CV truqué, copinage avec Benalla, vacances chez un trafiquant de drogue corse… les belles histoires du nouveau Premier ministre

Vous avez aimé les mensonges à répétition de François Bayrou, qui promettait en bégayant qu’il n’avait pas couvert d’actes pédocriminels dans un établissement privé de sa propre ville, où travaillait sa compagne et où étaient scolarisés ses propres enfants ? Alors vous allez adorer son successeur, Sébastien Lecornu.
Le nouveau Premier ministre a un profil inquiétant. Il vient des rangs fillonistes, c’est-à-dire la vieille droite à la fois réactionnaire et ultra-libérale. C’est un technocrate froid, sans scrupule, qui s’est spécialisé dans le militarisme et les ventes d’armes en tant que Ministre des Armées. Il est responsable d’exportations de munitions vers Israël, et il est l’auteur d’un livre au titre terrifiant : «Vers la guerre ?» Lecornu est un artisan de la militarisation de la France et de la course vers la guerre totale. Très proche de Macron, c’est aussi lui qui fait le lien entre le clan présidentiel et l’extrême droite : il avait organisé en avril dernier un dîner secret avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, et il a le soutien du RN.
Mais il y a aussi quelques anecdotes rigolotes et casseroles qui traînent sur ce sinistre individu. Depuis 2016, Lecornu et son équipe affirment qu’il a obtenu un Master de Droit à l’Université d’Assas. Ce diplôme figurait même sur le site officiel du gouvernement, dans le CV du Ministre. C’était un gros mensonge. Médiapart révèle que Lecornu n’a jamais validé le diplôme de droit qu’il prétendait avoir. Confronté à l’enquête du site d’investigation, le cabinet du 1er ministre vient de confirmer les informations du journal. Dans un autre pays, cela provoquerait un scandale national et la probable démission du gouvernement. Mais en France, cela ne fera guère plus que quelques secondes au JT, on n’est plus à ça près.
Autre histoire curieuse : Lecornu est un vieux copain d’Alexandre Benalla, avec qui il s’est engagé dans la réserve de la gendarmerie. Souvenez-vous : en 2018, cette brute de Benalla, garde du corps de Macron, bénéficiait de privilèges sidérants. Il avait dissimulé un coffre fort dont le contenu n’a jamais été retrouvé, s’était déguisé en flic pour aller tabasser des manifestants. Filmé en train de cogner et de stranguler de jeunes gens, Benalla s’était retrouvé au cœur d’une invraisemblable tempête. On apprenait alors qu’il bénéficiait d’un logement somptueux dans Paris, exerçait des missions obscures pour le compte de Macron, n’avait pas de fonctions claires mais faisait le coup de poing avec un autre gendarme néo-nazi, Vincent Crase…
Malgré des éléments accablants, Macron avait soutenu son chouchou de toutes ses forces, envers et contre tout. Il avait même crié aux gens qui s’en prenaient à son petit protégé «qu’ils viennent me chercher !» L’affaire Benalla est l’une des histoires sombres et encore non élucidée de la période Macron. Aujourd’hui, l’ancien garde du corps du président est toujours une petite frappe mafieuse utilisant les réseaux offerts par l’Élysée pour faire du «conseil» avec des sociétés russes…
Mais revenons à Lecornu : dès 2018, le quotidien Le Monde révélait que «le responsable de la sécurité présidentielle est également un proche de Sébastien Lecornu». Les deux hommes sont «originaires de l’Eure» et «se sont connus au sein de la réserve opérationnelle de la gendarmerie». Ils partagent visiblement un goût pour l’uniforme. «J’ai été le commandant de peloton d’Alexandre Benalla en 2012 ou 2013» reconnaissait Sébastien Lecornu, au Monde, qui n’était pas encore très connu. L’actuel Premier ministre faisait l’éloge de son camarade : il «n’était pas un mauvais gendarme de réserve, au contraire». Le quotidien précisait : les «deux hommes se seraient recroisés à différentes occasions, notamment lors de cérémonies de la gendarmerie, et seraient restés en contact sur le réseau Facebook, où ils sont amis». Ils le sont sans doute encore aujourd’hui.
Autre affaire louche : Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin auraient passé leur vacances chez un mafieux Corse. C’est en tout cas ce que révélait Médiapart en 2017. Les deux ministre macronistes auraient, selon le journal d’investigation, passé un séjour dans une villa corse appartenant à la compagne de Gilbert Casanova, ancien président de la chambre de commerce d’Ajaccio, condamné en 2010 à huit ans de prison ferme pour trafic de cannabis international. «Les deux membres du gouvernement auraient même été reçus à l’aéroport d’Ajaccio par le couple en question» expliquait le journal. Deux ministres chez un gros poisson du crime corse, des amitiés avec des barbouzes : le macronisme démarrait sur les chapeaux de roue. À l’époque, Lecornu et Darmanin avaient porté plainte contre Médiapart, qui avait été relaxé des poursuites en diffamation.
Ces quelques dossiers ne sont sans doute que la face émergée de l’iceberg des crapuleries de la garde rapprochée du président. Comme le confiait un ancien ministre au Parisien : «Lecornu, c’est la dernière cartouche. S’il est renversé, je ne vois pas comment on se relève», ou encore «c’est le gouvernement de la dernière chance».
C’est en effet mal parti, selon un sondage réalisé juste après sa nomination, 66% des Français ne lui font pas confiance. Mais Lecornu bénéficie pour l’instant de soutiens bienveillants. Le RN de Bardella et le PS d’Olivier Faure ont promis qu’il ne censureraient pas le nouveau chef de gouvernement. Entre menteurs, tricheurs et traîtres, on se serre les coudes.
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