En Tunisie : soulèvement populaire contre l’industrie chimique

La ville de Gabès se situe sur la côte, à l’Est de la Tunisie, au cœur d’une région industrielle. Des usines y produisent des engrais à base de phosphate destinés à l’agriculture intensive. Ce complexe vieillissant pollue la mer, l’air, et empoisonne la population depuis des années. Il a d’ailleurs déjà été contesté par le passé.

En mars dernier, le gouvernement a décidé de quintupler la production d’engrais, provoquant une augmentation de la pollution : les plages sont noires, l’air est saturé de gaz toxique. Ces dernières semaines, des centaines de cas d’intoxications sont signalés, en particulier des problèmes respiratoires chez les enfants. Cette pollution a aussi altéré l’activité de pêche, freiné l’agriculture et compromis toute possibilité de développement touristique de la région.

Depuis plusieurs jours, la population se soulève. Affrontements avec la police, manifestations autour de l’usine, protestations devant le siège de l’industrie chimique. Les supporters ultras sont en première ligne, comme lors des Printemps arabes. Des dizaines de personnes ont été arrêtées par la police dans la nuit du 17 au 18 octobre. Le 21 octobre, une grève générale a paralysé toute la région. C’est la première vraie mise à l’épreuve du président autoritaire et raciste Kaïs Saïed depuis longtemps : ce dernier règne par une répression féroce depuis des années, et fait désormais face à un mouvement populaire massif, largement soutenu.

Par un incroyable exercice de démagogie, Kaïs Saïed a prononcé un discours mielleux à la télévision tunisienne, saluant «la population valeureuse de Gabès, qui fait face avec courage à ceux qui cherchent à instrumentaliser sa douleur» et dénonçant les «forces étrangères». Un récit complotiste qui vise à assimiler les révoltes à des opérations guidées par des puissances ennemies. Le président a même parlé du «lien indéfectible entre le peuple tunisien et ses forces de sécurité», qui répriment la population de Gabès.


Ces mots creux et les probables sanctions symboliques contre les industriels suffiront-ils à calmer la révolte qui gronde en Tunisie ?


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