Incroyable mais vrai : un homme ayant la double nationalité franco-algérienne s’est retrouvé visé par une OQTF – obligation de quitter le territoire français – et a fini au tribunal, accusé à tort par la police, après avoir été victime d’une agression raciste.

Beaucoup de gens continuent de se faire peur en répétant qu’ils craignent l’arrivée du RN au pouvoir, comme un horizon lointain et hypothétique. Mais des politiques racistes sont déjà appliquées, et détruisent déjà des vies de façon arbitraire.
La scène s’est déroulée ce mardi 25 novembre au tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Elsa Marcel, avocate et militante chez Révolution permanente, explique dans une vidéo cette audience lunaire. Elle y défendait un homme qui a la double nationalité française et algérienne. Ce dernier a été victime d’une agression raciste par son voisin, qui lui a asséné des coups de canette de bière au visage, dans la cage d’escalier de leur immeuble. Les deux hommes ont alors chuté dans l’escalier, et le client de maître Marcel a fini par prendre la fuite.
La suite relève d’une inversion du réel. C’est l’agresseur qui appelle alors la police. Les agents se déplacent au domicile de la personne qui vient de subir l’agression. Ils fracassent sa porte et saccagent son appartement, lui jetant les sous-vêtements de sa mère au visage et balançant ses habits dans les toilettes, cassant les tringles à rideau. La police l’emmène lui, la victime, en garde à vue. Et c’est lui qui est déféré, pas le voisin raciste !
Lors de l’interrogatoire, les policiers posent des questions plus qu’orientées : «Est-ce que oui ou non vous êtes contre la France ? Est-ce que vous pensez que tous les Français sont des enculés ?» En effet, pour se défendre, le voisin raciste a menti, en accusant sa victime de propos « anti-blancs ». L’homme frappé se voit également délivrer une OQTF, alors même que, rappelons-le, il possède la nationalité française. Les policier ont du considérer sans même vérifier qu’un arabe ne pouvait pas avoir de papiers français. Et ils ont mécaniquement pris le parti de l’homme qui l’avait violenté.
Précisons que ce voisin raciste a des problèmes avec d’autres personnes vivant dans le même immeuble et multiplie les procédures pour les harceler. Mais la police n’a interrogé aucun témoin, n’a pas cherché à obtenir les différentes versions des faits et n’a pas enquêté sur cet homme.
Au tribunal, l’agresseur prétend donc que sa victime aurait proféré des insultes, disant que «tous les Français sont des enculés». Il déroule un discours raciste, affirme que l’homme serait venu «casser du blanc». L’avocate explique qu’il s’agit «de la conséquence concrète du climat réactionnaire et xénophobe qui est diffusé massivement».
La victime franco-algérienne a finalement été relaxée par le tribunal mais le traumatisme, lui, reste entier. Et derrière cette affaire, toute une institution répressive montre qu’elle est déjà prête pour le pire : des policiers qui ont maltraité la victime parce que non-blanche, jusqu’au procureur qui a validé la garde à vue et demandé un procès.
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