Guerre à la guerre : à Nantes, la soirée fait le plein


120 personnes réunies pour échanger et s’organiser contre le militarisme, le 27 mars : récit


Depuis plusieurs mois, une coalition d’organisations unies par leur combat commun contre la guerre et le militarisme s’organise. Il s’agit d’une initiative vitale dans un contexte de fascisation généralisée, de course à l’armement, de génocide colonial et de chocs impérialistes. Redonner vie à un anti-militarisme populaire et offensif, capable de désarmer les marchands de canons et les dirigeants avides de guerre, est l’une des priorités de notre époque.

Cette coalition agrège déjà des groupes anti-racistes, anti-colonialistes, écologistes et révolutionnaires. Elle s’est fixée un premier objectif : perturber le salon du Bourget, le plus grand salon aérospatial du monde, qui expose des avions de guerre et reçoit des centaines de firmes d’armement, y compris israéliennes, dans le cadre d’un grand événement mondial de la vente d’armes. Ce salon aura lieu en juin prochain près de Paris.

Le 27 mars, une première soirée de présentation de Guerre à la guerre était organisée à Nantes, et malgré le bourrage de crâne médiatique en faveur de la guerre, l’événement a fait le plein. Plus de 120 personnes se sont retrouvées pour écouter une série d’interventions contre la guerre. Après une introduction de Contre Attaque, qui organisait l’événement, rappelant les périls qui nous menacent au niveau national comme international, et une présentation de la coalition dont le nom, «Guerre à la guerre», reprend un mot d’ordre historique du mouvement révolutionnaire, plusieurs collectifs sont intervenus, avec chacun des propos denses et puissants.

Urgence Palestine, par la voix d’une porte-parole franco-palestinienne, a livré un récit bouleversant sur le génocide en cours, revenant sur les armes utilisées à Gaza et en Cisjordanie et l’horreur absolue qui se déroule en ce moment. Cette intervention a rappelé de manière crue et directe la finalité des armes, leurs effets sur les corps. Des armes fabriquées et livrées à Israël par les dirigeants occidentaux. Ce tableau terrible a été suivi d’un appel à se mobiliser concrètement pour faire respecter le droit international en actes, puisque celui-ci est bafoué par nos dirigeants, à nous de l’imposer.

Le collectif Stop Arming Israël a poursuivi avec une explication précise sur le business des armes françaises, en soulignant que «la guerre se fabrique près de chez vous». Le secteur de l’armement emploie près de 200.000 personnes en France, et notre pays est le deuxième exportateur d’armes au monde. Le territoire français est couvert d’usines fabriquant des engins de morts, y compris dans la région nantaise. Une production que l’on retrouve utilisée à Gaza, en Ukraine, et dans d’autres conflits. Stop Arming Israël a élaboré une cartographie des vendeurs d’armes, et mène des actions devant les sites de production. Le groupe souhaite aussi sensibiliser les travailleurs et travailleuses de ces entreprises, pour leur rappeler à quoi servent les produits qu’ils et elles fabriquent.

Une responsable du syndicat Solidaires a analysé et critiqué l’économie de guerre qui se met en place : les centaines de milliards d’euros débloqués pour l’armement alors que les mesures anti-sociales et les plans d’austérité se succèdent. Pour la syndicaliste, pas question de faire payer aux classes populaires la fuite en avant militariste. Elle a rappelé que le gouvernement veut également utiliser l’épargne des français pour financer l’industrie guerrière, et continuer son travail de démolition des protections sociales, en profitant de l’effet de sidération et de l’Union Sacrée pour justifier des mesures impopulaires au service des capitalistes.

Un membre de Tsedek, collectif juif décolonial qui est en première ligne des luttes pour la Palestine depuis près de deux ans, a livré une analyse des guerres qui sont déjà là, celles menées par la France : le système néocolonialiste de la Françafrique et ses dictateurs corrompus, la répression militarisée en Kanaky, à Mayotte ou dans les Antilles. Mais aussi toute la militarisation de la répression en métropole, en particulier dans les quartiers populaires et contre les luttes sociales. Tout cela fait partie d’un continuum colonial : la guerre est déjà là, et les méthodes violentes utilisées contre les peuples colonisés et les populations marginalisées ont vocation à se généraliser si l’on n’y résiste pas.

Enfin, un militant des Soulèvements de la Terre a défini le concept d’écocide, qui est historiquement lié à la guerre, puisque le premier écocide a été l’usage massif d’agent Orange, un pesticide toxique, par l’armée des USA au Vietnam. Une arme chimique qui a détruit les forêts et empoisonné la population pour des décennies. Il a aussi rappelé les liens entre l’agro-industrie et l’industrie militaire, qui sont deux branches du même système, né des guerres mondiales. Après avoir dénoncé les discours militaristes des partis politiques «écologistes», il est ensuite revenu sur la nécessité de se mobiliser contre le salon du Bourget, qui va concentrer au même endroit de nombreuses oppressions : le racisme – c’est du Bourget que sont expulsées de nombreuses personnes sans papiers – le colonialisme – avec la présence d’armes utilisées en Palestine, au Yemen ou au Congo – la question écologique – le salon est à la gloire de l’aviation – le capitalisme, le pouvoir – des dirigeants français et étrangers seront présents…

Nous avons ainsi, avec la diversité de ces prises de paroles, balayé un large éventail de points de vue anti-militaristes complémentaires, qui méritent d’être entendus beaucoup plus largement.

Ces interventions passionnantes ont été suivies par une assemblée attentive qui a posé quelques questions. Parmi les prises de paroles, celle d’une personne originaire des Antilles qui a souligné que les colonies françaises des Caraïbes étaient un terrain d’expérimentation militaire pour notre pays, et seraient particulièrement exposées en cas de conflit militaire. Un responsable syndical de La Poste – dont la filière bancaire va contribuer à l’économie de guerre – a souhaité apporter sa pierre à l’édifice de la mobilisation, et une militante contre le Service National Universel a rappelé l’importance d’empêcher la propagande militaire dans les écoles.

Après avoir partagé un couscous et un temps convivial, l’artiste Shadeblauck a offert aux personnes présentes un joli concert, ponctué de textes à la fois intimes et engagés, servis par une présence scénique lumineuse, afin de conclure cette soirée.


Dans les semaines à venir, Guerre à la guerre organisera d’autres interventions dans toute la France. Un mouvement se lève, rejoignez la coalition !


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