Leda Rafanelli, la gitane anarchiste

Leda Rafanelli, surnommée la gitane anarchiste, pose en photo.

Leda Rafanelli, surnommée la «gitane anarchiste», participa grandement à la diffusion des idées libertaires et révolutionnaires dans l’Italie du XXème siècle. Elle œuvra en ce sens aussi bien à travers ses écrits et son militantisme que par son travail d’éditrice. Elle fut à la fois écrivaine, féministe, partisane de l’amour libre, anticolonialiste, antimilitariste, musulmane, cartomancienne et chiromancienne ! Une personnalité complexe, pleine de paradoxes et amoureuse de la vie.

Il y a exactement 145 ans, le 4 juillet 1880, naît Leda Rafanelli à Pistoia dans la région italienne de la Toscane. Elle grandit dans une famille pauvre et commence à travailler à l’âge de 14 ans en tant qu’apprentie dans une imprimerie. C’est à travers cette expérience qu’elle rencontre les idées socialistes et anarchistes qui ne la quitteront jamais.

Autour de 1901, elle séjourne à Alexandrie, en Égypte, où elle fait la rencontre de son futur mari, mais aussi de sa foi musulmane. Ce voyage éveille en elle un amour intense de la culture arabo-musulmane, elle décide d’apprendre l’arabe, de se convertir au soufisme – un courant ésotérique et mystique de l’islam – elle adopte un style vestimentaire oriental et renie la culture occidentale et sa modernité.

En 1902 elle épouse Luigi Polli, un libraire et militant anarchiste avec qui elle fonde la maison d’édition anti-militariste, anti-cléricale, et féministe «Rafanelli Polli». Ils publieront entre autre le périodique anarchiste «La blouse» ainsi que le premier roman de Leda, «Sogno d’amore». Le couple se sépare mais reste en bon terme jusqu’au décès de Luigi en 1922.

En 1908 Leda rencontre Giuseppe Monanni, avec qui elle s’installe à Milan. Ensemble, ils fondent la maison d’édition Casa editrice sociale qui deviendra une des plus importante maison d’édition anarchiste italienne. La Casa editrice sociale a traduit et publié des auteurs et autrices classiques de l’anarchisme comme Malatesta, Louise Michel, Kropotkine, Élisée Reclus et bien d’autres. Leda continue de publier régulièrement dans différentes revues anarchistes, elle s’oppose bruyamment à la première guerre mondiale et maintient ses positions anti-militaristes malgré le contexte va-t’en guerre de l’époque.

Elle resta fidèle à ses opinions toute sa vie, à la différence de son amant Benito Mussolini, qu’elle rencontra quand il était encore socialiste, mais qui deviendra quelques années plus tard le dictateur fasciste que l’on connaît. Leur relation prit fin en 1914 quand Mussolini se montra favorable à l’entrée en guerre de l’Italie.

Dans les années 1940, Mussolini sera à l’origine de la fermeture de la maison d’édition Casa editrice sociale et de la censure de plusieurs revues anarchistes dans lesquelles Leda écrivait. Au sortir de la seconde guerre mondiale, alors que l’Italie s’enfermait dans le fascisme, Monanni eut la brillante idée de publier la correspondance de son épouse Leda avec Mussolini, ce qui protégea les époux de la répression contre le mouvement anarchiste.

Vers la cinquantaine, Leda arrête progressivement son militantisme pour se consacrer à sa foi, à la calligraphie et à la chiromancie. Elle passa le reste de sa vie à tirer les cartes et à lire les lignes des mains qu’on lui tendait dans son petit appartement à la décoration chargée et à l’odeur d’encens. Elle décède en 1971 à l’âge de 91 ans. Elle demanda à sa petite fille de poster des lettres préparées à l’avance à ses anciens et anciennes camarades de lutte avec comme inscription : «Leda vous salue. Je lègue 1.000 lires à la presse anarchiste. Allah choisira la date».


Pour aller plus loin : La très bonne BD «Leda Rafanelli : La Gitane anarchiste» par Satta, Santis et Colaone aux éditions Steinkis.

Source : Slate

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