Et autres chiffres sur le génocide en cours

À Gaza, 83% des personnes tuées par l’armée israélienne depuis octobre 2023 sont des civils. Quelle est la source de ce chiffre accablant ? L’armée israélienne elle-même.
L’information provient d’une enquête du magazine israélien +972, de Local Call et du journal anglais The Guardian, basée sur les chiffres d’une base de données classifiée. Ce document interne à l’armée coloniale recense les morts de combattants palestiniens. En comparant ce chiffre au nombre total de morts recensés à Gaza, les enquêteurs ont calculé que plus de 8 morts sur 10 dans l’enclave palestinienne n’étaient pas des combattants.
Pour quiconque s’intéresse à la situation palestinienne et s’informe sur le génocide en cours à Gaza, ces chiffres sont une évidence, et ils sont très probablement sous-estimés, car ils se basent sur les décès recensées, alors que le système de santé et l’administration à Gaza ont été anéanties, qu’une grande partie des corps sont sous les décombres, enterrés dans des fosses communes par l’armée israélienne, et parfois même broyés sous les chenilles des chars.
Pour autant, un tel chiffre venant des responsables du massacre eux-mêmes démontre ce que personne ne peut plus ignorer : Israël extermine le peuple palestinien. Et une fois de plus, l’armée israélienne et des responsables gouvernementaux ont menti, en répétant dans leurs discours publics que le ratio entre civil·es et militant·s tué·es était de un pour un ou de deux pour un.
Pour autant, toutes les guerres actuelles tuent majoritairement des civils. Les opérations militaires ne tuent quasiment plus les soldats, et elles s’en prennent majoritairement à des populations désarmées, dans le cadre de conflits asymétriques dans lesquels l’écrasante majorité des victimes ne participaient pas au combat. Selon l’UNICEF, les morts civils des conflits armés étaient d’environ 5% au tournant du XXe siècle. Un rapport de l’Union Européenne paru en 2009 estimait déjà que «depuis 1990, les guerres ont coûté la vie à près de quatre millions de personnes, dont 90% de civils».
Autrement dit, la nature de la guerre elle-même a changé, elle n’oppose quasiment plus les soldats, mais s’en prend directement aux peuples. À Gaza, Israël va plus loin, puisqu’elle y organise le premier génocide assisté par Intelligence Artificielle : des logiciels compilent des données de surveillance pour générer automatiquement des «cibles» de probables combattants, qui sont ensuite frappées par des drones et des avions de guerre. Ces bombardements tuent sans distinction tous les êtres vivants autour de ces «cibles» créés par l’IA.
Les journalistes de +972, à partir de cinq sources israéliennes issues des services de sécurité, révèlent aussi qu’Israël utilise la doctrine de la «double frappe». Pour s’assurer d’assassiner une «cible», l’armée mène systématiquement un bombardement supplémentaire dans la zone visée une première fois, ce qui tue intentionnellement des ambulanciers, journalistes, et toute personne venue participer au sauvetage.
C’est ce qu’il s’est passé le 25 août. Un journaliste a filmé en direct une attaque israélienne contre des secouristes à l’hôpital Nasser. Ces derniers étaient venus aider des victimes d’un tir israélien qui venait de toucher l’hôpital, quelques minutes auparavant.
Autre cas similaire début juillet : la palestinienne Hala Arafat, âgée de 35 ans, avait été filmée alors qu’elle était coincée sous les décombres de sa maison dans le nord de Gaza. L’armée israélienne s’est assurée que personne ne puisse la sauver, en frappant une deuxième fois avec des drones sur toute personne qui s’approchait de la zone pendant plusieurs heures. Elle est décédée avec tout le reste de sa famille.
Un dernier chiffre terrifiant : depuis le 7 octobre, Israël a bombardé au moins 136 fois des hôpitaux, selon un décompte de l’ONU en décembre 2024. 90% des lieux de soin de Gaza ont été détruits, soit 34 sur les 38 qui existaient avant l’opération génocidaire.
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