Les images montrent une déferlante, une foule massive à perte de vue dans les rues de Belgrade, capitale de la Serbie, ce samedi 15 mars. Les autorités parlent de plus de 100.000 personnes, c’est probablement bien davantage, et dans tous les cas historique. Il s’agit sans doute de la plus forte mobilisation dans le pays depuis les années 1990 et la chute de la Yougoslavie.
Cette énorme manifestation fait suite à plusieurs mois de contestation contre la corruption, l’autoritarisme et le gouvernement en place. Le 1er novembre dernier, à Novi Sad, la deuxième plus grande ville du pays, un auvent en béton devant la gare s’effondrait sur des passants, tuant 15 personnes. Officiellement, les autorités venaient de faire rénover la gare par des entreprises chinoise, française et hongroise. Ce drame a déclenché une vague de colère qui couvait depuis longtemps contre la corruption des dirigeants, en particulier contre Parti Progressiste Serbe.
Celui-ci n’a de progressiste que le nom. Il s’agit d’un grand parti de droite, autoritaire et corrompu. Il a été fondé par des ultra-nationalistes, dont certains sont accusés de crimes durant la guerre en ex-Yougoslavie.
Depuis novembre, des centaines de milliers de personnes manifestent et la jeunesse étudiante est en première ligne. Au-delà d’un exigence de transparence et de vérité sur la rénovation de la gare de Novi Sad, le mouvement exige l’arrestation des miliciens qui ont attaqué les étudiant-es et les professeur-es depuis le début des manifestations, l’abandon des poursuites contre les personnes arrêtées, et une hausse de 20% du budget de l’enseignement supérieur. Plusieurs responsables politiques ont déjà annoncé leur démission, notamment l’ex-premier ministre.
Le mardi 4 mars, en pleine séance inaugurale de la session législative de printemps, le Parlement a été le théâtre de confrontations. Des membres de l’opposition ont brandi ces messages aux députés de la majorité : «Vos mains sont ensanglantées et répondez aux demandes des étudiants !», «La Serbie se lève pour que le régime tombe», et ont envoyé des fumigènes rouges et noirs ainsi que des fusées éclairantes dans l’hémicycle. Une bagarre a eu lieu entre les députés.
Que font les pays européens face à ce mouvement qui secoue la Serbie ? Ils gardent le silence. La France a même vendu des armes au gouvernement corrompu. Mais le mouvement serbe continue de monter en puissance et pourrait bien renverser le pouvoir.
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