«Nous, on aime Trump ! Est-ce que vous aimez Donald Trump ? Sale n**** rentrez chez vous !», attaque négrophobe lors de la Biennale de la danse de Lyon

Vendredi 26 septembre dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, la chanteuse et chorégraphe Dorothée Munyaneza, le musicien Ben LaMar Gay et le poète Julianknxx ont été frappé-es et insulté-es parce que noir-es.
Alors qu’ils rentrent dans un restaurant, un groupe d’individus commence à les prendre à partie : “Nous, on aime Trump ! Est-ce que vous aimez Donald Trump ? Sale n**** rentrez chez vous !” Les trois artistes décident alors de sortir du restaurant, mais sont poursuivi-es par les racistes. Ben LaMar Gay et Julianknx sont jetés à terre et roués de coups.
Chloé Siganos, responsable du spectacle vivant au Centre Pompidou, explique que “Dorothée pleurait et hurlait à l’aide. Personne n’a appelé la police”. Ils finissent par parvenir à s’extirper, prennent un VTC et rentrent à l’hôtel, avant d’être accompagnés aux urgences dans la nuit. Ben LaMar Gay doit se faire poser une attelle à la cheville et a 2 jours d’ITT. Ce dernier et Dorothée Munyaneza, extrêmement choqués, continueront à jouer leur spectacle, qu’ils décrivent comme un “spectacle de résistance”.
Cette agression raciste intervient à peine un mois et demi après la chasse à l’homme raciste de Royère-de-Vassivière, où une quinzaine d’individus s’en sont pris à homme, seule personne noire présente, lui lançant des insultes raciste : «Sale Noir, tu n’as rien à faire ici». Les agresseurs avinés, dont un élu municipal et le président de la société de chasse locale, l’avaient pris en chasse dans un pick up blanc en continuant à l’insulter, hurlant «la chasse au n**** est ouverte» et «viens, on va te tuer sale noir». Il ne s’agit pas là d’actes isolés, mais bien de la conséquence du racisme de plus en plus décomplexé qui infuse nos sociétés. Du reste, à Lyon, l’extrême droite multiplie les agressions depuis de nombreuses années, contre des personnes non-blanches ou soupçonnées d’être antifascistes, avec la bénédiction des autorités locales.
Les actes racistes se sont multipliés ces dernières années en France. Entre 2016 et 2024, les infractions à caractère raciste ont augmenté de 10% selon le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH). Ce sont les hommes racisés de 25 à 54 ans et les ressortissants de pays d’Afrique qui sont surreprésentés parmi les victimes : 11% des agressions, alors qu’ils ne représentent que 4% de la population. En outre, ces chiffres ne représentent que les personnes ayant signalé les infractions. Or, une autre étude du Ministère de l’Intérieur intitulée «Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS)» met en lumière qu’au moins 1,2 million de personnes de plus de 14 ans se déclarent victimes d’atteintes à caractère raciste au moins une fois par an en 2022. Seules 3% portent plainte. Sur les 8282 affaires traitées par la justice en 2023, seules 1594 ont été suivies d’effet.
«Le taux de classement sans suite demeure très élevé, bien au-dessus du contentieux général» explique le rapport de la CNCDH de 2024. «Ce faible nombre des condamnations [nourrit] le sentiment d’impunité des auteurs, la défiance des minorités vis-à-vis des institutions comme leur sentiment d’insécurité». Ainsi, les agressions racistes explosent, l’impunité perdure.
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