Milipol : protestation devant le salon de la guerre contre les peuples


Entreprises génocidaires, parade de l’extrême droite française et manifestation au Salon


«Israël assassin, Milipol complice !» Le slogan résonne devant une rangée de banderoles aux couleurs vives sur le parvis du parc des expositions de Villepinte, au nord de Paris. L’endroit est sécurisé par des policiers armés, ce mercredi 19 novembre. Malgré le temps glacé et l’hostilité de l’endroit, une centaine de personnes, membres de la coalition Guerre à la guerre, de Stop Arming Israël et d’organisations pro-palestiniennes sont venues dénoncer ce salon de la honte. En particulier la présence d’une quarantaine d’entreprises israéliennes.

Milipol : ce nom illustre à lui seul la violence d’État dans toute sa largeur, de la répression à la guerre. C’est un mélange peu subtil entre le mot «militaire» ou «milicien» et «police». Il désigne le plus grand salon de «la sécurité» du monde. Toutes les entreprises qui vendent des produits pour gazer, mutiler, torturer ou faire peur ont rendez-vous dans la capitale, pour exposer leurs produits aux différents dirigeants de la planète qui ont envoyé leurs représentants.

L'extrême droite policière inaugure le salon Milipol, Laurent Nunez en tête.

Pendant qu’à l’extérieur, les manifestant·es contre les armes de répression sont repoussé·es par les forces de l’ordre, à l’intérieur du salon toute l’extrême droite parade au milieu des stands et des uniformes. Ce 19 novembre, Eric Ciotti, Jordan Bardella, Marion Maréchal mais aussi le syndicat UNSA Police ont fait le déplacement pour rencontrer les marchands de grenades, de drones et de matraques, et les policiers qui les utilisent. La veille, c’est le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez qui coupait en riant le ruban d’inauguration du salon et tweetait : «C’est avec beaucoup d’honneur, et aussi beaucoup d’attentes, que j ai inauguré la 24e édition du salon Milipol Paris». Dans un monde où les valeurs sont inversées, les fascistes et les autocrates parlent «d’honneur» quand ils vendent des armes servant à violenter le peuple, et les personnes qui s’indignent de telles pratiques qui sont réduites au silence.

L’existence de Milipol est un scandale en soi, qui devrait mobiliser l’ensemble des forces de gauche pour exiger son annulation. Mais la présence de 39 firmes israéliennes rajoute un niveau de plus à l’abjection. En effet, un «village» israélien est présent chez Milipol. Le nom de l’État sioniste apparaît en couleurs flashy, surmontant des exemplaires de fusils et de lance-grenades disposés sur de nombreux stands. Israël se vante de son savoir-faire exceptionnel en matière de répression armée et propose ainsi à ses clients des armes qui ont déjà «fait leurs preuves» contre le peuple palestinien.

Parmi les entreprises représentées, on trouve la firme Elbit, premier vendeur d’armes israélien, qui fabrique notamment des drones de combat et de surveillance. Toka, qui propose des logiciels pour surveiller, pirater et infiltrer les appareils connectés, et travaille avec le renseignement israélien. Sightec qui élabore des systèmes d’Intelligence Artificielle pour les drones armés. Paxis LTD qui produit des blindages et des protections pour les policiers et les soldats ou encore Emtan qui vend des pistolets-mitrailleurs et fusils d’assaut, et qui a même offert des armes à l’armée israélienne pour soutenir le génocide à Gaza. Initialement, 8 entreprises israéliennes particulièrement impliquées dans les crimes contre l’humanité visant les palestiniens avaient été désinvitées de Milipol cette année. Mais finalement, suite à la pression du lobby pro-israélien et des États-Unis, Macron a validé leur présence à Villepinte, déroulant ainsi le tapis rouge à des criminels de guerre aux portes de Paris.

Malheureusement, ces firmes israéliennes ne sont que la partie émergée d’un iceberg de violence industrielle. 1200 exposants sont présents à Milipol, et ont souvent autant de sang sur les mains que leurs homologues israéliens. Cette année, l’entreprise française Netforce a présenté de nouveaux «gants à impulsion électrique» qui permettent aux agents qui les portent de torturer facilement rien qu’en saisissant le corps d’une personne. Le chercheur Mathieu Rigouste a filmé des images terrifiantes du représentant de l’entreprise qui fait une démonstration publique de son produit avec un sourire malsain. Ces gants qui électrocutent leurs victimes seraient déjà en test dans la gendarmerie française et en dotation dans les unités pénitentiaires marocaines.

On trouve aussi, dans les couloirs de Milipol, 9 entreprises d’armement des Émirats Arabes Unis, qui équipent actuellement les massacres commis au Soudan. Par exemple la firme International Armoured Group qui produit des véhicules blindés à la fois utilisés au Soudan mais aussi par la police brésilienne, ultra-violente, qui vient de commettre un massacre dans une favela de Rio de Janeiro. Des entreprises françaises comme KNDS et Lacroix ont aussi fourni des grenades, des fumigènes ou des roquettes qui ont été retrouvés au Soudan, utilisés par des milices qui commettent des crimes contre l’humanité.

Du côté de l’industrie française des armes, on trouve évidemment Airbus, qui fabrique des missiles, des hélicoptères de combat et des engins volants pour surveiller ou tuer, Nobel Sécurité, qui produit des grenades lacrymogènes utilisées à la fois contre les manifestations en France mais aussi dans de nombreux pays, notamment africains, ou SAPL, dont les munitions ont par exemple été utilisées contre les contestations au Togo.

C’est un véritable salon de la guerre contre les peuples qui a lieu tous les deux ans aux portes de paris, au milieu de l’agglomération la plus peuplée de France. L’existence de ce salon est une honte mondiale, et l’absence d’une mobilisation massive pour l’empêcher l’est au moins autant. Pour une fois, nous, habitant en France, avons une prise réelle et concrète sur ceux qui produisent et mènent la répression et la guerre. Ils sont là, sous nos yeux, aux portes de Paris. Manifester contre un tel salon est infiniment plus efficace et pertinent que les éternels défilés inutiles entre Bastille et Nation, qui ne servent qu’à démontrer notre impuissance collective.


Ce 19 novembre 2025, une centaine de personnes courageuses ont montré la voie. Dans deux ans, combien serons-nous contre Milipol ?


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