6 jours de révolte en images
Au Maroc, des protestation ont éclaté à la mi-septembre après la mort de femmes lors d’accouchements à l’hôpital public d’Agadir. Pendant que le royaume dépense des milliards pour des nouveaux stades, le système de santé et d’éducation est dans un état catastrophique.
Depuis 6 jours, la situation devient insurrectionnelle. Dans de nombreuses villes, des foules immenses manifestent à l’appel d’un collectif nommé «Gen Z 212», des banques et des commissariats sont attaqués, la police est repoussée. La répression très forte dès les premiers rassemblements, avec l’arrestation de centaines de jeunes, n’a pas vaincu le mouvement. Au contraire. La police a même tiré à balles réelles, tuant trois manifestants, et a foncé en camion dans la foule, broyant les jambes d’un jeune homme. Cette extrême brutalité de la police du Roi n’a fait que renforcer la révolte.
Ce qui se passe est inédit depuis des décennies. La monarchie marocaine pensait avoir verrouillé le pays. Le Maroc s’était tenu à l’écart des printemps arabes, il avait noué un partenariat avec Israël et les USA, il se vendait comme un régime «stable» fournissant du tourisme aux occidentaux.
Mais cela masquait mal la réalité du Maroc. Derrière cette vitrine lisse, des campagnes déshéritées, des foyers d’extrême pauvreté en périphérie des villes, une corruption généralisée, des peines de prisons exorbitantes contre les intellectuels et les opposants. Mais aussi un culte de la personnalité autour du Roi, qui vit dans un luxe obscène, et qui dirige un narco-État profitant du trafic de stupéfiants. Le raz-le-bol couvait en fait depuis des années.
Le 3 octobre, le mouvement a fait parvenir une liste de revendications à Mohammed VI, réclamant entre autres la dissolution du gouvernement. Mais les symboles royaux, intouchables jusqu’ici, sont également visé. La Bank Al Maghrib a été incendiée à Agadir, de même qu’un supermarché Marjane, une entreprise contrôlé par le holding royal (SNI) : la famille du monarque a mis l’économie en coupe réglée.
Maintenu sous un couvercle répressif depuis Hassan II, le Maroc va-t-il connaître son automne révolutionnaire ? Retour en image sur ces 6 journées insurrectionnelles.
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