Médias français : propagandistes génocidaires

La couverture du documentaire "Les guetteuses du 7 octobre", diffusé sur France 5, qui reprend directement la propagande génocidaire de Netanyahou.

Alors que personne, ou presque, ne conteste plus la qualification de «génocide» pour ce qui se passe à Gaza, que les dirigeants israéliens sont poursuivis pour «crimes contre l’humanité» et viennent d’attaquer une flottille humanitaire qui tentait de briser le blocus illégal de Gaza, alors que des millions de personnes manifestent en Europe et dans le monde pour la Palestine, les médias français poursuivent leur propagande. Pire, à la veille du 7 octobre, ils redoublent d’ignominie et de mensonge.

Dimanche 5 octobre à 21h, la chaîne publique France 5 diffusait une vidéo intitulée «Les Guetteuses du 7 Octobre». Un pseudo-documentaire sur le groupe de jeunes soldates israéliennes chargées de surveiller la frontière entre Israël et Gaza, qui sont présentées comme les «premières victimes» de l’assaut des commandos palestiniens. Le réalisateur les présente comme «des jeunes filles, qui effectuaient leur service militaire dans la section des ‘guetteuses’». Quasiment des innocentes désarmées, qui auraient été tuées ou capturées sans raison. Cette quinzaine de militaires est longuement humanisée, contrairement aux centaines de milliers de victimes palestiniennes.

En réalité, ces pauvres jeunes filles se trouvaient la base militaire israélienne de Nahal Oz, située en bordure de Gaza. Leur groupe, l’unité 414, était chargé de surveiller la frontière militarisée qui enferme Gaza depuis 2007, et à utiliser les tourelles d’artillerie télécommandées installées sur le mur de séparation, contre les palestiniens. En clair : tirer sur quiconque s’approche trop près du mur de démarcation.

Ces soldates étaient chargées de contrôler les caméras de surveillance le long de cette frontière, et d’envoyer des forces en cas d’incidents potentiels. L’unité 414 dispose aussi de tireurs d’élite. En 2018, de grandes marches pacifiques de palestiniens ont essayé de s’approcher du mur, pour dénoncer l’apartheid israélien. L’armée coloniale a ouvert le feu sur ces civils désarmés, causant plus de 200 morts et 29.000 blessés, dont plus de 7.000 par des tirs à balles réelles.

En plus de tirer sur des civils, les soldat-es qui gardent ce mur violent le droit international. Depuis 2014, le mur est déclaré illégal par la Cour Internationale de Justice, et des associations de défense des droits de l’Homme comme Amnesty International le considèrent comme un rouage essentiel du système d’Apartheid mis en place par Israël à l’encontre des palestiniens.

France 5 tente donc de faire passer des prisonnières de guerre, qui ont été prises lors de combats, pour des «victimes». Après tout, elles n’avaient «que» des armes de pointe avec viseur holographique pour se défendre face aux kalachnikovs rouillées du Hamas. C’est comme si la télévision présentait les soldats russes fait prisonniers en Ukraine comme les agressés.

Plus grave, ce documentaire de propagande est directement orienté et financé par des «organes d’influence» pro-israéliens explique Mediapart. Le réalisateur du film a été «épaulé par l’éditorialiste d’I24 News Michaël Darmon». I24 News est une chaine ouvertement génocidaire, aux ordres de Netanyahou. Le journaliste initialement nommé pour réaliser l’enquête a démissionné alors qu’il «souhaitait notamment évoquer l’argent liquide qatari» que le gouvernement a israélien fait entrer dans Gaza, pour le Hamas, et parler de la «tragédie humanitaire à Gaza». Deux pistes qui ont été jetées à la poubelle.

Finalement, le film donne «exclusivement la parole à des experts militaires israéliens, dont trois sur quatre sont des invités réguliers de la chaîne i24 News». Ce document est tellement mensonger et propagandiste que 8 des 15 salariés de la boite de production ont demandé à ce que leur nom soit retiré du générique.

