300 combattants soutenus par la population mettent en déroute 2500 militaires : la victoire de la guérilla cubaine

En 1953, Fidel Castro n’est pas encore le leader communiste que tout le monde connaît, mais un avocat issu d’une bonne famille, défenseur des pauvres et révolté contre le régime militaire qui vient d’être mis en place à Cuba, avec l’appui des USA. Le 26 juillet, il organise avec ses camarades un soulèvement armé contre la dictature de Fulgencio Batista.
Mis en échec, il est condamné à 15 ans de prison puis amnistié et contraint de fuir au Mexique, où il y rencontre un certain Ernesto Guevara. Ce dernier est un jeune médecin argentin, avec qui il reviendra à Cuba mener la guérilla qui mènera à la victoire de la révolution. 6 ans plus tard, c’est notamment la bataille de Santa Clara du 28 décembre 1958 qui sonne le glas de la dictature de Batista et de la domination de l’impérialisme étasunien sur l’île. Histoire.
De la domination espagnole à la domination américaine
En 1898, Cuba arrache son indépendance après trois ans de guerre contre l’Espagne. En échange de leur soutien aux indépendantistes, les États-Unis en profitent pour asseoir leur domination sur l’île en imposant un protectorat militaire dès 1901. Le 20 mai 1902, la République Cubaine voit officiellement le jour, mais son indépendance n’est qu’une façade : l’amendement Platt force l’île à conserver deux bases militaires étasuniennes, donne aux USA le droit d’intervenir à tout moment et interdit à Cuba de signer tout traité qui affecterait son indépendance.
De fait, les États-Unis gardent le contrôle de l’île, et interviennent de nouveau en 1906 puis en 1912 suite au soulèvement de milliers de rebelles noirs menés par Evaristo Estenoz, ainsi qu’en 1916 pour sauvegarder leurs intérêts sur l’île. En effet, les capitalistes étasuniens détiennent une grande partie de l’économie : mines, chemins de fer, plantations de tabac… Le président Woodrow Wilson écrira dans son courrier de 1920 au Président Mario García Menocal qu’il ne «ne considère pas nécessaire d’obtenir l’autorisation préalable du Président de Cuba pour envoyer un représentant spécial».
En 1933, une première révolution met fin à la dictature de Gerardo Machado, un valet de l’impérialisme. Mais les États-Unis envoient de nouveau l’armée afin de reprendre le contrôle. Le gouvernement populaire des cent jours de Ramón Grau San Martín et Antonio Guiteras est renversé par un certain Fulgencio Batista. Ce militaire reste au pouvoir de 1940 à 1944, puis part vivre en Floride avant de revenir organiser un nouveau coup d’État militaire le 10 mars 1952, toujours avec le soutien des États-Unis.
1953, le premier soulèvement et l’exil
C’est dans ce contexte que Fidel Castro, avocat de centre-gauche, tente un premier soulèvement pour renverser le dictateur vassal des USA. C’est l’attaque de la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba, qui donnera son nom au mouvement : le M26, pour Movimiento 26 Julio. Cette opération, mal préparée et probablement éventée, est un échec, et la plupart des révolutionnaires sont exécutés alors que les survivants sont lourdement condamnés. Abel Santamaría, second de Castro, est même torturé, on lui brûle les bras et arrache un œil. Après son amnistie deux ans plus tard, Fidel Castro part au Mexique avec les révolutionnaires rescapés.
La guérilla
En 1956, les révolutionnaires exilés reviennent à Cuba à bord du navire Granma. Le débarquement est raté à cause de mauvaises conditions météorologiques, mais les survivants organisent la guérilla dans le massif montagneux de la Sierra Maestra, dans des conditions très dures : elle durera plus de deux ans.
«En démontrant de façon tangible que, par la guérilla, un peuple pouvait se libérer d’un gouvernement qui le tyrannise, elle a renversé les vieux dogmes du comportement des masses populaires en Amérique latine» écrira le Che dans La guerre de guérilla en 1961. Selon lui, cette stratégie devait être appliquée partout. La guérilla devient un véritable outil de lutte contre les régimes autoritaires. Selon le Che, il s’agit de développer des foyers d’insurrection en milieu rural, afin de diffuser les idées révolutionnaires et de mener à la victoire.
Après deux années de guérilla et de clandestinité, et malgré une dernière offensive d’envergure de l’armée régulière, le régime est prêt à tomber. Trois colonnes de guérilleros sont envoyées à la conquête finale du pays. La colonne Guevara part de la ville côtière de Caibarién. Portée par les paysans en liesse, la colonne prend la ville en une seule journée. Ils arrivent à Santa Clara, où la garnison est forte de 2500 hommes et 10 chars. En face, la colonne Guevara ne compte que 300 guérilleros épuisés. En outre, un train de 400 soldats est en route, envoyés depuis La Havane. Mais les guérilleros ont le soutien de la population locale, qui n’hésite pas à fabriquer des cocktails Molotov et élever des barricades pour freiner les soldats de l’armée régulière.
Les guérilleros parviennent, grâce à une action de sabotage, à faire dérailler le train de renforts, leur permettant de mettre la main sur des bazookas et mitrailleuses, des canons et des cartouches. C’est le coup de grâce : la bataille de Santa Clara signe la victoire de la révolution cubaine.
Le 31 décembre 1958, le dictateur Batista prend la fuite. La garnison capitule sans conditions, après la promesse du Che que les soldats ne seront que désarmés et renvoyés chez eux. Dans tout Cuba, c’est la liesse, des drapeaux cubains fleurissent aux fenêtres. Un régime militaire tombe, un autre s’installe. Le gouvernement de Fidel Castro sera un contrepoids à l’hégémonie étasunienne, mais aussi un régime autocratique et critiquable sur bien des aspects. Par exemple il interdit immédiatement les mouvements libertaires, envoie les personnes homosexuelles dans des camps de rééducation et reste aujourd’hui figé dans le temps, régnant sans partage depuis plus de 60 ans.
Après sa victoire à Cuba le Che, lui, continuera à lutter contre l’impérialisme en exportant la guérilla au Congo et en Bolivie, où il finira assassiné par la CIA et l’armée bolivienne.
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