Macron et Bayrou nous imposent la guerre sociale et militaire


Supprimer le jour férié qui commémore la chute du nazisme pour financer la guerre est un choix symbolique assez stupéfiant


Macron et Bayrou devant un militaire au garde à vous : les deux chefs de l'exécutif représentent à la fois la guerre sociale et militaire.

Les trois derniers jours ont été marqués par une offensive majeure. Nos dirigeants illégitimes, gouvernant par 49.3 depuis maintenant plusieurs années, bafouant les résultats électoraux et muselant la rue, profitent de la torpeur estivale pour annoncer un véritable plan de bataille : une guerre sociale et militaire.

Premier épisode : Macron nous propose la guerre et le «sacrifice ultime»

Le 13 juillet, Macron prononçait un discours d’une rare violence, avec un ton militariste débridé. Il assénait par exemple : «Pour être libres dans ce monde il faut être craints. Pour être craints il faut être puissants». La géopolitique vue sous le prisme de la loi du plus fort et non de la diplomatie et de la désescalade. C’est exactement cette logique qui a mené aux deux guerres mondiales le siècle dernier. Sauf qu’au XXIème siècle, nos moyens de destruction sont infiniment plus puissants encore.

Dans son délire belliciste, Macron insistait : «La Nation, pour cela, doit être plus forte», il est nécessaire de «produire plus rapidement, de produire de la masse nouvelle, de nous adapter à la demande» ou encore «renforcer nos armes de saturation et nos armes de précision, nous doter de drones pour nos groupes de combat, pousser au maximum les curseurs de l’entraînement des soldats». Un fana-mili qui joue à la guerre, sans jamais l’avoir connue ni même avoir fait son service militaire.

«Il faut de la bravoure, mais aussi des stocks et une industrie de défense adaptée» disait également Macron. Donc un passage en économie de guerre : «Le budget des armées sera doublé dès 2027» pour atteindre 64 milliards d’euros. Des dépenses pharaoniques.

Plus lugubre encore, le président a parlé «d’acceptation du sacrifice, jusqu’au sacrifice ultime», un mot qu’il avait déjà employé ces derniers mois, comme s’il rêvait de sacrifier la jeunesse plutôt que de lui offrir un avenir désirable, parlant «d’offrir un débouché à cette formidable envie d’engagement de la jeunesse». Comme si la jeunesse, qui manifesté massivement contre lui depuis des années, avait pour projet de mourir dans des guerres absurdes. Macron concluait, concernant un retour du service militaire : «Je donnerai mes orientations et mes décisions en ce sens à l’automne». Il faudra donc se tenir prêt à ce moment là.

Deuxième épisode : plan d’austérité et guerre sociale

Dans son discours, le président a dit qu’il refusait que «l’effort nouveau et historique» pour le «salut de la patrie» soit financé par l’endettement. En d’autres termes : il va falloir ponctionner l’argent des services publics pour acheter des armes. Ce tour de vis a été précisé ce mardi 15 juillet par François Bayrou. Le premier ministre annonce un plan d’austérité XXL de «44 milliards d’euros d’efforts». De l’argent pour «les armes nouvelles qui garantissent la liberté».

Parmi les principales annonces du Premier Ministre, la suppression de «deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 Mai » car «il faut que toute la nation travaille plus». Supprimer la date de la chute du nazisme pour financer la guerre est un choix symbolique assez stupéfiant.

En 2003, le gouvernement Chirac avait supprimé le lundi de Pentecôte pour instaurer une «journée de solidarité» envers les personnes âgées. Une mesure qui a rapporté 3,5 milliards d’euros de recettes par an, soit 50 milliards depuis 2004, et dont personne n’a vu la couleur. La France a continué à s’endetter, les personnes âgées ne sont pas mieux prises en charge, les maisons de retraites restent contrôlées par des entreprises privées aux pratiques affreuses. Bref, nous nous sommes fait voler.

Autre mesure d’austérité : une «année blanche» en 2026, sans hausse des prestations sociales ni des pensions de retraite. Concrètement, cela veut dire une baisse de toutes les aides, car avec l’inflation, maintenir le même montant de prestations revient à les diminuer. Cette mesure sera évidemment supportée par les plus précaires, qui vont souffrir. Le taux de pauvreté, qui a déjà battu un record selon les chiffres publiés par l’Insee, va continuer d’augmenter. Autre économie : un fonctionnaire sur trois partant à la retraite ne sera pas remplacé.

Bayrou propose aussi de lancer «un nouveau chantier sur l’assurance chômage», c’est-à-dire de continuer à dépouiller les chômeurs et chômeuses, dans la continuité des précédentes «réformes» sur le sujet. Concrètement, l’assurance chômage a été massivement baissée alors qu’il s’agit d’un droit et non d’un cadeau, pour lequel les travailleur-ses cotisent. Baisser le chômage sans augmenter les salaires, c’est du vol pur et simple, prélevé sur la force de travail.

Le Premier Ministre veut aussi une saignée dans la santé, «de l’ordre de 5 milliards d’euros». C’est vrai que les hôpitaux sont dans un état formidable et que le système de soin peut se permettre une nouvelle cure de rigueur. Parmi les économies : attaquer la prise en charge des affections de longue durée, donc cogner sur des gens déjà en grande souffrance physique – AVC, mucoviscidose, cancer, insuffisance rénale… Faire payer des personnes gravement malades est une ignominie totale. Autre idée : réduire le remboursement des médicaments. Une attaque de plus contre la sécurité sociale.

Mais comme Bayrou ose tout, il veut dans le même temps augmenter les cadeaux aux entreprises ! «Nous consacrerons 900 millions d’euros de financement supplémentaires à l’investissement dans les entreprises» a-t-il annoncé, en expliquant que «le travail et la compétitivité de nos entreprises doivent être autant que possible épargnés». C’est donc l’austérité pour les travailleurs et travailleuses, mais toujours plus d’aides aux entreprises. Pour rappel, celles-ci en reçoivent déjà plus de 200 milliards par an – oui, milliards – sans contrepartie, sans créer d’emploi ni investir, et reversent tout à leurs actionnaires. Il veut aussi augmenter les financements «vers les secteurs prioritaires de l’intelligence artificielle et du cyber» pour «améliorer la productivité des entreprises». L’État va donc financer des technologies qui permettent de remplacer les salarié-es par des robots, pour le plus grand profit des patrons.

Après le discours de Bayrou, la ministre Montchalin, une ultra-libérale issue de la droite radicale, a martelé que la première des priorités, «c’est celle de la sécurité» et que, comme pour l’armée, l’État allait continuer à «investir dans de nouvelles brigades de gendarmerie et dans des prisons modulaires». Le ministre Rebsamen a promis une «contribution des collectivités à l’effort national» à hauteur de 5,3 milliards d’euros, donc des coupes dans le budget des associations, de la culture, des services publics municipaux. Là encore, le projet est clair : moins d’école et d’hôpitaux, plus de flics et de prisons.

La mascarade va-t-elle encore durer longtemps ? Ce n’est pas sûr, car avec de telles annonces, le gouvernement pourrait être censuré à la rentrée. Mais après ? Une nouvelle dissolution ? Une cohabitation avec le RN ? Une fuite en avant guerrière ? Un état d’urgence ? Ou une mobilisation populaire massive qui permettrait de sortir de l’étau qui se referme ?

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