Les CRA, symboles du racisme d’État
Ces derniers jours, des graffitis et affiches ont essaimé un peu partout à Nantes et ses alentours. Ces derniers affichent un message clair : Nantes refuse la construction d’un CRA – Centre de Rétention Administrative – machine raciste et répressive, symbole de la violence systémique d’un État qui se fascise à vitesse grand V. “Crame ton CRA”, “feu aux frontières”, “soutien aux sans-papiers” pouvait-on lire, ainsi qu’un rappel de la réalité d’un CRA : “conditions indignes, traitements inhumains, violences policières”.
Un centre de rétention devrait en effet voir le jour d’ici début 2028 près de la maison d’arrêt de Nantes-Carquefou, accusant d’ors et déjà un retard important puisque les premières prévisions tablaient sur 2026-27. Coût minimum de l’opération : 36 millions d’euros hors taxes, sans compter le salaire des 200 policiers qui y travailleront, alors que dans le même temps l’austérité budgétaire est présentée comme l’alpha et l’oméga des politiques publiques.
Enfermer les étranger-es semble être une priorité plus importante que la santé et l’éducation. Mais ne venez pas crier au racisme institutionnalisé ! Les conditions inhumaines de détention dans ces centres de la honte ont conduit la France à être condamnée pas moins de 12 fois depuis 2012 pour traitements inhumains et dégradants. Jusqu’en janvier 2024, il était même possible d’y enfermer des enfants, ce qui est toujours possible à Mayotte : en 2023, 3.262 mineurs étaient détenus.
Le 31 janvier dernier, l’État lançait un appel d’offre pour la création de cette prison qui ne dit pas son nom. Le “lauréat” sera connu en 2026. Il s’agira ni plus ni moins de l’un des plus importants centres du pays, avec 140 places disponibles. En comparaison, celui de Rennes compte 56 places et celui d’Orléans 90. Une annexe au palais de justice de 450m² sera également construite à côté.
Depuis le début d’année, des rafles ont lieu toutes les semaines dans le centre de Nantes, une véritable chasse à l’homme qui a conduit à de nombreuses arrestations et placements en CRA abusifs : un juge des libertés d’Orléans avait notamment exigé la libération de deux hommes arrêtés fin janvier et placés au CRA d’Olivet de manière illégale. Le 8 avril dernier, ce sont deux élèves de 11 et 13 ans du collège Salavador Allende de Rezé qui ont été arrêté-es et expulsé-es avec leur mère vers la Géorgie, soulevant l’indignation de leurs proches. Il est temps d’enrayer la machine raciste et sécuritaire.
Le 14 mars dernier, l’entreprise responsable de la construction, EGIS, avait été bloquée par une cinquantaine de militant-es déterminé-es. Des rassemblements contre le CRA ont lieu tous les premiers samedi du mois. La deuxième assemblée générale anti-CRA aura lieu le 24 avril prochain à 18h au local B17. Enfin, un grand rassemblement est également prévu le 17 mai à 15h au miroir d’eau.
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