Nos dirigeants nous précipitent vers la guerre


Ces deux militaires ont un style très différent. Il y a la brute au visage fermé, avec l’air d’un parachutiste colonial, et la petite frappe qui parle avec un sourire en coin pour annoncer des choses absolument terrifiantes. Les deux sont des généraux, ils se nomment Pierre Schill et Fabien Mandon, et sont à la tête de l’armée française, l’une des plus puissantes du monde.


Deux généraux, Pierre Schill et Fabien Mandon, sont à la tête de l'une des plus puissantes armées du monde et nous précipitent vers la guerre

Il n’y a désormais plus un jour en France sans une annonce guerrière, sans un conditionnement des esprits au pire. La population somnole depuis des mois dans un bain militariste, avec des types en uniforme et des politiciens qui leur annoncent tranquillement les préparatifs d’une troisième guerre mondiale et une mise au pas de la population derrière des uniformes.

«Rétablir le service militaire» et être prêts «dès ce soir» à faire la guerre

Prenons le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, qui n’est pas «chill» du tout. Il était invité sur LCI le 18 octobre. Il déclarait «Je n’exclus pas le retour du service militaire». La journaliste, étonnée, lui demande si «on a l’argent» pour cela, car en effet, un service obligatoire demanderait des investissements colossaux et des infrastructures énormes. Le militaire répond : «Nous sommes à un mouvement de bascule».

Pour lui, le service serait «une solution pour avoir dans nos rangs la masse qui sera nécessaire lors d’un événement majeur». La question n’est donc plus de savoir s’il y aura une guerre, mais quand elle surviendra. Il poursuit que le «lien entre la Nation et son armée était un élément constitutif des guerres modernes», et qu’il faut donc recruter un maximum de réservistes pour constituer une armée «hybride».

Lors de son discours du 13 juillet dernier Macron parlait déjà, à propos de la jeunesse, «d’acceptation du sacrifice, jusqu’au sacrifice ultime», un mot qu’il avait déjà employé par le passé, comme s’il rêvait de sacrifier la jeunesse plutôt que de lui offrir un avenir désirable.

À la fin de l’été, Pierre Schill annonçait un nouveau «service militaire volontaire», et ne passait pas par quatre chemins : «J’ai besoin d’une masse importante, notamment compte tenu des risques de conflits plus importants». Une sorte d’armée de réserve de jeunes endoctrinés qu’on peut envoyer au front en cas de besoin, mais qui coûte moins cher que des soldats entretenus en permanence dans les casernes.

Ce 22 octobre, ce chef d’état-major de l’Armée de terre appelle les forces armées à se «tenir prêtes à un choc» avec la Russie, et à faire face aux «menaces (qui) s’accroissent, deviennent plus urgentes, plus radicales». Pour bien installer un climat d’anxiété, il explique : «Tout peut basculer», et «très vite, dès ce matin». Il assénait enfin : «Pour être libres, il faut être craints. Et pour être craints, il faut être forts». Une vision de la géopolitique et de la diplomatie qui rappelle la veille de la Première guerre mondiale… Le 25 septembre, le même Pierre Schill disait déjà qu’il fallait «être prêt dès ce soir» à faire la guerre.

«Se préparer à un choc dans les trois ou quatre ans»

Le deuxième, Fabien Mandon, est Chef d’état-major des Armées. C’est à dire qu’il est encore au-dessus du premier cité, car il dirige l’ensemble des corps de l’armée française. Invité à l’Assemblée Nationale lors d’une commission de Défense, il expliquait tranquillement, avec un petit rictus, que l’armée française devait être «prête à un choc dans trois, quatre ans» et ajoutait que «la Russie ne peut pas nous faire peur si l’on a envie de se défendre». Le boss de l’armée estime que «la France a un rôle de ‘leadership’ à jouer pour entraîner les autres pays européens». Notre pays, pointe avancée du militarisme sur le continent.

Fabien Mandon vient de l’armée de l’air, il a été aviateur chargé de larguer des bombes dans le cadre de guerres impérialistes de la France. Il expliquait dans une interview au Point : «En Afghanistan, j’ai tué. Et je sais qui j’ai tué. Des talibans. J’ai une âme de combattant». De 2012 à 2014, il commande une base nucléaire, avant d’être propulsé «chef d’état-major particulier» de Macron, qu’il côtoie depuis très fréquemment. À ce poste, il conseillait Macron sur la politique militaire à mener et était «chargé de mettre en œuvre le choix du président d’appuyer sur le bouton nucléaire».

Dans l’interview donnée au Point, il expliquait qu’il n’avait pas l’intention de démissionner si le Rassemblement National venait à remporter l’élection présidentielle : «Je suis un militaire au service d’un président élu démocratiquement par les Français. Je n’ai pas de critère politique». Pas vraiment étonnant.

Économie de guerre

Le budget pour 2026 prévoit une augmentation de 13% des dépenses militaires, soit une hausse de 7 milliards d’euros. C’est le seul secteur qui bénéficie de tels moyens supplémentaires. Nous sommes en économie de guerre, et les plans d’austérité sont menés pour financer le «réarmement» et l’industrie militaire.

Le Point toujours, organe de propagande du militarisme, explique que «2026 sera l’année d’une réelle remontée en puissance, avec plus de munitions pour plus d’entraînements, et les premières livraisons de drones en nombre». L’armée devrait compter 47.000 réservistes d’ici à la fin de l’année, avec l’objectif de 105.000 d’ici à 2035.

Et pendant ce temps là, la gauche regarde ailleurs, les syndicats aussi. Il n’y a plus aucune force politique pour dénoncer la guerre dans ce pays qui est décidément en état de fascisation avancée. Réveillons-nous, les dirigeants et leurs officiers nous préparent au pire !

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