L’extrême droite, c’est le système dans sa version radicalisée


Voter RN, c’est voter pour l’écrasement policier de toutes les revendications sociales


Jordan Bardella tout sourire devant un camion de police : il veut un État répressif et autoritaire qui existe déjà, l'extrême droite c'est le système radicalisé.

Macron est un fascisateur : il a déjà appliqué des pans entiers du programme du RN, noué des alliances avec l’extrême droite et tenté de mettre le parti au gouvernement lorsqu’il a dissout l’Assemblée Nationale, alors qu’il était au plus haut.

Le Front National puis le RN n’ont jamais rien eu de partis anti-système. Le RN est l’assurance-vie de l’oligarchie depuis des décennies, en servant d’épouvantail pour obtenir des victoires électorales faciles au nom du «barrage» et du «vote utile». Désormais aux portes du pouvoir, le RN assume être la continuité du système, mais dans sa version radicalisée : programme encore plus dur contre les pauvres, avec le soutien financier et médiatique des milliardaires, racisme exacerbé et mesures toujours plus autoritaires. Du pire dans tous les domaines, mais dans la continuité de ce qui est déjà en place.

Dimanche 2 novembre, Jordan Bardella était invité sur LCI, la chaîne de Martin Bouygues, ami personnel de Nicolas Sarkozy, et a déroulé un discours martial : «Je souhaite faire de la France le pays le plus répressif d’Europe à l’égard de la délinquance», il a évoqué un «choc d’autorité» et déclaré «je suis pro police, je suis pro forces de l’ordre, je suis pro-militaire».

Bardella a également martelé : «Nous supprimerons les remises automatiques de peines et mettrons en œuvre des peines planchers». Ces mesures seront-elles valables pour les condamnations de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy ? Bardella a également déclaré qu’il était pour le rétablissement du service militaire obligatoire. Quasiment comme le gouvernement Macron, qui multiplie les discours militaristes.

Mais revenons à cette idée de faire de la France le pays «le plus répressif d’Europe». Malheureusement, c’est déjà le cas. Examinons les faits point par point.

Cinquième République

Ce n’est pas suffisamment rappelé, mais nous vivons dans un régime d’exception depuis plus de 60 ans, un régime vertical, autoritaire, destiné à une situation de guerre. La Constitution de la Cinquième République est imaginée pendant la guerre d’Algérie, pour donner les pleins pouvoirs au Général de Gaulle afin de régler la «crise». Prévue pour être temporaire, cette République s’est figée, elle n’a jamais été remplacée, c’est une anomalie.

La constitution comprend des possibilités uniques en Europe : l’article 49.3 qui permet de se passer du vote de l’Assemblée, l’article 16 qui autorise une dictature présidentielle légale… Expliquez à un allemand, un anglais ou un espagnol que, chez nous, un président monarque gouverne depuis des années en étant minoritaire, en ignorant le résultat des élections et en utilisant systématiquement des mesures de passages en force pour décider seul, il tombera des nues.

Police militarisée

La police française est déjà la plus armée et violente d’Europe. Elle dispose d’un arsenal plus féroce que dans les pays voisins : des armes qui permettent de tirer des balles en caoutchouc potentiellement mortelles, qui ont causé des dizaines de mutilations et des décès, des grenades explosives classées comme «matériel de guerre», utilisées massivement et causant des dégâts humains terribles.

Les équipages de police disposent aussi de fusils d’assaut et d’armes de poing, un matériel qui semble dystopique en Angleterre où la police n’est pas armée. De plus, les règles des tirs ont été «assouplies» par les autorités, et le nombre de personnes tuées par balle par la police explose ces dernières années, en particulier pour «refus d’obtempérer».

En plus d’être la plus violente, la police française est probablement celle qui bénéficie du plus d’impunité. Et même quand ils commettent les pires horreurs, les agents sont soutenus par leurs syndicats et le Ministre de l’Intérieur, impensable par exemple en Angleterre où la hiérarchie fait au moins un peu semblant, et dénonce les actes policiers racistes quand ils sont attestés.

Procédures antiterroristes

L’état d’urgence antiterroriste instauré en 2015 a été immédiatement utilisé pour réprimer la population musulmane, avec des centaines de perquisitions destinées à semer la peur, et pour lancer des mesures répressives contre les militant·es écologistes et anticapitalistes. Dès les jours suivant les attentats, des militants et militantes étaient assignés à résidence ou interdits de manifester au nom de l’antiterrorisme.

Depuis, la plupart des mesures de l’état d’urgence sont entrées dans le droit commun. L’antiterrorisme est désormais un mode de gouvernement : les luttes pour la nature sont qualifiées «d’écoterroristes» et traitées comme telles, les procédures antiterroristes se comptent par dizaines contre de simples propos de soutien à la Palestine, les unités antiterroristes ont été envoyées dans les banlieues après la mort de Nahel. L’accusation de terrorisme pour écraser la contestation est une méthode classique des dictatures.

