
La classe politique française est l’une des plus dégoutante du monde, et elle donne souvent à voir des scènes qui provoquent des hauts le cœur. Mais le spectacle qu’est en train d’offrir la gauche française bat des records d’infamie. Alors que Macron est le président le plus détesté de la Cinquième République, à la tête d’un gouvernement en plein naufrage, et à la veille d’un mouvement social qui pourrait être historique, le Parti Socialiste et les Verts ont décidé de lancer un concours étonnant : qui sera le paillasson le plus docile pour obtenir un poste de ministre ?
Alors que la chute de François Bayrou semble inéluctable, et que la seule position décente serait d’exiger la démission de Macron, les responsables socialistes et écologistes se précipitent sur les plateaux télé et aux portes des palais du pouvoir pour quémander une place au milieu des dorures.
Olivier Faure déclare le 2 septembre sur LCI : «Je suis à la disposition, évidemment, du chef de l’État, à tout moment, pour discuter des conditions dans lesquelles nous pourrions occuper les places gouvernementales». Il ajoute : «J’ai dit à tous mes camarades : si l’un d’entre vous a son téléphone qui sonne et que c’est le président de la République, d’abord il décroche, et si le président lui propose d’être Premier ministre, il répond oui». Bon chien. Olivier Faure serait même en «échange en direct avec Emmanuel Macron» selon Le Parisien, et se voit déjà à Matignon. Le PS n’a eu de cesse de cogner de toutes ses forces sur la France Insoumise pour son soutien à la Palestine, mais se transforme instantanément en caniche docile de Macron s’il peut gratter des places.
François Hollande, fléau politique absolu, sort de son bocal de formol pour réclamer un «compromis» avec Macron : «Il faut aller chercher une politique qui puisse engager une majorité, [il faut] savoir qu’il y aura des concessions à faire». Ce pauvre homme croit encore qu’il a un avenir politique. Raphaël Glucksmann écume les médias pour répéter qu’il ne s’alliera jamais avec LFI, même pour barrer la route au RN, et appelle à travailler avec les macronistes. Il préfère donc l’extrême droite à la gauche, et ne le cache même plus. En juillet dernier, Glucksmann soutenait, aux côtés de Gabriel Attal, d’Élisabeth Borne et de Bernard Cazeneuve la création d’une plateforme ouverte à tous les «progressistes».
De leur côté, les Écologistes sont en train d’organiser une coalition de gauche sans LFI «pour préparer l’après-Bayrou». «Face à l’urgence sociale et écologique, Les Écologistes et plusieurs partis de gauche dévoilent des mesures concrètes pour un possible gouvernement, malgré l’absence de La France insoumise» écrit Le Monde ce 5 septembre. Dans Le Nouvel Obs, Yannick Jadot, minable candidat EELV à la présidentielle, dont le seul rôle aura été d’empêcher la gauche d’être au second tour et d’offrir une finale entre Macron et Le Pen, appelle à un «pacte républicain» de compromis avec les macronistes : «Face aux menaces, Les Écologistes et la gauche doivent assumer des alliances, aussi difficiles soient-elles». On se souvient qu’en 2022, il avait cogné jusqu’au dernier jour de la campagne sur LFI. Sans Jadot, le paysage politique français serait profondément différent aujourd’hui.
«Seule une entente entre le bloc dit central et la gauche peut espérer réunir une majorité» déclare David Cormand d’EELV, dans un post liké par Marine Tondelier. Même le quotidien l’Huma met en couverture ce titre étrange : «La gauche est-elle prête à gouverner ?» avec les visages de Roussel, Faure et des autres, comme si c’était une option crédible et souhaitable.
Enfin, l’hebdomadaire Le Point fait fuiter des pseudo-révélations venues du camp présidentiel. On peut y lire que Macron aurait déclaré : «Le PS est la clé» dans un article titré : «Emmanuel Macron prépare-t-il un virage à gauche ?» Après 8 ans à gouverner à l’extrême droite, c’est tout à fait crédible… Dans cet article on lit que «le président a enjoint à ses convives de travailler avec les socialistes». Dans un second article, Le Point publie que «la gauche (et notamment le PS) n’a jamais semblé aussi proche de revenir aux affaires.» Et ajoute que Macron «ne ferme pas la porte à un accord avec le PS sous la forme d’un soutien au gouvernement».
Finalement, tout cela semble assez logique. C’est un simple renvoi d’ascenseur, puisque le PS ne s’est jamais opposé à Macron, qui est une créature issue de ses rangs, et a apporté son soutien au gouvernement Bayrou. Ce qui a notamment permis à un néofasciste comme Bruno Retailleau d’être propulsé à la tête de la police, et de faire cracher du sang à la population.
Clou du spectacle, Les Républicains disent qu’ils ne censureront «ni un gouvernement PS, ni un gouvernement RN» pour éviter «une instabilité catastrophique», selon les mots de Laurent Wauquiez, élu d’extrême droite accusé de détournement de fonds. C’est donc une grande coalition allant de Marine Tondelier à Bruno Retailleau qui se dessine. Mais qui peut y croire sérieusement ? Tout accord avec Macron signerait le discrédit définitif de cette gauche molle. Si cela devait se produire, bon débarras. Mais on doute que Macron ait envie de confier un quelconque portefeuille à quelqu’un qui ne lui serait pas totalement soumis, et il n’a pas l’intention de renoncer à son plan d’austérité. Et si tout cela n’était qu’une mise en scène pour préparer une dissolution tout en montrant qu’il souhaite « l’ouverture » ?
Quoiqu’il en soit, cette tambouille ne suscite qu’une seule chose : l’écœurement. Et quelles que soient les manœuvres dans les prochains jours, le mot d’ordre du mouvement à venir doit, plus que jamais, être celui-ci : «Qu’ils s’en aillent tous».
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