement.

Et on peut bien sûr aussi compter sur Elon Musk, à la tête du ministère de “l’efficacité gouvernementale” – le DOGE – pour compléter ce tableau. Les agents du DOGE ont débarqué par surprise le 5 février au siège de l’agence météorologique et climatique américaine, la NOAA – National Oceanic and Atmospheric Administration. “Ils ont simplement contourné la sécurité et ont dit ‘Poussez-vous de mon chemin’ et ils ont cherché à accéder aux systèmes informatiques” a indiqué Andrew Rosenberg, ancien cadre de l’administration.

“Ils vont pouvoir avoir accès à des informations confidentielles”. La courbe de Keeling, qui montre l’évolution de la concentration en CO2 dans l’atmosphère, avait même disparu du site pendant 24h. Pas de mesures de CO2, pas de problèmes. Il s’agit ici clairement de faire pression sur l’agence, jugée trop alarmiste. Elon Musk aurait tenté de prouver que l’organisation suivait les normes de diversité (DEI) contre lesquelles il est entré en croisade.

Donald Trump a mis à la tête de l’agence un de ses fidèles, Neil Jacobs, déjà épinglé en 2019 pour viol de l’intégrité scientifique après avoir falsifié les prévisions de la NOAA afin qu’elles collent avec les déclarations du président américain sur la trajectoire de l’ouragan Dorian. Le projet 2025 prévoit le démantèlement pur et simple de l’agence, considérée comme “nuisible à la prospérité des États-Unis”.

Cet organisme, qui travaille en étroite collaboration avec la NASA et les Universités, a un rôle capital dans la recherche sur le changement climatique, mais aussi de prédiction des phénomènes météorologiques extrêmes comme les ouragans. Faire disparaître cet organisme, c’est donc sacrifier les populations qui dépendent de manière vitale de ces alertes. Stopper la recherche sur le changement climatique, c’est nous envoyer vers l’enfer climatique, mais les yeux bandés. Sauf si nous barrons la route au capitalisme incendiaire.

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