Interdiction de manifester

Manifester est un droit toujours plus menacé. La France était déjà le seul pays du monde à l’automne 2023 à interdire toute manifestation pour la Palestine sur la voie publique. Avant cela, un rapport de la Cour des comptes sur le maintien de l’ordre montrait l’explosion des interdictions de manifester à Paris. Elles étaient rarissimes voire inexistantes en 2017, quand Macron est arrivé au pouvoir. Il y a eu plus de 350 interdictions de manifestations à Paris pour l’année 2022, quasiment une par jour en moyenne.

On l’a vu récemment, les manifestations du mouvement « Bloquons tout » ont été interdites et réprimées absolument partout avec une férocité totale. Et le mouvement des Gilets jaunes garde le bilan de personnes mutilées le plus élevé d’Europe, de loin, dans le cadre d’un mouvement social. La France est sans doute l’un des seuls pays d’Europe où tout le monde a fini par considérer que manifester était dangereux, comme si c’était normal, et qu’il était irresponsable d’amener ses enfants dans les cortèges.

Pour se rendre compte du pourrissement français, on a pu constater qu’il était moins risqué de manifester dans l’Italie de Meloni, avec l’extrême droite au pouvoir, que dans la France de Macron.

Dissolutions massives

La dissolution d’une association ou d’un collectif est une procédure exceptionnelle, très liberticide, qui visait initialement les groupes fascistes armés dans les années 1930. Avec Macron, ces procédures se sont généralisées. Elles visent désormais les associations musulmanes, écologistes ou antifascistes. Entre l’élection de François Mitterrand en 1981 et celle de Macron en 2017, l’État n’a prononcé que 29 dissolutions. En 36 ans, cela fait moins d’une procédure par an en moyenne.

En avril 2023, Macron avait déjà engagé la dissolution de 34 associations et collectif en seulement 6 ans de pouvoir. C’était un record absolu sous la Cinquième République, qui s’est largement alourdi depuis. Il n’y a pas d’équivalent à cette procédure administrative et expéditive chez la plupart de nos voisins.

Conseil de défense

En période de crise et d’état d’urgence – antiterroriste comme sanitaire – ce ne sont plus les élus qui détiennent le pouvoir, mais un comité restreint politico-militaire, le «conseil de défense et de sécurité nationale». En 2015, François Hollande utilise ce conseil après les attentats : 10 réunions cette année-là, puis 32 en 2016, et 42 en 2017. Avec Macron, la décision est prise de réunir le conseil «une fois par semaine» pour «en faire un moment clef d’examen de l’évolution des dossiers et de la prise de décision».

Ce conseil gouverne de facto, sans avoir de comptes à rendre : toutes les réunions ont lieu sous «secret défense». Ce Conseil est composé essentiellement de militaires : un général, le chef d’État-Major des armées, le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, le directeur général de la sécurité extérieure, le directeur de la Sécurité intérieure, et quelques ministres. En parallèle des représentants élus, la France est donc dominée par une junte policière et militaire qui prend les grandes décisions. Un scandale rarement évoqué.

Prisons surpeuplées

Les prisons françaises, contrairement à ce que prétend Cnews, ne sont pas des «Club Med» mais sont au contraire reconnues pour leur dureté et leur insalubrité. De plus, la surpopulation carcérale atteint 135% dans le notre pays. La France figure parmi les plus mauvais élèves d’Europe, juste derrière la Slovénie et Chypre, selon une étude du Conseil de l’Europe.

Dictature des riches

Quel que soit l’angle choisi, on peut donc constater que la France est en réalité déjà le pays le plus répressif d’Europe, en tout cas d’Europe de l’ouest. Quoiqu’en dise Bardella.

La France n’est déjà plus une démocratie, mais elle n’a pas officiellement basculé dans une dictature assumée. On risque sa vie en manifestant, le plus grand parti de gauche, la France Insoumise, ne peut pas dire un mot sans subir un torrent de diffamations dans les médias, de menaces et d’appels à la dissolution, mais il y a encore une apparence de fonctionnement institutionnel classique. Tous les curseurs répressifs de la Cinquième République sont poussés à leur maximum, mais tout est considéré comme «normal» et «légal». Le RN propose juste d’aller un peu plus loin.

Enfin, ces mots de Bardella doivent rappeler à toutes les personnes qui ont manifesté ou soutenu les manifestations pour les retraites, pour les Gilets jaunes, et toute autre cause, c’est-à-dire l’immense majorité de la population, que voter RN, c’est donc voter contre ces luttes, contre ces mouvements, contre ces idées. Bardella le dit, il réprimera encore plus fort. Voter RN, c’est voter contre ses intérêts, et pour la dictature des riches.

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