
Ursula Von Der Leyen est l’incarnation de la technocratie néolibérale qui règne d’une main de fer sur l’Europe. Cette politicienne allemande, membre de la CDU, grand parti de droite outre-Rhin, a été désignée par les chefs d’États européens en juillet 2019 comme présidente de la Commission Européenne. Elle a été élue de justesse au Parlement.
Depuis, elle est accusée d’avoir passé d’énormes contrats avec Pfizer dans une opacité totale et avec des soupçons de conflits d’intérêt pendant la pandémie, et elle est critiquée pour son soutien sans faille à d’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, mettant en concurrence l’agriculture européenne avec celle d’Amérique du Sud. C’est aussi elle qui impose sans pitié les règles économiques libérales de l’Europe : mise en concurrence généralisée et austérité imposée.
Parmi ces règles, celle des «3% de déficit public» maximum : il s’agit de ne jamais dépasser les 3% du produit intérieur brut en dépenses excédentaires. Les États qui ne s’y plient pas risquent des sanctions. On rappelle que c’est l’Union Européenne qui impose à certains pays membres des mesures contraignantes, les forçant à des privatisations ou à réduire leurs services publics, et qui a mis la Grèce à genoux dans les années 2010.
En revanche, quand il s’agit d’armement, d’un seul coup, les fameuses règles budgétaires strictes, celles qu’il fallait absolument respecter, volent en éclat. Von Der Leyen accepte tout.
Le 4 mars, elle a dévoilé un projet baptisé «réarmer l’Europe», visant à mobiliser «près de 800 milliards d’euros en dépenses d’armement pour une Europe sûre et résiliente», dont 150 milliards de prêts. Après les 1.000 milliards de dépenses militaires annoncées par l’Allemagne, les 400 milliards débloqués par la France en 2023, entre autres, c’est la valse des dépenses pharaoniques. Tout cet argent était donc finalement disponible ?
Von Der Leyen explique : «L’Europe fait face à un danger clair et immédiat d’une ampleur qu’aucun d’entre nous n’a connue dans sa vie d’adulte». Et elle encourage les États membres à dépenser plus pour leur défense, notamment dans la «défense antiaérienne, les missiles, les drones et les systèmes antidrones […] sans souci du respect des règles budgétaires qui les obligent à limiter leur déficit public à 3% de leur Produit intérieur brut». «Cela permettra aux États membres d’augmenter de manière significative leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif» explique la technocrate. Pas de sanctions pour cette fois.
En fait, les États ont le droit de s’endetter, mais seulement pour tuer des gens. Quand il fallait améliorer leurs systèmes de santé, d’éducation, ou encore prévenir les guerres avant qu’elles n’arrivent par une diplomatie efficace et non alignée sur les blocs impériaux, il n’y avait pas d’argent disponible.
Macron est sur la même ligne. Lors d’un discours prononcé ce mercredi 5 mars, il a déclaré que «compte tenu de l’évolution des menaces de cette accélération (…), nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables». Lui aussi est finalement capable de trouver de l’argent magique.
«Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes» explique-t-il. Traduction : les dépenses militaires seront ponctionnées sur le système social et les services publics. Si on ne touche pas aux impôts, il va bien falloir piocher de l’argent pour les avions de guerre et les missiles quelque part…
Macron a poursuivi : «La patrie a besoin de vous et de votre engagement». Des incantations qui résonnent avec ses précédentes déclarations sur le «réarmement démographique» et le «sens du sacrifice» dont doit faire preuve la jeunesse. Juste après son petit discours, il a invité à l’Élysée le dirigeant Hongrois d’extrême droite Viktor Orban, soutien de Donald Trump et Vladimir Poutine, qui fait enfermer des antifascistes et protège les néo-nazis dans son pays.
Quelques heures plus tôt Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, proposait de «mobiliser l’épargne des Français pour pouvoir investir dans la défense». Et Éric Lombard, ministre de l’Économie, annonçait à l’Assemblée que le gouvernement allait réunir «l’ensemble des investisseurs pour le secteur de la défense» le 20 mars prochain.
L’Europe bascule en économie de guerre
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Une réflexion au sujet de « Le capitalisme européen en état de guerre »
La bourgeoisie est biberonné à l’histoire Napoléonienne et la guerre est l’un de ses plus grand fantasme, d’ailleurs aujourd’hui Macron doit avoir la gaule.