
Les célèbres prix Nobel, censés récompenser les «bienfaiteurs de l’humanité» ressemblent de plus en plus aux Légions d’Honneur : ces décorations sont attribuées aux crapules. En France, la Légion d’Honneur est distribuée aux grands industriels, aux soutiens du génocide à Gaza, aux copains du clan au pouvoir, aux anciens ministres… Cette médaille est devenue une marque de déshonneur.
De même, le grand prix Nobel qui récompense les progrès mondiaux, en particulier scientifiques, est une mascarade. On oublie souvent qu’Alfred Nobel, le scientifique qui lui a donné son nom, était l’inventeur de la dynamite et un industriel de l’armement. Mais en 2025, c’est le pompon : une militante d’extrême droite Vénézuélienne vient de recevoir le prix Nobel de la Paix, et un économiste français ultra-libéral celui de l’économie.
Le Nobel de la paix pour une néofasciste vénézuélienne, trumpiste et pro-Israël
María Corina Machado est une figure de proue de l’extrême droite au Venezuela. Dans ce pays qui a subi l’impérialisme des USA pendant des décennies, cette femme appartient à la grande bourgeoisie locale. Son père est un grand propriétaire, fondateur d’une compagnie électrique et d’entreprises sidérurgique, exploitant des milliers de travailleurs.
Corina Machado est un relais des États-Unis au Venezuela : son mouvement est financé par des mécènes étasuniens, elle a été reçue par George Bush quand il était au pouvoir et elle est proche de Donald Trump aujourd’hui. Elle a tenté de renverser le gouvernement d’Hugo Chavez en 2003 et soutient les sanctions économiques contre le Venezuela, qui maintiennent le pays dans une situation terrible. Cette militante réclame même une intervention militaire des USA contre le Venezuela pour prendre le pouvoir.
Le régime autoritaire «bolivarien» de Maduro est critiquable à bien des niveaux, mais Corina Machado incarne cette extrême droite latino-américaine qui n’a jamais hésité à faire couler le sang pour renverser les gouvernements de gauche : elle s’inscrit dans la filiation de figures comme Pinochet au Chili et des militaires qui ont dirigé l’Argentine. Des régimes autoritaires qui ont garanti les intérêts des grands patrons et des propriétaires terriens tout en massacrant l’opposition sociale. Corina Machado, si elle était au pouvoir, privatiserait l’ensemble des services publics vénézuéliens et céderait les ressources stratégiques aux grandes firmes étasuniennes.
Sur le plan international, c’est une soutien inconditionnel d’Israël. Elle a déjà demandé à son «ami» Benjamin Netanyahou d’intervenir pour l’aider à renverser Maduro, et déclarait : «Je promets qu’un jour, le Venezuela et Israël seront proches. Notre gouvernement déplacera son ambassade Jérusalem : ce sera notre façon de soutenir Israël». Drôle de manière d’œuvrer pour la paix.
Enfin, Machado est signataire d’une charte pour unir les extrême droite d’Europe et d’Amérique Latine. Cette «charte de Madrid» a été lancée par le parti fasciste espagnol VOX, allié du RN au Parlement européen, et vise à unir les franges les plus réactionnaires des deux côtés de l’Atlantique, comme Milei en Argentine et Marion Maréchal en France.
Pourtant, dans les médias, elle est présentée comme une «opposante» et une «démocrate». Raphaël Glusckmann a même félicité ce choix de prix Noble : «Bravo à Maria Corina Machado ! Et vive l’inlassable combat des démocrates vénézuéliens contre la dictature de Maduro !» Cet homme est décidément dangereux, puisqu’il voit des démocrates là où il y a des apprentis dictateurs à la botte des USA.
Machado a dédié sa récompense à Donald Trump, et le timing de ce Nobel n’est pas anodin. Trump menace le Venezuela d’une attaque militaire. C’est donc une manière d’accentuer la pression et de préparer le terrain à une agression impérialiste.
Un Nobel d’économie pour un néolibéral dont les recettes ont lamentablement échoué
Voilà ce que déclare Philippe Aghion ce 14 octobre sur France Inter à propos de la taxe Zucman : «Ça va être un repoussoir pour les nouveaux entrepreneurs». Rien de très original, c’est le discours des dogmatiques ultra-libéraux, qui pensent qu’une micro-taxe de 2% pour une infime minorité de milliardaires menacerait l’économie. Un gros mensonge : cette mesure n’est même pas au niveau de l’impôt sur la Fortune qui a été abrogé par Macron. Mais cela donne une idée du sérieux de l’énergumène qui vient d’obtenir la récompense.
Philippe Aghion a conseillé Macron sur sa politique économique, c’est lui qui a proposé de nombreuses régressions sociales, notamment la destruction du droit du travail, pour favoriser la croissance. Vous savez, ce fameux «ruissellement» qui n’est jamais venu. Selon les économistes libéraux, en faisant un maximum de cadeaux aux patrons et en les enrichissant, leur gentillesse et leur générosité ruissellerait magiquement sur les plus pauvres.
7 ans plus tard, l’échec est absolu : la France est le pays où les milliardaires se sont enrichis le plus vite et où les inégalités augmentent massivement. Il n’y a pas eu de ruissellement, par contre ces politiques économiques ont provoqué une dette colossale, qui nous a mis dans la situation que nous connaissons aujourd’hui. Et les Philippe Aghion, qui ont toujours réponse à tout, veulent encore accélérer les coupes dans les dépenses publiques pour «compenser» la catastrophe qu’ils ont provoqué. Une fuite en avant.
Philippe Aghion a aussi inspiré la plupart des réformes de l’Enseignement supérieur et de la recherche de ces 20 dernières années. C’est-à-dire la transformation des facs en copies d’entreprises qui doivent maintenir un «équilibre» financier, en recevant moins de moyens. 20 ans après la mise en œuvre de ces mesures, les facs françaises sont en lambeaux, des milliers de doctorant-es n’ont jamais eu de poste, la recherche française est à l’agonie.
Offrir un prix Nobel à un économiste aveuglément capitaliste, dont les idées ont conduit à un désastre, ont détruit des vies et ont enfoncé la France dans une crise généralisée est une sacrée provocation. Mais dans le règne du n’importe quoi généralisé et de l’inversion dans tous les domaines, on ne s’étonne plus de rien.
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