Une partie du financement provient même de lobbys pro-Israël. Pour compléter le budget de France Télévision, des fondations «au profil curieux» ont mis la main à la poche : l’association cultuelle Judaïsme en mouvement et la Fondation France-Israël, qui ont donné près de 70.000 euros. Dans cette Fondation, on trouve littéralement des dirigeants de l’industrie militaire israélienne, mais aussi une «chargée de relations publiques pour le ministère israélien de l’innovation» et une «diplomate israélienne». Autant faire réaliser les reportages de la télé publique française directement par le cabinet de Netanyahou, ce sera plus rapide et moins coûteux.

Au mois de juillet, 5 grands médias ont été invités en Israël tous frais payé pour relayer à l’opinion française les éléments de langage des génocidaires. Le JDD, Le Figaro, La Croix, L’Express et Marianne ont envoyé des journalistes – on devrait plutôt les appeler «communicants» – du 20 au 24 juillet à Tel Aviv. Les frais de transport, d’hébergement et de restauration étaient pris en charge. Ils ont bénéficié d’un dîner de bienvenue avec le Ministère des affaires étrangères et de visites guidées directement avec l’armée coloniale.

Dans ce petit tour bien cadré, ces journalistes ont parcouru les «points sensibles» comme la frontière avec le Liban, la frontière syrienne et un poste de passage vers Gaza, avec à chaque fois des gradés de l’armée qui leur expliquaient à quel point leur pays ne faisait que se défendre contre de méchants ennemis. Les militaires ont bien évidemment répété que la famine à Gaza était due au refus des ONG d’amener l’aide humanitaire, et non aux restrictions israéliennes. La plupart de ces médias ont repris tels quels ces éléments pour leur lectorat.

Chez Marianne, cette opération a tout de même provoqué une crise interne et le vote d’une motion de défiance contre la nouvelle directrice, Ève Szeftel, sioniste et réactionnaire. Mais cela reste insuffisant : Israël a empêché toute entrée de journalistes internationaux à Gaza et a massacré plus de 230 journalistes palestiniens sur place. Pour ces seuls crimes, cet État devrait être mis au ban par les médias du monde entier, qui devraient refuser tout contact et relais de ses éléments de langage.

Autre agent d’influence, qui s’intègre jusqu’au cœur du pouvoir médiatique : le groupe Elnet, un lobby pro-israélien dont le travail est d’infiltrer les cercles de pouvoir français. Elnet signifie «European Leadership Network» et se définit comme «une organisation indépendante dédiée au renforcement des relations entre la France, l’Europe et Israël». En réalité il s’agit d’un groupe de pression contrôlé par Netanyahou. Son directeur exécutif, Arié Bensemhoun, a déclaré publiquement : «Tous les médecins, tous les journalistes, tous les humanitaires, tous les fonctionnaires des organisations internationales qui vivent à Gaza sont des agents du Hamas. Tous !»

Elnet affiche ses objectifs sur son site internet : «Constituer un réseau puissant» et «impacter l’opinion publique». Bref, manipuler la population française et contrôler la classe politique au service des intérêts de l’extrême droite israélienne. Ce groupe a organisé une soirée «contre l’islamisme» en mars dernier, où s’étaient rendus de nombreux dirigeants français, dont Bruno Retailleau.

Elnet crée des liens avec des élus locaux depuis des années, notamment avec la ville de Nice, dirigée par Chirstian Estrosi, fervent soutien d’Israël. Le maire avait d’ailleurs fait pavoiser pendant des mois des drapeaux israéliens sur sa mairie, alors qu’il avait lui-même interdit l’usage de drapeaux étrangers à la mairie pour les mariages. Une enquête de Médiapart a rappelé qu’Elnet avait envoyé une centaine de parlementaires français, tous frais payés, en Israël depuis 2017.

Quand vous voyez des élus poser pour les médias depuis les territoires colonisés, pour soutenir le génocide en cours, il y a probablement de l’argent d’Elnet en toile de fond. Quand vous lisez le JDD, Le Figaro ou que vous regardez France Télévision, c’est Netanyahou qui vous parle.

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