L’histoire s’accélère en cette fin d’été au Proche-Orient, le gouvernement fasciste israélien affiche de plus en plus clairement son objectif d’élimination totale de la Palestine et de son peuple, tout en menaçant quiconque pourrait s’y opposer. Récapitulatif de ces derniers jours.

Annexion de Gaza et déportation de population
Le 20 août, le ministre israélien de la Défense a officialisé un «plan d’attaque» pour la prise de la ville de Gaza par l’armée, et ordonné le rappel de 60.000 réservistes. Au total, plus de 120.000 réservistes seront envoyé sur le terrain pour annexer Gaza. De nombreux blindés sont déjà massés et attendent le feu vert pour lancer l’opération.
Le 8 août, le cabinet de sécurité israélien avait approuvé un plan d’anéantissement de la bande de Gaza. Netanyahou avait annoncé l’occupation du territoire par Israël, et il avait déclaré être investi d’une «mission historique et spirituelle» au service du projet de «Grand Israël».
Le ministre Israël Katz a aussi validé les «préparatifs humanitaires pour l’évacuation» des civils de la ville de Gaza, c’est-à-dire un déplacement forcé de population survivante, donc un nettoyage ethnique. Le porte-parole de l’armée déclare : «Nous n’attendons pas. Déjà, maintenant, les troupes de l’IDF [Israel Defense forces] tiennent les banlieues de Gaza City.»
À la base, l’expulsion des habitants de la ville de Gaza était programmée pour la date symbolique du 7 octobre, mais le gouvernement sioniste accélère son calendrier, et a demandé à l’armée d’agir plus vite.
«Enterrer» l’État palestinien
«Nous allons enterrer l’État palestinien, les européens n’auront plus rien à reconnaître». Ce sont les mots du ministre fasciste Bezalel Smotrich le 13 août. Exhibant une carte de la colonisation en Cisjordanie, il validait du même coup la construction de 3400 logements israéliens dans la zone E1. E1 signifie Est 1, un territoire palestinien situé à l’est de Jérusalem, jusqu’ici préservé.
Cette zone est stratégique : si elle était annexée par Israël, cela isolerait définitivement le nord de la Cisjordanie du Sud, mais aussi l’Est de Jérusalem où vivent 400.000 palestiniens. Ce serait une coupure au sein de ce qu’il reste de territoire palestinien, déjà largement grignoté par les colonies illégales.
L’extrême droite israélienne réclame l’implantation de colonies en zone E1 depuis trente ans, mais jusqu’ici les gouvernements sionistes avaient toujours reculé face aux pressions internationales. Avec ce plan, c’est un pas de plus vers l’annexion de la Cisjordanie, et surtout la quasi-impossibilité de composer un État palestinien avec les territoires restants. Depuis 2023, des milliers d’hectares de terres palestiniennes ont été volées par les colons, et de véritables pogroms racistes sont organisés régulièrement contre des villages palestiniens. La «reconnaissance» de la Palestine par les dirigeants français et anglais en septembre n’aura aucun effet s’il ne reste rien à reconnaître.
Terreur jusque dans les cellules
Un autre ministre israélien suprémaciste, Itamar Ben Gvir, s’est rendu, avec des agents armés et des journalistes, dans la cellule du prisonnier palestinien Marwan Barghouti. Une mise en scène ignoble, en plus d’être d’une lâcheté totale. Devant les caméras, il a déclaré au détenu : «Nous vous anéantirons, nous vous effacerons».
Barghouti est surnommé le «Mandela palestinien». Cet homme âgé de 66 ans est emprisonné depuis 23 ans et placé à l’isolement depuis 2 ans. En tant que leader du Fatah, il est une figure centrale de la résistance palestinienne, très populaire, interlocuteur reconnu et figure plutôt respectée. Cet homme est l’un des seuls à pouvoir assurer un rôle politique de premier plan en cas de reconnaissance réelle d’un État palestinien.
Or, Barghouti est apparu très amaigri sur les images diffusées par les médias israéliens, et les menaces de Ben Gvir laissent présager un assassinat en prison, pour empêcher toute possibilité d’un dialogue politique, à tout jamais. Ces images rappellent aussi qu’Israël retient en otage 10.800 prisonniers et prisonnières, dont 450 enfants, souvent enfermés sans procès, et dans des conditions s’apparentant à de la torture.
Somaliland
Le 9 août, Donald Trump a confirmé face caméra qu’il envisage de reconnaître le Somaliland s’il accepte les expulsés de Gaza. Un deal ignoble. Israël mène des discussions depuis des mois pour «relocaliser» les Palestiniens de Gaza en Afrique de l’est. La presse révélait le 13 août que le gouvernement de Netanyahou envisageait une déportation des gazaouis survivants au Soudan du Sud. À chaque fois, il s’agit de pays très pauvres, en guerre, en grande difficulté, que l’axe USA-Israël fait chanter pour y transférer les palestiniens.
Écrasé vivant
Le 20 août, des combats ont eu lieu à Gaza, durant lesquels 10 combattants palestiniens qui ont tenté de prendre une position israélienne ont été tués. Sur des images de la scène, on voit un combattant palestinien vivant, ne pouvant pas fuir à cause d’une blessure, écrasé vivant par un char d’assaut israélien. Un crime de guerre de plus.
Les blindés israéliens ont pris l’habitude de broyer le corps de palestiniens depuis deux ans. En 2024, des réseaux sociaux israéliens diffusaient même la photo d’un corps atrocement broyé sous les chenilles d’un blindé, suscitant des «likes» et des commentaires moqueurs. Il avait été identifié : Jamal Hamdi Hassan Ashour, âgé de 62 ans. Dans un amas de chair et d’os, un bras attaché par des serflex, montrant qu’il a été écrasé alors qu’il était détenu. En 2003 déjà, un engin israélien avait délibérément écrasé la militante étasunienne Rachel Corrie, qui s’opposait à la destruction d’une maison palestinienne. Combien de corps ont disparu ces derniers mois sous le poids des blindés et ne seront jamais comptabilisés ?
Représailles contre la France
Netanyahou est très en colère que la France veuille reconnaître l’État palestinien, comme l’ont fait la plupart des autres pays du monde, et accuse désormais Macron «d’alimenter le feu antisémite», dans un courrier violent envoyé au président français. Son analyse «est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse», répond la présidence française. C’était bien la peine de s’aplatir devant Netanyahou, de parler de «soutien inconditionnel» à Israël, si c’est pour finir par être diffamé comme un vulgaire Mélenchon.
Le ministre des Affaires étrangères israélien souhaite même la fermeture du consulat de France à Jérusalem. Une mesure qui serait très grave, car la France y possède un consulat depuis des siècles, bien avant la création d’Israël, et plusieurs bâtiments, notamment religieux, relèvent de sa souveraineté.
En mai dernier, Itamar Ben Gvir écrivait : «Macron fait le jeu du terrorisme islamique. Le terrorisme islamique explosera au visage de tous les citoyens français. Lorsque Macron comprendra cela, il sera trop tard. Citoyens de France, réveillez-vous !» Il menaçait ainsi la France d’attentats terroristes. Des propos graves et d’autant plus troublants qu’il n’y a aucune raison qu’une reconnaissance de la Palestine puisse attiser un quelconque «terrorisme islamiste», bien au contraire. À moins qu’une puissance hostile commette un attentat sous faux drapeau ?
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